Pierre JUTAND Baigneuses huile sur toile signée en bas à droite 115 x 145 cm Ancienne Collection Emmanuel David (Etiquette au dos) Collection Patrick Reynolds Après une enfance vécue à Enghien-les-Bains, Pierre Jutand est élève de l'École Boulle à Paris. Il entre en 1955 à l'École nationale supérieure des arts décoratifs où il est élève de Jules Cavaillès avant de fréquenter l'atelier de Marcel Gromaire, puis, en 1956, d'obtenir deux bourses d'études, l'une au château de Collioure, l'autre aux Pays-Bas. En 1957, il poursuit ses études chez Maurice Brianchon à l'École nationale supérieure des beaux-arts. Il travaille ensuite la tapisserie avec Jean Lurçat, séjournant à plusieurs reprises auprès de ce dernier au château de Saint-Céré (Lot). Pierre Jutand se souvient : Lurçat ne peignait plus à l'époque mais faisait de la tapisserie, des grands cartons avec lesquels il est devenu célèbre. Il avait tellement de commandes qu'il prenait des élèves pour l'aider sur des périodes de trois à quatre mois. Appelé sous les drapeaux en 1958, Pierre Jutand effectue son service militaire en Algérie.
Alors qu'il est installé dans la rue de Lesdiguières à Paris, les premières expositions de Pierre Jutand au Salon d'automne lui valent d'être remarqué par la galerie Morantin-Nouvion où se produit sa première exposition personnelle à Paris en 1962. Peintre paysagiste, Jutand peint sur le motif, souvent avec le peintre Michel Pandel (1929-1978) - la disparition de cet ami dans un accident de deltaplane sera une grande épreuve affective - qui expose dans la même galerie.
Si ses toiles d'alors évoquent ses villégiatures en Bretagne (Douarnenez, Tréboul, la Baie des Trépassés), dans le Massif des Corbières, au Portugal, c'est Michel Pandel qui lui fait découvrir dans l'Yonne son village de Cravant où Pierre Jutand, trouvant là une qualité de vie et de l'espace qui le persuadent de s'éloigner de Paris qu'il adore avec ses boîtes de jazz, s'installe de même en 1966. C'est ainsi à Cravant qu'il épouse en 1967 Josée Chateau, d'origine guyanaise et rencontrée à Paris. Ils auront trois enfants dont Valérie, championne d'Europe d'haltérophilie, cinquième aux Jeux paralympiques de Sydney. |
Le Salon d'Automne de 1971 offre à Pierre Jutand de se rapprocher de la galerie Emmanuel David. Le galeriste écrit : il y avait une grande toile intitulée À ta santé, Catherinette !, composée de personnages truculents traités d'une touche hardie dans des couleurs tumultueuses. Ce tableau me donna le choc. Pour confirmation, je courus chercher ma femme et mon fils qui, sans être prévenus pourtant, tombèrent en arrêt devant cette toile hors du commun. L'auteur : Jutand. La suite fut rapide : visite au peintre dans l'Yonne et accords d'exclusivité. |
Pierre Jutand a considéré son propre parcours comme celui d'un homme heureux : J'ai voulu vivre dans l'absolu. Tenter le métier d'artiste pour moi était un rêve, et le rêve s'est réalisé. Bertrand Duplessis, cependant, s'interroge : Pierre Jutand, un homme tranquille ? Oui, si on se contente de ne voir qu'un seul côté du miroir, de ne retenir que son abord ouvert et cordial ; non, si l'on pressent ou découvre qu'il est aussi un Janus. Continuant de peindre jusqu'à ses derniers jours, l'artiste meurt le 21 mars 2019, alors qu'il préparait une exposition-rétrospective de son œuvre à Mers-les-Bains pour septembre 2019. |
Expositions personnelles |
Galerie Morantin-Nouvion, rue de l'Université, Paris, 1962. Galerie Carlier, rue de Seine, Paris, 1966. Galerie Emmanuel David, Paris, 1971, mai-juin 1973, mai-juin 1976 (Jutand. Les péchés capiteux), avril 1978 (Jutand. Œuvres récentes). Galerie Christian Vallé, Clermont-Ferrand, 1975. Château de Dizimieu, 1977. Galerie Alain Daune, Paris, 1978, mai-juin 1982 (Pierre Jutand. Les miroirs de Vénus). Galerie A Pietri, Grenoble, octobre-décembre 1978. Galerie de la Tour, château de Bazens, 1979. Galerie Sagittaire, Grenoble, 1981. Galerie Valloton, Genève, 1982. Galerie Schèmes, Lille, juin-juillet 1983. Maison de la culture et des loisirs, Metz, mai 1984. Galerie Alma-George V, Paris, mars-avril 1984 (Jutand. Huiles et aquarelles), février-mars 1985 (Jutand. Pourvu qu'on ait l'ivresse), octobre 1986, mars 1992. |
