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Stéphane Fradet-Mounier envoyé par le-musee-prive. - Futurs lauréats du Sundance. Une description en images de l'oeuvre et du travail de Stéphane Fradet-Mounier, qui nous présente aussi un dossier spécial paru dans le magazine d'art "Update", et quelques images prises lors d'une récente exposition à la galerie BOGO de Budon, en Corée du Sud. A description of Stephane Fradet-Mounier's works, some extratcs from a special article about Stephane published in art magazine "Update", and some videos from one of his recents exhibitions in BOGO Gallery, Budon, South Korea. Montage : André-Charles Idier / Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. |
PRESENTATION DES OEUVRES |
Stéphane Fradet-Mounier SFM sculpture N°1 métal 50 x 50 cm |
Stéphane Fradet-Mounier SFM sculpture N°2 métal 50 x 50 cm |
Stéphane Fradet-Mounier SFM sculpture métal 49 x 50 cm |
Stéphane Fradet-Mounier SFM sculpture métal 48,5 x 48,5 cm |
Stéphane Fradet-Mounier Faille volcanique Collection Privée E.R et X. L |
Stéphane Fradet-Mounier Les Félins Collection Le Musée Privé |
Stéphane Fradet-Mounier Echelles porte bonheur créées le 8 août 2008 à l'occasion des jeux olympiques de Pékin composée de 8 échelles de 8 marches Collection Le Musée Privé |
Stéphane Fradet-Mounier Equilibre Collection Le Musée Privé |
Stéphane Fradet-Mounier Puzzle Collection Le Musée Privé |
Du cérébral au sensuel… Ou comment réunir symbolique et actualité… La symbolique dans le mouvement, l'humour, le décalage… Maîtrise technique, caléidoscope d'idées. Son art se joue de nous pour mieux nous confondre, c'est le jeu du "je". Paradoxe et unité, il aborde avec égale légèreté les sujets les plus brûlants, l'actualité et la pensée symbolique éternelle… Textes des anciens, références aux classiques, un saut dans l'actualité, et hop, il nous emporte dans un maelström étonnant. Stéphane est un ménestrel des temps modernes, il nous amuse, nous détourne, et passe ses messages, à notre mesure, sans les imposer… Il fait de nous des acteurs, et nous amène à penser, chercher, au-delà de l'esthétique, de l'illusion… Toujours en mouvement, serait il inclassable ? Pourtant son travail, lui, ne manque pas de classe. Sensualité, qualité de la matière qu'il soumet, détourne, polit, malmène pour en extraire la force. Du métal rouillé dégageant une présence vivante, la rouille comme expression de l'usure du temps, au verre, filtre ou focale, aux objets détournés, entre leur réalité et leur symbolique, tout peut se mêler à l'envi. Même dans la recherche du déséquilibre de certaines de ses pièces, se dégage une force étrange, elles semblent parfois habitées, de rêve, de jeu, et de mystère, où chacun peut se lire… Le déséquilibre devient l'expression même du mouvement. La pirouette nécessaire au décalage de la pensée, à la remise en question indispensable. Car il ne s'arrête jamais, et nous fait courir, dans un désir de découvrir davantage encore de son drôle d'univers, adulte et ado, sérieux et drôle, métaphysique et prosaïque… Sensuel même dans un sujet cérébral, c'est un peu la quadrature du cercle en passe d'être maîtrisée… Présent dans tous les coins du monde où il se passe quelque chose, là encore il nous étonne par son ubiquité, et sa polyvalence, en mouvement, et en souplesse, il occupe le terrain de l'art contemporain avec plaisir et recul… pour notre grand plaisir… SFM, a suivre… Edith Lassiat / exporevue.com |
EXPOSITIONS |
2011 Vente Cornette de Saint Cyr Vente aux enchères du Lundi 28 mars 2011 |
Stéphane Fradet-Mounier (né en 1961) Cube, 2010 Métal soudé Signé et daté sous la base 40 x 40 x 40 cm |
2010 Galerie la Rotonde Paris 18
Montaz Paris 16
JOAOGallery Paris 07 village suisse
Bogo Gallery Pusan Corée du Sud
Recycl'art, Esteponia/Marbella, Madrid
Montmartre Gallery Pusan Corée du sud
En permanence Galerie LE MUSEE PRIVE Paris
2009 JN'ART Paris village suisse
