Rodin Arp Fondation Beyeler

Le Musée Privé Magazine d'Art Moderne et Contemporain
Auguste Rodin Le Penseur, taille originale, 1880/1882 Bronze (Auguste Griffoul, 1896), 72 x 34 x 53 cm MAH Musée d’Art et d’Histoire, Genève Photo : © MAH, Genève, Photo Flora Bevilacqua
Auguste Rodin
Le Penseur, taille originale, 1880/1882
Bronze (Auguste Griffoul, 1896), 72 x 34 x 53 cm
MAH Musée d’Art et d’Histoire, Genève
Photo : © MAH, Genève, Photo Flora Bevilacqua

Rodin / Arp
13 décembre 2020 – 16 mai 2021

FONDATION BEYELER
Beyeler Museum AG
Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen / Basel
T +41 (0)61 645 97 29 / F +41 (0)61 645 99 60
www.fondationbeyeler.ch
Communiqué de presse, 11 décembre 2020

»Et ainsi la vérité de mes figures, au lieu d’être superficielle, sembla s’épanouir du dedans au dehors
comme la vie même.«
Auguste Rodin

»Nous ne voulons pas copier la nature. Nous ne voulons pas reproduire, nous voulons produire. Nous
voulons produire comme une plante qui produit un fruit et ne pas reproduire.«
Hans Arp

Pour la première fois, une exposition muséale fait dialoguer Auguste Rodin (1840–1917) et Hans Arp (1886–1966), mettant face à face l’oeuvre pionnier du grand réformateur de la sculpture du 19ème siècle finissant et l’oeuvre influent d’un des protagonistes majeurs de la sculpture abstraite du 20ème siècle. Les deux artistes possédaient une puissance d’innovation artistique et un goût pour l’expérimentation exceptionnels. Leurs oeuvres ont fortement marqué leur époque et ont conservé toute leur actualité.

Les créations d’Auguste Rodin et de Hans Arp illustrent de manière impressionnante et exemplaire des aspects fondamentaux du développement de la sculpture moderne. Rodin a ainsi introduit des idées et des possibilités artistiques radicalement nouvelles dont Arp s’est saisi plus tard dans ses formes biomorphes, les faisant évoluer, les réinterprétant ou les contrastant. Il n’est à ce jour pas certain que Rodin et Arp se soient jamais rencontrés personnellement, mais leurs oeuvres présentent des liens de parenté artistique et de références communes, tout comme des différences, qui font de la confrontation de leurs créations singulières une expérience visuelle particulièrement éloquente.

Auguste Rodin Psyché à la lampe, 1899 Plâtre (épreuve tirée d’un moule pris sur un marbre), 70 x 68 x 39 cm Musée Rodin, Paris, Inv. S.02850 Photo: © agence photographique du musée Rodin – Jerome Manoukian
Auguste Rodin
Psyché à la lampe, 1899
Plâtre (épreuve tirée d’un moule pris sur un marbre), 70 x 68 x 39 cm
Musée Rodin, Paris, Inv. S.02850
Photo: © agence photographique du musée Rodin – Jerome Manoukian

L’exposition prend pour point de départ la sculpture de Hans Arp Sculpture automatique (Hommage à Rodin) de 1938 et son poème Rodin de 1952, hommages explicites au grand précurseur, qui illustrent aussi le vaste éventail créatif de Arp, allant de la sculpture à la poésie. Outre ces références explicites, le dialogue entre Rodin et Arp révèle aussi de nombreux autres liens, repères et préoccupations artistiques communs. L’exposition met ainsi en lumière des rapports de contenu et d’approche conceptuelle qui s’enracinent dans l’exploration de thèmes existentiels tels la création, la croissance, la transformation et la déchéance. Il en résulte des représentations de corps humains, animaux ou végétaux qui se fondent de manière nouvelle. On rencontre chez Rodin et chez Arp une conception de la nature et de l’art toute singulière et pourtant comparable, qui met en avant le processuel et l’expérimental, et fait aussi du hasard un principe artistique. Les deux artistes s’intéressent à l’idée du vivant en tant que thème philosophique, auquel ils donnent corps dans des sculptures éclatantes de vitalité. Les sculptures de Rodin et de Arp, mouvementées et émouvantes, fascinent aussi par leur jeu de volumes sensuels, fluides et immaculés d’une part et de surfaces et de formes altérées et accidentées d’autre part, qui trouvent leur idéal dans le torse.