Salut, beau masque ! (1996), huile sur toile, 73 × 92 cm, localisation inconnue. Galerie Regency, Luxembourg, 1985. Galerie Patrick Héraud, Toulenne, janvier-février 1986. Galerie Saint-Hubert, Lyon, mars-avril 1986, avril-mai 1988, septembre-octobre 1996 (Venise en fêtes), mai-juin 1999. Galerie Pieter Breughel, Amsterdam, 1986. Galerie Drouant et Drouant International, Villefranche-sur-Mer, juillet-août 1986. Galerie de la Vieille-Porte, Thionville, mai-juin 1987. Galerie Maïté Aubert, Le Havre, octobre-novembre 1987, 1990, 1991. Galerie « Au vent des cimes », Grenoble 1988. Galerie Lemoigne, Lorient, 1989. |
Galerie Horizons, La Baule, 1989. Galerie Harmonies, Tours, novembre 1989. Galerie Géricault, Rouen, mars-avril 1991. Pierre Jutand. Les fruits de ma passion, galerie de l'Ardec, Cayenne, octobre 1991. Dimension Art Center, Taipei, 1991. Galerie Nettis, Le Touquet, octobre-novembre 1992. Galerie des cygnes, Montréal, 1992. Galerie Vent des cimes, Grenoble, octobre 1994. Sutton Galleries, New Orleans, 1995. Pierre Jutand. Venise en fête, galerie Denise Valtat, rue La Boétie, Paris. 1996. Galerie d'art de l'estuaire, Le Havre, septembre-octobre 1997 (Jutand, au gré du vent), septembre-octobre 1999, 2003. Galerie Drouant, Avenue Marceau, Paris, mai-juin 1998 (Pierre Jutand. Qu'importe le flacon…), mai-juillet 2002 (Pierre Jutand. Errances tunisiennes), 2007. Galerie Laetitia, Brie-Comte-Robert, avril-mai 2000, septembre-octobre 2003 (Pierre Jutand. Au gré du vent), 2007 (Pierre Jutand. Petits formats). Galerie du château, Valençay, 2001. Galerie d'art Doublet, Avranches, 2001. Pierre Jutand. Lumières de Tunisie, galerie Gaston Gérard, Dijon, juin-juillet 2002. Galerie Saint-Hubert, Lyon, janvier-février 200310, avril-mai 2006, octobre-novembre 2012. Pierre Jutand. cinquante ans de peinture, Les Abattoirs, Avallon, juillet-septembre 2007. Espace Jacques-Prévert, Mers-les-Bains, septembre-octobre 2019. |
Expositions collectives |
Salon d'automne, Grand Palais, Paris, à partir de 1961. |
Réception critique |
Jutand, ce peintre poète à sa manière de l'éternel féminin dont il sait admirablement décrypter les multiples facettes de cette vivante énigme nommée : la Femme […] Une peinture répugnant aux empâtements, aux brutales rencontres de couleurs, à l'apologie de la vulgarité. Au contraire de cela, une texture aux transparences d'aquarelles obtenue par successifs glacis, une unité tonale dont la dominante impulse ses complémentaires dans de chaudes harmonies, ou les rouges, mauves et gris-bleus sonnent ainsi qu'un accord de musique. - Jacques Dubois La sensibilité chromatique de Brianchon musclée par l'enseignement de Marcel Gromaire. - Gérald Schurr Sa peinture nous convie à la féerie des fêtes galantes. Masques et bergamasques embarquent le spectateur pour Cythère. Le rideau se lève sur le miroir de nos rêves et de nos fantasmes. Des Miroirs de Vénus en passant par Les péchés capiteux, Pierre Jutand théâtralise l'espace pictural, joue sur le découpage des plans, réinvente la perspective. Les couleurs flamboient, les chevelures et les parures des vêtements scintillent de mille reflets, entre l'éblouissement et l'artifice. - B. Quentin Les natures mortes de Jutand, situées fréquemment dans des intérieurs ou des serres, vibrent au sein d'un clair-obscur équilibré où, parfois, une présence féminine se décèle. Il y a plus : Pierre Jutand sait, a toujours su inscrire dans ses compositions la trace d'un érotisme qui amalgame un parfum de fleurs du mal et cette vibration érotique que bien des maîtres du XXe siècle figuratif ont, eux aussi, suggérée. Les petits coins de paradis, Pierre Jutand s'entend à les découvrir et à les fixer sur la toile, dans la mouvance de sa palette... L'humour complète cette panoplie du chromatisme qui relie la mascarade, l'architecture, le sens de la fête et y ajoute une note douce amère pour qui veut bien lire une toile à deux niveaux. - Bertrand Duplessis La peinture de Pierre Jutand présente une sensualité évidente qui parvient à nous faire entrer dans un univers teinté d'érotisme […] Qu'il s'agisse de paysages enchantés, de nus féminins troublants ou de natures mortes chatoyantes, les œuvres de Jutand sont une invitation à des voyages où l'émotion naît autant du sujet que de la couleur […] On découvre, en fouillant un peu plus, une intériorité profonde, une vision presque sacrée de la nature, une approche authentique de la vie. - Patrice de la Perrière |