La Rotonde Paris 18
En permanence Galerie LE MUSEE PRIVE Paris
2008 Sparts 41 rue de Seine Paris 6ème
En permanence Galerie LE MUSEE PRIVE Paris
2007/2008 Trans'art express Batignoles Paris 17
Exposition Musée de bucarest Roumanie
En permanence Galerie LE MUSEE PRIVE
2006 Galerie Carincotte - 180. Rue Paradis - Marseille -
Sky - Musée Art et Histoire - Saint Denis
2005 Salon Art Miami
2004 Sens des Signes & A.I.A.P - Monaco
Musée Pusan - Corée
Salon Linéart - Belgique
Salon St'Art - Strasbourg
Libr'Art - Belgique
2003 Shocking - Monaco
Galerie La Rotonde - Paris
Galerie Figure - Rue de Seine - Paris
2002 Avril/ La Petite Galerie - Rue de Seine - 75006 Paris
Salon du 4 - Espace des Blancs-Manteaux - 75004 Paris
Juillet/septembre Galerie Dorval - Paris 11ème
Salon Art Paris
Linéart Gent Belgique Galerie La Louve/décembre
En permanence: Galerie Carré d'art/Callian Haut Var
Galerie Le Musée Privée 139, rue Cardinet 75017 Paris
Septembre: Libr'Art Foire internationale Belgique
UPDATE ART MAGAZINE : 7 pages sur Fradet Mounier dans ce magazine distribué dans le monde dans les palaces en compagnie notamment de : Corneille, Erro, Peter Stampfli, Gianni Bertini, Le Cloarec |
2001 Janvier: La Petite Galerie - Rue de Seine - 75006 Paris
Mars/mai: Les Enfants des Bonfils - Ventabren Art Contemporain
Juin: Galerie E. du Maroussem - La Prévôté - Aix-en-Provence
Juillet: Salon du 4 - Espace des Blancs-Manteaux - 75004 Paris
Juillet/Septembre: Sculpture monumentale - Notron (24)
Septembre/octobre: Galerie Art'7 - Promenade des Anglais - Nice
Novembre: Salon d'Automne – Paris (Exposition personnelle)
2000 Poulain le Fur - Palais des Congrès - Paris
Salon Art Jonction - Nice
Juillet: Réalisation d'un mur de 250 m² en corten rouillé pour l'Hôtel des Ventes
"Poulain Lefur" palais des congrès Paris.
Salon du 4 - Espace des Blancs-Manteaux - 75004 Paris
Septembre: Foire Internationale d'Art Contemporain "Art Jonction" - Nice
Biennale de la Sculpture Animalière - Rambouillet
Octobre: Etat de Siège - Arcades Daumesnil - 75012 Paris
Décembre/Janvier: "Peintres et sculpteurs en partage Paris Israël" 75004 Paris
sous le patronage de Monsieur Le Président de La République Jacques CHIRAC
1999 Salon du 4 - Espace des Blancs-Manteaux - 75004 Paris
Reportage TV pour la chaîne "Equidia"
Exposition Internationale sur le thème du Cheval - Saumur
1998 Prix du Nouveau Talent & du Public Biennale de la Sculpture Animalière de Rambouillet
Salon National d'Art - Rambouillet
Salon des Maires de France
Salon "Maison et Objet" pour la Société L2M
1997 Salon (des Maires de France
Bâtimat Clin d'œil aux métiers du bâtiment 25 fourmis pour chaque métier du batiment
Art Factory - "Les Mobiles" - Paris (Montmartre)
1991/1996 Expositions de Groupe - Paris / Ibiza / Saint-Tropez
1995/2001 Artiste Permanent - Galerie Saint Gilles Paris Expositions avec catalogues
En Permanence Galerie Le Musée Privé - Rue Cardinet - 75017 Paris
Galeries qui représentent ses oeuvres en permanance :
Galerie Le Musée Privée/139, rue Cardinet 75017 Paris
Galerie Amana 10, rue Fauchier 13100 Aix en provence/juillet Août
New York Art Show Galerie Galerie La Louve (Bruxelles)/mars
Galerie Figure 53 rue de Seine Paris 6 ème/mars avril
Galerie La Louve à Louftemont en Belgique expo juin juillet
Miami Art show Galerie La Louve/janvier
La Rotonde-Yvon Birster
28 rue Eugène Carrière/126 bis Rue Lamarck-75018 PARIS
M°Lamarck ou Guy Moquet – Bus 95-80 -Tél. 09 62 13 38 41
Ouvert du lundi au samedi de 15h à 19h.30
http://www.galerierotondeyvonbirster.com/
Expositions récentes :
SFM, un art de la mesure et de la retenue
par Yvon Birster
Une expo de SFM est toujours une occasion de plaisir pour les galeries qui l’accueillent avec fidélité*. A peine de retour de Corée où il a connu une belle réussite, Stéphane Fradet-Mounier a créé de nouvelles pièces qui se déclinent à partir du cube construit comme un puzzle.
