par Fabrice Venturini
Entre Images et sons...
Jusqu'au bout du Monde
Appelé d’urgence à Lisbonne par son ami cinéaste, un ingénieur du son constate l’absence de ce dernier, dont la grande maison vide ne laisse que peu de traces de leur projet de film. Séduit par la ville et guidé par ces bribes de pellicules, il se met à sa recherche, micro en main…
Wim Wenders poursuit là sa longue réflexion sur ce qu’est vivre dans l’immédiateté de nos sociétés contemporaines (ce film constituant une sorte de second volet de Jusqu’au bout du monde). Il aurait pu l’intituler Lisbonne Stories, tant tout fonctionne à la manière d’un kaléidoscope dans ce flot d’images et de sons sereins, mais avertis. Qu’est-ce que filmer, qu’est-ce que sentir, et pour quoi faire ? Telles sont les questions phare de ce film prophétique, résolument anti-vidiots (dont on peut apprécier la saveur du néologisme, autant que la nécessité). Mais Lisbonne Story est aussi un film frais, pur, et dévoué au septième art ; on y découvre le métier de cinéaste. Wenders ne nous apprend pas à voir, il nous enseigne le regard et l’écoute, en technicien de l’intuition, entre images et sons.
Film germano-portugais de Wim Wenders, avec Rüdiger Vogler, Patrick Bauchau, Vasco Sequeira, Canto e Castro, Viriato José da Silva, Manoel de Oliveira.