Récompenses |
Pierre Jutand en 2016. Prix du 16e arrondissement de Paris, 1964. Prix de la Ville de Cherbourg, 1968. Prix international du Gemmail, 1979. Prix Charles Cottet (décerné par la Société nationale des beaux-arts), 1971. Prix art et poésie de Touraine, 1987. Prix L'art et l'érotisme, Salon d'automne, 1990, pour la toile Au septième ciel. Médaille d'argent de la Ville de Paris, 1992. Prix de la Ville d'Avon (Seine-et-Marne), 2002. |
Collections publiques |
Allemagne France |
Collections particulières référencées |
Domaine « Les Demoiselles de Pallus », Chinon (AOC), Cravant-les-Côteaux, Femme à la coiffe ornée de raisins |
Distinctions |
Prix international du Gemmail 1979 |
Notes et références |
Nathalie Hadrbolec, Pierre Jutand, Éditions du Conseil général de l'Yonne, 2007. Emmanuel David, Le métier de marchand de tableaux, Éditions France-Empire, 1978, pages 144-145. Bertrand Duplessis, « Pierre Jutand - Rétrospective : cinquante ans de peinture, 1957-2007 », Univers des arts, n°122, juin 2007, pages 24-27. L'Yonne républicaine, 31 mars 2019. Le Musée Privé, Emmanuel David, marchand de tableaux [archive]. Jacques Dubois, « Jutand », dans L'Amateur d'art, avril 1985. B. Quentin, « Jutand : Les couleurs des fêtes galantes ou l'embarquement pour Cythère », Valeurs de l'art, n°41, mai-juin 1996, page 43. Élisabeth Audoin, « Les couleurs de la joie de vivre de Pierre Jutand », Paris-Normandie, n°169, 17 septembre 1999. Tunisia today, Pierre Jutand à la Galerie Gaston Gérard - Exposition “Lumières de Tunisie” [archive]. Art aujourd'hui info, Exposition Pierre Jutand, Galerie Saint-Hubert, 2003 [archive]. Galerie Saint-Hubert, présentation des expositions [archive]. Société artistique de Fontenay-le-Fleury, présentation de l'exposition, mai 2001 [archive]. Le Bien public, Exposition Pierre Jutand - Jean-Pierre Gonnin, 24 septembre 2011 [archive]. L'Yonne, Les peintres dans le parc, 9 septembre 2014 [archive]. Gérald Schurr, Le guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1993, page 562. Patrice de la Perrière, Univers des arts, juillet-août 2008. Patrick-F. Barrer, « Hommage aux grands maîtres et artistes confirmés. Pierre Jutand », in L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, Éditions Arts et Images du Monde, 1992, page 285. Œuvre ornant l'étiquette du cru 2014. |
Annexes Bibliographie |
Emmanuel David, Le métier de marchand de tableaux, entretiens avec Hervé Le Boterf, Éditions France-Empire, 1978. Sanjiro Minamkawa, Ces maîtres dans leur atelier, Japon, Asahi Sonorama, 1980. Jutand ou le sens de la volupté jusque dans les fleurs, monographie, Éditions Drouant International, 1992. Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'Automne de 1903 à nos jours, Éditions Arts et Images du Monde, 1992. Gérald Schurr, Le guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1993. M.C., « Pierre Jutand, les flacons de l'ivresse », Le Courrier des galeries, n°125, mai 1998. Bertrand Duplessis, « Pierre Jutand, les êtres et les choses en leur secrète architecture », Arts, sciences, techniques - Connaissance des hommes, n°28, novembre 1999. Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs, graveurs, Gründ, 1999. Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001 (en ligne [archive]). Pierre Bonnaud, « Pierre Jutand », dans ouvrage collectif Masques et miroirs, éditions SAFIR, 2004. Bertrand Duplessis et Nathalie Hadrbolec, Pierre Jutand, Éditions du Conseil général de l'Yonne, 2007. |