Nous connaissions ses cubes entrouverts avec leur crucifix planté dans leur sein, puis ceux d’où s’élevait une échelle orange. Il déploya ensuite ses carrés ailés et voici ses cubes-puzzles d’apparence hermétique.
Toujours s’exprime un engagement physique allié à la rigueur, inscrit dans des lignes et des couleurs sobres, nettes et franches. Un dépouillement classique à l’ère du marketing très kitch de l’art officiel. A la boursouflure insignifiante des volumes infantiles de la sculpture du « trading art » s’oppose la simplicité des œuvres de SFM. Les puzzles de SFM referment les cubes précédemment ouverts, non pour exprimer une fermeture mais pour produire du sens et ramener le multiple à l’unité. Du sens, de la présence sans pesanteur.
Le style de SFM n’est pas de l’ordre de la substitution mais de celui de la juxtaposition. Ce parti-pris surprend toujours les adeptes d’une sculpture suggestive. Ils attendent l’image d’une blessure derrière une fente, d’un mystère insondable derrière la symbolique, d’un corps derrière la courbe… D’erreurs en incompréhension, ils retombent sur ce qu’ils supposent n’être qu’une plate représentation. Aveuglement suivi de déception. L’art de SFM est fait de juxtapositions, d’oppositions, grand-petit, lourd-léger, multiple-un, élément-tout, plein-vide, haut-bas… La sculpture jusque dans ses abstractions du XXème siècle nous a fait embrasser tant de chairs, de rondeurs sensuelles que la simplicité nous déconcerte. Il faut prendre le temps de se dépouiller soi-même pour qu’apparaissent la retenue et la discrétion des œuvres de Stéphane Fradet-Mounier. Leur force se transmet par l’ascèse à laquelle elles nous obligent, par le refus de la diversion, de la dispersion et du divertissement. C’est le paradoxe de l’artiste gargantuesque nous offrant des œuvres ascétiques, comme le libertin Georges de La Tour sut exprimer le Jansénisme.
La Rotonde-Yvon Birster
CONTACTER L'ARTISTE :
STEPHANE FRADET-MOUNIER : JEUX ET ENJEUX PAR JEAN-PAUL GAVARD-PERRET
Il faut bien se garder de réduire comme on le fait parfois l'oeuvre de Stéphane Fradet-Mounier à un jeu empreint de légèreté. Certes le sculpteur ne joue pas sur les effets de masse. Cela est important. Mais il ne faut pas en tirer des conséquences hâtives et anecdotiques. Le sculpteur nous prend dans un réseau étrange d'équilibres et de déséquilibres, de répétitions mais aussi de divers types de raréfactions ou d’amenuisements. Dès lors la notion de jeu - quoique séduisante - ne peut qu'amenuiser l'enjeu de l'œuvre. Tableaux sculptés et sculptures proprement dites créent des sortes de liserés (mais pas forcément de bordures) au moment où se produit un renversement : la matière perd en densité mais en même temps ce qui est de l'ordre de l'impalpable devient matière. L'artiste ramène à une source du langage plastique. La forme y décompose le monde pour le recomposer autrement et dans l’espoir de la “ chimérique expatriation du feu intérieur ” dont parle le poète Jacques Dupin.