L’articulation entre construction et déconstruction est aussi palpable dans le genre de l’assemblage, que Rodin introduit en sculpture et que Arp développe plus avant. Il apparaît aussi chez les deux artistes des liens dans la méthode, par exemple dans le transfert des figures d’un matériau à un autre, et dans leur réalisation à différentes échelles allant du petit format au monument. Leur attention porte aussi sur la présentation de leurs sculptures, en particulier sur le socle, que Rodin est le premier à remettre en question. Enfin, il existe entre Rodin et Arp des liens en termes de motifs, par exemple celui de l’ombre, de la main créatrice ou du vase en tant qu’objet et volume. Les deux artistes puisent pour cela souvent dans la littérature, par exemple la mythologie antique ou la Divine Comédie de Dante.

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Auguste Rodin
Le Baiser, grand modèle, 1889–1898
Bronze (Coubertin, 2008), 181,5 x 112,3 x 117 cm
Collection Fondation Pierre Gianadda, Martigny
Photo : Michel Darbellay – Fondation Pierre Gianadda
Réunissant environ 110 oeuvres de musées et de collections privées du monde entier, «Rodin / Arp» est l’une des expositions de sculpture les plus vastes présentées à ce jour par la Fondation Beyeler. Si l’exposition met l’accent sur les sculptures d’Auguste Rodin et de Hans Arp (y compris une sculpture d’extérieur monumentale dans le parc du musée), elle présente également des reliefs de Arp ainsi que des dessins et des collages des deux artistes. 

L’exposition réunit des oeuvres emblématiques comme Le Penseur et Le Baiser de Rodin ou Ptolémée et Torse de Arp. Des oeuvres moins célèbres font apparaître d’autant plus clairement les liens artistiques qui unissent les deux artistes.

L'exposition a été conçue par la Fondation Beyeler, Riehen/Bâle, en coopération avec le Arp Museum Bahnhof Rolandseck, Remagen, et organisée en collaboration avec le Musée Rodin, Paris. L’exposition est placée sous le commissariat de Dr. Raphaël Bouvier, commissaire d’exposition à la Fondation Beyeler.

En lien avec l’exposition «Rodin / Arp», la célèbre chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker, dont le travail compte parmi les plus influents de la danse contemporaine, présentera une nouvelle création, à voir à la Fondation Beyeler entre le 29 janvier et le 14 février 2021. Anne Teresa De Keersmaeker confronte son intervention chorégraphique Dark Red aux univers sculpturaux d’Auguste Rodin et de Hans Arp. La puissance palpable de l’obsession de Rodin pour le corps humain et sa force narrative implicite tout comme la soif d’émancipation formelle de Arp trouvent un écho direct dans la recherche chorégraphique de De Keersmaeker: une exploration des capacités d’abstraction du corps, un agencement du mouvement dans le temps et dans l’espace.
Biographies
Biographie Auguste Rodin

Auguste Rodin au milieu de ses oeuvres dans le Pavillon de l'Alma à Meudon, vers 1902 Photo : Eugène Druet © Musée RodinAuguste Rodin est né à Paris le 12 novembre 1840. Il commence à dessiner dès son plus jeune âge ; de 1854 à 1857, il fréquente la Petite École de Paris, véritable vivier artistique qui deviendra par la suite la célèbre Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. Dans les années 1850, Rodin fait plusieurs tentatives pour entrer à la célèbre École des Beaux-Arts mais ses candidatures seront à chaque fois rejetées. Il gagne d’abord sa vie en produisant des oeuvres décoratives sur commande. En 1864, il rencontre la couturière Rose Beuret. Leur fils naîtra deux ans plus tard.

Au début des années 1870, Rodin travaille sous la direction de Albert Ernest Carrier-Belleuse et réalise des sculptures ornementales pour la Bourse de Bruxelles. Il consacre le reste de son temps à ses propres créations. En 1875, Rodin expose pour la première fois à Paris. L’année suivante, il se rend en Italie où il étudie l’art de Donatello et de Michel-Ange. Influencé en grande partie par la Renaissance italienne, il réalise sa sculpture L’Âge d’airain, dont la présentation fait scandale en 1877 : Rodin est accusé à tort d’avoir exposé non pas une sculpture mais un moulage de corps humain.

Petit à petit, Rodin a réussi à s’imposer. D’autres commissions suivent, dont une pour le projet central de sa carrière : La Porte de l’Enfer. Conçue au départ en tant que portail pour le Musée des Arts Décoratifs alors en projet, l’ouvrage est composé de nombreuses figures. Nombreuses d’entre elles, comme Le Penseur ou Le Baiser, figurent parmi les joyaux de l’histoire de l’art.

En 1883, Rodin rencontre Camille Claudel, jeune sculptrice au talent prometteur, à l’Académie Julian où il enseigne désormais. Les deux artistes entretiennent une liaison passionnée – Camille Claudel devient sa muse et son modèle Cette relation, marquée par des échanges artistiques, dure 15 ans. En 1895, Rodin achète la Villa des Brillants à Meudon, au sud-ouest de Paris. Il en fait son lieu de résidence, y installe son studio de création ainsi qu’un grand atelier des antiques abritant sa collection.

