Erik Purienne, « Purienne »
par Jean-Paul Gavard-Perret
Avec le photographe sud-africain Erik Purienne chaque modèle reste la Sibylle énigmatique. Elle rappelle à l'innommable puisque c'est à partir de l'insensé de sa rencontre que le miracle optique se propage en emportant les nuits noires. Reste la tiédeur dans un mouvement de la marée. Erik Purienne bouscule la solitude, réveille - mais à peine - le corps tout en caressant le désir. Chaque photographie donne corps à une attente en clôturant chaque foi et provisoirement une forme, un espace : ils deviennent des interstices. Le corps cherche sa gravité pour ne pas totalement se volatiliser. Ou se volatilise pour révéler une présence. Une main parfois furète, détourne, gravite, descend presque jusqu'à nacre rose. Le photographe suggère des émergences, des gémissements, le vibrato des bouches, leurs prières. Mais tout demeure en suspens de ce qu'on nomme luxure.
Instinct et sexe féminins font un seul fagot. L'émoi n'est jamais loin même si les audaces tournent court. Les accords de voluptés, l'éblouissement des désirs sont encore remisés. Le corps n'avale que l'ombre, il reste la pure solarité. La loi optique se métamorphose là tout demeure flottant plus qu'en puissance. Cambrures et ventres appellent la liaison sensuelle. Mais l'indépendance de la femme reste le lieu de son lieu. Nous tombons en son monde sinon entre ses bras : « Champagne pour tout le monde ! » dira bientôt la femme. Mais il faut surtout ne rien lui imposer. On la voit, on l'attend. Sur son ventre court un impalpable réseau. L'instant est une lueur. On reste dans sa clarté avec juste ce qu'il faut de repère pour se perdre plus que pour se retrouver. |