Les oeuvres de Stéphane Fradet-Mounier sont une succession de métamorphose même lorsque des formes reconnaissables - chaises échelles - y apparaissent. Celles-ci perdent toutefois leur valeur utilitaire pour devenir des symboles concrets de l'espace et de ses germes. Au moment même où la statuaire bascule de son piédestal classique (qu'on qualifiera pour faire simple à la Rodin) il ne s'agit pas de remplacer ce socle par un autre. Avec le sculpteur tout fonctionne autrement et - c'est à noter - sans le moindre didactisme ou souci de la "démonstration". Mais il y a plus : le lange de la statuaire ne devient pas pour autant platement symbolique. Il n'est pas qu'illustration abstraite dans le concret.
Par ailleurs Stéphane Fradet-Mounier connaît autant la perfidie de la justesse, l'illusion du bien montrer que le mortel danger de l'authentique. Dès lors arrachant la sculpture à son habituelle sacralisation il la livre à une suite de perforations, d'aérations, de déplacements par ce que Beckett demandait à tout artiste : "a breaking down and a multiplication of tissue". De cette manière le créateur touche le fond du réel à travers la matière découpée mais aussi par un thème central que nous nommerons aérien. Cette manière de figurer éveille l'idée d'une présence impalpable, manquante mais dont l’ « idée » est suggérée. Les sinuosités des lignes ou leurs élancements verticaux comme leurs déplacements horizontaux deviennent l’enjeu d’une vie intense au sein même de la fixation et des contraintes imposées à la matière qui ne cessent de rappeler la lutte de l'être comme celle de l’artiste.
La seule symbolique de l’œuvre n’est produite que par une série de décalages et une ironie qui ne se contente pas d’une approche purement conceptuelle de l’art. Celle-ci réduit toujours une œuvre à de l’illustration. L’artiste la refuse comme il refuse le simple décorum. La sculpture n’est plus seulement un objet posé – subtilement ou non – dans un espace. L’enjeu du jeu proposé est donc plus sérieux qu’il n’y paraît : le jeu de multiple (répétitions de formes) fait celui de l’unité et l’unité est donc démultipliée. L’artiste ne cherche donc pas à réactualiser une symbolique pérenne : il la détourne pour lui permettre de parler autrement à l’image de la matière qui se détache d’elle-même en divers jeux de bandes ou des sortes d’emporte-pièces.
Certes une recherche de l’esthétique, une certaine manière de jouer avec l’illusion ne sont pas absentes : ce serait d’ailleurs renier ce qui fait (en partie) que l’art est art. Plus ingénieux que ses contemporains platement iconoclastes Stéphane Fradet-Mounier ne rejette pas l’objet : il se confronte à lui. Il le malmène habilement en le travaillant méticuleusement pour le mener dans des chemins de traverses afin qu’il soit opérant et qu’il puisse toucher autant l'affect que l'esprit. Contre la vision « épique » de la statuaire qui l’a réduite trop souvent à une marchandise l’artiste propose une autre plus-value. Le temps semble suspendu dans la géométrisme parfois sophistiqué. Prenant de la distance avec le classicisme le créateur ne renonce par pour autant à « faire » même si pour certains adeptes du mou et du moelleux cela est devenu incongru. Fradet-Mounier s’oppose et fait résistance à une telle myopie qui voudrait le placer à tort au rang de passéiste.
Ses sculptures sont fascinantes. Elles deviennent la traduction du mouvement en termes forcément immobiles. Il y a là une dynamique immanente et une présence fabuleuse, obsédante parfois même subtilement érotique. La sculpture devient le lieu du transfert entre le ciel et la terre. L’échelle par exemple - et même s’il joue avec - n’y est pas pour rien. Elle reste le signe de mariage du paradis et de l'enfer dans une sorte de symbolisme poétique qui, in fine, pousse le réalisme à l'extrême. Par exemple dans « Equilibre » des cercles jouent entre eux pris au piège de la matière mais l'acier fait son envol. C'est pourquoi cette œuvre comme toutes les autres ne connaissent pas la chute. Elles deviennent des corps d'air étayés de strates en un mouvement de conquête.