À 60 ans, désormais célèbre, Rodin inaugure une grande exposition non loin du parc de l’Exposition universelle de 1900, place de l’Alma à Paris, où son oeuvre sera, pour la première fois, présentée dans son intégralité. Durant cette période, sa réputation internationale se développe considérablement, comme en témoignent de nombreuses expositions, entre autres en Allemagne et aux États-Unis.

Au milieu de la Première Guerre mondiale, Rodin lègue son patrimoine artistique à l’État français. Le 29 janvier 1917, au bout de 53 ans, Rodin épouse Rose Beuret, qui meurt quelques jours seulement après le mariage. Cette même année, le 17 novembre, Rodin s’éteint dans sa villa de Meudon. En 1919, le musée Rodin, né de la donation de l’artiste, ouvre ses portes à Paris.

 musee rodin paris
 

En 1916, un an avant sa mort Rodin fit don de toute son oeuvre et de tous ses biens à l’état français à la condition que l’hôtel Biron (actuel musée Rodin) soit transformé en musée. Cette donation est l’acte fondateur du musée Rodin, unissant à jamais un lieu d’exception, l’hôtel Biron, avec la collection du plus prestigieux sculpteur de l’époque.
Le musée Rodin, ce joyau de l’architecture rocaille parisienne et son jardin de sculptures de presque trois hectares accueillent 600 000 visiteurs chaque année venus du monde entier découvrir l’icône du musée le Penseur. Le musée réunit la plus importante collection d’oeuvres de Rodin sur deux sites dont le principal et le plus prestigieux est situé au coeur du 7ème arrondissement à Paris et l’autre à Meudon, à l’extérieur de Paris. S’aventurer jusqu’à Meudon, découvrir la maison et l’atelier de Rodin, c’est découvrir le creuset de la création, l’expérience de la sculpture, un musée dédié à l’éducation artistique et culturelle. L’hôtel Biron, un lieu unique pour présenter la sculpture

Le musée Rodin,

récemment restauré offre aux visiteurs un bâtiment rénové et un parcours chronologique et thématique se déployant sur dix-huit salles. La qualité de l’architecture, les boiseries anciennes des rotondes, l’éclairage naturel des salles baignées de lumière en font un écrin magnifique, le charme du lieu apporte à la visite un supplément d’âme unique. La présentation de nombreuses études en plâtre, témoins du processus créatif est au coeur de la réflexion muséographique. Le père Tanguy de Van Gogh, les oeuvres de Renoir, Monet, Félix Ziem, Zuloaga, amis de Rodin ou oeuvres faisant partie de la collection de l’artiste apportent un côté intimiste à l’hôtel Biron. Le visiteur s’y sent « invité dans la demeure de l’artiste ». Une salle reconstitue le cabinet de travail de Rodin mêlant ses oeuvres, son bureau et les oeuvres de sa collection dont il aimait s’entourer. L’amour que Rodin portait à la sculpture antique est également représenté dans le parcours associant fragments antiques accrochés aux murs à la présentation de l’Homme qui marche.
Le jardin de sculptures
Encadré par la Tour Eiffel et le dôme des Invalides, le Penseur accueille les visiteurs. Au mois de mai, la roseraie du jardin embaume et les visiteurs se pressent pour découvrir la Porte de l’Enfer dans ce cadre qualifié de « hâvre de paix » par les parisiens. Au fil de la promenade sous les frondaisons des arbres, les oeuvres se révèlent, Les Bourgeois de Calais en un cortège plein d’effroi, le Monument à Balzac, se dresse avec le dôme des Invalides en arrière-plan. La perspective de la grande pelouse, les bosquets sinueux, le sous -bois ou se cachent les oeuvres, révèlent des ambiances variées pour découvrir les sculptures.

Le musée Rodin de Meudon
Plus intime et moins fréquentée (20 000 visiteurs par an), l’ancienne demeure du sculpteur à Meudon, La Villa des Brillants reflète l’âme d’une maison d’artiste. Le grand jardin se déroule sur la colline dans une ambiance bucolique, lieu de pèlerinage, c’est là que Rodin et sa femme Rose Beuret sont enterrés.

