Rester vertical L’onirique chaos d’Alain Guiraudie
Par Fabrice Venturini
Un homme, une route, une mise en abyme initiale cernent d’emblée le problème du cinéma. Si Damien Bonnard (Léo, dans le film) n’est pas Alain Guiraudie, il se pose, comme lui, la question de l’écriture filmique…sur un grand causse de Lozère. Errance des images et des mots, errance des corps, tout concourt à la déconstruction de la verticalité d’un âge d’homme ; paternité à la clef. A travers un montage aussi hypnotique que sensuel, et un travail de la lumière aussi onirique que naturaliste, Guiraudie construit l’improbable quête existentielle d’une « bête humaine » qui sombre peu à peu dans la misère, mais qui, face à la rencontre de loups, sait, précisément, « rester vertical ». Auteur du très remarqué « L’inconnu du lac », Alain Guiraudie est passé maître dans l’art d’une simplicité complexe. Le monde est vide certes, mais chaotique et protéiforme… Un dédale formel, stylistique et philosophique à appréhender instinctivement donc ; avec le secret désir de, comme le réalisateur l’explique lui-même, « grandir le réel, l’amener vers autre chose ».
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