Sous leur diversité de formes surgit une unité de motif plus que figurative. L’œuvre peut donc être considérée comme une suite de variations sur un même thème en des digressions de composition, des modulations de la matière. Indépendantes les unes des autres, les pièces jouent sur le conflit du vide et de plein, de l’ouverture et de la béance qui plus que la fermeture est son véritable contraire. Chaque fois la "même" oeuvre est donc remise " à zéro " afin d’atteindre un point d’impossible absolu qu'il convient de serrer chaque fois de plus près. D’une pièce à l’autre l’œuvre engage la totalité du projet artistique. La parenté entre elles invite à voir chacune d’elle comme un morceau d'un « puzzle » (dont l’artiste offre une figuration dans l’une de ses pièces) ou une version diffractée et incomplète d’un Idéal.
En conséquence Stéphane Fradet-Mounier ne considère pas la sculpture comme un art qu'on possède mais comme une recherche. Chaque pièce témoigne de l'introspection agissante. Celle-ci devient un acte de fabrication, une pensée qui se prend elle-même pour objet. La pesanteur de la matière est là pour exalter l'apesanteur de la vie, la force et la précarité, l’équilibre recherché dans un constant déséquilibre. Ajoutons que peu à peu la maturité a effacé les défenses de l'artiste. Plus il progresse plus il est hanté par le Mystère de l'identité. Son "je" ne peut donc être un jeu mais représente un enjeu. Les seules pirouettes que se permet l'artiste appartiennent au registre de la pensée et afin de la désenclaver pour que par l'imaginaire en action surgisse le je caché aussi cérébral que sensuel, aussi primitif qu'actuel.
Jean-Paul Gavard-Perret
SPÉPHANE FRADET-MOUNIER : EMERGENCES, RESURGENCES PAR JEAN-PAUL GAVARD-PERRET
La sculpture chez Fradet-Mounier entraîne une expérience du visible que la plupart des travaux de ses confrères sont inaptes à saisir. Elle n’est plus un lieu fermé et compacte. De l’air y passe. Elle évoque pourtant une solidité. Mais emprunter un tel chemin revient à prendre la part du risque, de renoncer aux formes prévisibles en un développement et un renversement des coordonnées spatiales. Emerge la sensation du lieu. Les sculptures deviennent objet d’aimantation et de propulsion. Par ses forgeries et ses ponçages l’artiste crée ce que Didi-Hubermann nomme un « aître » : à savoir non pas ce dans quoi nous habitons mais ce qui nous habite et nous incorpore. L’épaisseur est ténue mais tient. Sculptures et tableaux-sculptures restent complexes et méticuleuses en des équilibres et des déséquilibres. Chaises ou échelles (par exemple) sorte de leur aspect utilitaire sans pour autant se réduire à un symbole.
Sous leur diversité de formes surgit une unité de motif plus que figurative. L’œuvre peut donc être considérée comme une suite de variations sur un même thème en des digressions de composition, des modulations de la matière. Indépendantes les unes des autres, les pièces jouent sur le conflit du vide et de plein, de l’ouverture et de la béance. Chaque fois la "même" oeuvre est donc remise " à zéro " afin d’atteindre un point d’impossible absolu qu'il convient de serrer de plus près. Et d’une pièce à l’autre l’œuvre engage la totalité du projet artistique. La parenté entre elles invite à voir chacune d’elle comme un morceau d'un « puzzle » (dont l’artiste offre une figuration dans l’une de ses pièces) ou une version diffractée et incomplète d’un Idéal.
Surgit une dilution de l’effet de surface et de ses qualités de compacité. Le lambeau, le fragment créent des minces traversées qui déchirent la masse mais et créent une obombration très atmosphérique. Il ne s’agit plus de plénitude : nous sommes transportées dans le royaume des passages dans un développement qui joue avec le chromatisme.
L’artiste connaît autant la perfidie de la justesse, l'illusion du bien montrer que le mortel danger de l'authentique. Dès lors arrachant la sculpture à son habituelle sacralisation il la livre à une suite de perforations, d'aérations, de déplacements. Le créateur touche le fond du réel à travers la matière découpée mais aussi par un thème central que nous nommerons aérien. Cette manière de figurer éveille l'idée d'une présence impalpable, manquante mais dont l’ « idée » est suggérée. Les sinuosités des lignes ou leurs élancements verticaux comme leurs déplacements horizontaux deviennent l’enjeu d’une vie intense au sein même de la fixation et des contraintes imposées à la matière qui ne cessent de rappeler la lutte de l'être comme celle de l’artiste.
Jean-Paul Gavard-Perret