"Nestow Sakaczbia et les insomniaques" par Jean-Paul Gavard-Perret
Du collage (découpage et dessin) on n'a dit bien des choses en oubliant qu'il s'agit là d'un fantômes en tant que représentation de la déchirure, de la blessure et de la tension. Mais il y a plus : pour Nestow Sakaczbia il s'agit d'un objet magique qui doit certains de ses éléments à ce que l'image n'est pas par création directe. Coller un élément au lieu de le peindre ou de le dessiner revient d'une certaine façon a avoir recours au symbole. Et tandis que l'analogue (ou l'original) s'imposerait avec sans doute plus de relief et de force, le collage sert de métaphore (image dans l'image) comme une poétique qui partant du réel le métamorphose pour lui accorder plus de signification ou de fantaisie.
Le collage permet en effet souvent des compositions à l'esprit décalé et façonné d'humour cruel et narquois. ISurgit une autre montée de sève qui paraît plus détachés du sanctuaire corporel ou des forces noires de l'âme et de la chair. De fait il les ouvre en proposant un coup de sonde dans l'inconscient. Alors qu'un tableau se développe sur un plan autonome qui ne regarde que la croissance des structures et des tons, le collage devient le puzzle où Sakaczbia va à la recherche de quelque qui n'existe pas encore, qui existe dans le futur. Le collage n'est donc pas une forme de sous-peinture : il astique le réel autrement en nageant sur le miroir du support pour en défier le mystère. Emprunter une procession d'éléments permet non seulement un autre exercice mais une autre épreuve de l'art et de son langage en une prise lunaire riche en enseignements et révélations. Transporté par la clarté froide de ses illuminations fantastiques, le collage impose l'hypnose de certaines fables qui accèdent à la limpidité des plus beaux rêves. Jean-Paul Gavard-Perret |