Un modèle économique original
Musée national, sous tutelle du ministère de la Culture, le musée Rodin est le seul établissement public en France à s’autofinancer grâce, notamment, aux éditions originales de bronzes tirées à partir des moules figurant dans les collections (limitées à 12 exemplaires par oeuvre). C’est Rodin lui-même qui, en léguant les droits d’auteur à l’état a garanti l’autonomie de son musée.
Les autres sources de financement sont la billetterie, la boutique et la boutique en ligne, les concessions, les locations d’espace, le mécénat et autres partenariats.
Détenteur du droit moral sur l’oeuvre de Rodin, voué à la sauvegarde, l’étude, la mise en valeur et la diffusion de son oeuvre et de ses collections, le musée assume parallèlement ses missions de service public à l’égal des autres musées (gratuité des jeunes de l’U.E jusqu’à 25 ans inclus, premier dimanche du mois gratuit d’octobre à avril, gratuité des visites scolaires…)


Programme des expositions
Février 2021à fin décembre 2021 : Picasso- Rodin avec le musée Picasso
Automne 2022- mars 2023 : Rodin et l’Egypte

Des programmes pour tous les publics
Conformément à ses missions de service public, le musée déploie un important programme d’opérations d’éducation artistiques
et culturelles en faveur des publics éloignés de la culture, que ce soit par l’éloignement physique, le handicap, la condition sociale.
Programme et billetterie : www.musee-rodin.fr Retrouvez le musée sur facebook, Instagram, twitter
Communication : Clémence Goldberger : (33) 1 44 18 61 10 goldberger(at)musee-rodin.fr

Biographie Jean Arp

Jean Arp au milieu de ses oeuvres dans son atelier à Clamart, 1954 Photo : Denise Colomb © Ministère de la Culture – Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Dist. RMN-Grand Palais / Denise Colomb © RMN-Grand PalaisHans (Jean) Arp est né le 16 septembre 1886 à Strasbourg, qui appartenait alors à l’Empire allemand. Fils d’une Française et d’un Allemand, Arp grandit dans un environnement bilingue ; il maîtrise en outre l’alsacien. Ses parents encouragent son intérêt précoce pour l’art et la littérature. Ainsi, après un bref passage dans une école d’art de Strasbourg, son père lui permet de prendre des cours de dessin avec un artiste voisin puis l’envoie étudier à Weimar. Pendant cette période, Arp rédige et publie des critiques d’art et des comptes rendus d’exposition ; on peut supposer qu’il visite l’exposition des dessins de Rodin à Weimar, organisée par Harry Graf Kessler. Arp passe également un certain temps à Paris et étudie brièvement à l’Académie Julian.

En 1909, Arp suit ses parents à Weggis. À Lucerne, il fonde avec Walter Helbig et Oscar Lüthy « Der Moderner Bund », la première association d’artistes qui jouera un rôle majeur pour faire connaître l’art moderne en Suisse. Arp continue de cultiver ses contacts internationaux, séjourne à Berlin et Paris, puis s’installe à Zurich après le début de la Première Guerre mondiale. Lors d’un vernissage, il fait la connaissance de sa future épouse, l’artiste suisse Sophie Taeuber. En 1916, il devient co-fondateur du mouvement Dada. Au cours de ces premières années, le travail artistique de Arp est dominé par des poèmes, des oeuvres sur papier et des reliefs en bois. En 1922, Taeuber et Arp se marient puis partent s’installer en France. À Paris, ils évoluent dans le cercle des surréalistes, avec lesquels Arp expose également à cette époque. Jean Arp se fait naturaliser français en 1926 et s’installe avec Sophie à Clamart, non loin de Meudon, où Rodin avait installé son atelier, en 1929.

Dans les années trente, Arp se passionne pour la sculpture. Il expose ses premières sculptures à Bâle en 1932. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, Arp et sa femme Sophie s’installent dans le sud de la France, où il continue à travailler sur ses sculptures. La mort précoce et tragique de Sophie à Zurich en 1943 marque un tournant : pendant quatre ans Arp ne crée presque plus d’oeuvres sculpturales.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, Arp retourne en France. La bâloise Marguerite Hagenbach – qui avait soutenu le couple Arp-Taeuber dès ses débuts et qui continue de soutenir Arp après la mort de Sophie – devient la compagne de l’artiste. Dans les années qui suivent, l’oeuvre de Arp jouit d’une acclamation internationale : aux États-Unis, Arp inaugure plusieurs expositions individuelles et exécute de nombreuses commandes ; en 1954, il reçoit le « Grand Prix de Sculpture » à la 27e Biennale de Venise.
Dans le même temps, sa production de sculptures prolifère. En 1959, Arp et Marguerite Hagenbach se marient et s’installent à Locarno. Jean Arp s’éteint à Bâle le 7 juin 1966.

 

LE MUSEE PRIVE

Tél: (33) 09 75 80 13 23
Port.: 06 08 06 46 45

 
Patrick Reynolds
 

 Patrick Reynolds
Directeur de publication

 

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