En 1950, Franz Priking quitte l'Allemagne pour Paris, où il reste peu de temps, gagnant la Provence et s'arrêtant à Villeneuve-les-Avignon. Lors de sa première exposition française au Musée Réattu d'Arles, en 1952, il rencontre Pablo Picasso et va travailler pendant sept mois sous les conseils du maître à Vallauris. « J'étais profondément passionné par Picasso, par son principe de structure et d'organisation du tableau, évoque Franz Priking. Le thème m'importait beaucoup moins que le concept rythmique nouveau qu'il m'apprenait. Et surtout, j'abandonnais à ce moment la couleur vive que j'avais retenue de la période expressionniste, l'opposition des couleurs actives employées presque pures, et j'ai commencé à travailler la couleur de façon qu'elle devienne rationnelle... Les teintes sont devenues beaucoup plus terrestres, plus proches de la terre. » Priking, après ces sept mois, revient dans la région d'Avignon, à Barbentane. C'est l'époque où il épouse Gil, où il vit de travaux alimentaires le jour, peignant la nuit. En 1953-1954, le détachant d'une courte tentation cubiste initiée par Picasso, apparaissent dans ses tableaux les larges cernes noires dont il va durablement entourer les objets et qui demeurent aujourd'hui la caractéristique la plus connue de son œuvre, interprétées aussi comme la recherche de ce « réalisme nouveau » dans la libre réminiscence des théories de Bertold Brecht et dont il s'expliquera dans un écrit, Manifeste du nouveau réalisme. Le marchand de tableaux Emmanuel David raconte comment alors, intéressé par Franz Priking, il est venu spécialement de Paris pour frapper à sa porte et entamer une collaboration qui durera jusqu'en 1979. C'est en 1958 que Franz Priking acquiert la maison médiévale d'Oppède (no 5, place de la Croix) dont pendant des années il va entreprendre la restauration, « transformant ce vaste cellier en nef gothique », aménageant toutefois son atelier « dans la montagne, à cheval entre la vigne et la pinède », « hors du village, dans une ferme isolée, à demi-ruinée, où il trouve le recueillement et le quasi-dénuement dont il a besoin pour créer ». Une autre relation durable se noue alors avec la galerie de Philippe et Madeleine Ducastel, à Avignon. En 1970, après une brève période abstraite, le symbolisme s'introduit dans l'œuvre de Franz Priking qui était jusqu'alors de pure représentation (nus, natures mortes, paysages) et qui va se constituer de cavalières ailées à tête d'aigle, de rochers en lévitation, de paysages emprisonnés sur des ilots flottant dans l'espace, les perspectives étant affirmées par des géométries (cercles, lignes droites, rectangles, triangles) s'y superposant, l'artiste reformulant ainsi son « principe d'une conception structurée que l'on obtient par une construction mathématique à l'intérieur d'une pensée précise ». Franz Priking meurt le 10 juin 1979, à quelques semaines de son exposition rétrospective faisant la saison estivale du château de Val, à quelques semaines aussi de ses cinquante ans. Sa toile Le château de Val, conservée au château, est son dernier tableau. Expositions particulières Galerie de l'Hôtel de l'Europe, Avignon, juillet-août 1953. Galerie Motte, Genève, 1954. Galerie Drouant-David, Paris, novembre 1957. Galerie Drouant, Paris, 1959, 1965. Galerie Tooth, Londres, 1958. Galerie de Francony, Nice, juin 1959. Galerie de la Colombe, Vallauris, 1960. Musée Galliera, janvier-mars 1962. Galerie Martin Caille, Paris et Aix-en-Provence, 1962. Galerie Ducastel, Avignon, 1965, 1969, 1970. Galerie La Vitrina Curiazzi, Rome, 1968. Galerie Emmanuel David, Paris, 1969, 1970, 1972, 1974. Galerie Isy Brachot, Bruxelles, 1973. Galerie Hélène Trintignan, Montpellier, octobre-novembre 1977. Palais du Roi de Rome, Rambouillet, 2000. Hôtel Atrium, Arles, juin-juillet 20038. Château de Val, Lanobre, été 19797. Expositions collectives Jeune peinture internationale, Musée Réattu, Arles, 1952. La collection Julius Fleischmann, Contemporary Arts Center, Cincinnati, janvier 19599. Salon de l'Enclave, Valréas, 1966. Biennale internationale des antiquaires, Grand Palais, Paris, 1967. Biennale de Menton, 1970. Salon d'automne, Paris, 197210. Quatrième biennale internationale d'art graphique, Florence, 1976. Meubles-tableaux, Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, Paris, 1977. L'expressionnisme de l'après-guerre en cinquante tableaux - Bernard Buffet, Jean Dannet, André Fougeron, Franz Priking, Gaston Sébire, Galerie Drouant, Paris, mars 1092. Rétrospective vingt années d'exposition, Galerie Ducastel, Théâtre Louis-XIV de la place Crillon, novembre 1982. Galerie Sourillan, Toulouse, 2001, 2003, 2011. Promenades impressionnistes, trentième anniversaire de la galerie, collection Janet Greenberg, Galerie Martin Caille, Avenue Matignon, Paris, 200411. De Cuno Amiet à Zao Wou-Ki, le fonds d'estampes Pierre et Nane Cailler, Musée d'art de Pully, février-avril 2013. Focus sur la peinture méridionale, Galerie Jean-Claude Réno, Montpellier, décembre 2013 - janvier 201413. Quarante ans d'exposition, Château de Val, Lanobre, été 20147. Hommage aux peintres français d'après-guerre : Georges Laporte, Frédéric Menguy, Franz Priking, Louis Toffoli, Espace Rex, La Baule, août 2016. Expositions non datées: Biennale de São Paulo, Salon Comparaisons, Salon des peintres témoins de leur temps, Salon d'art contemporain de Tokyo. Réception critique « Ce franc-tireur des rythmes et des harmonies fortes évoque le monde qui l'entoure à travers son tempérament, donnant aux apparences un relief saisissant, une densité accrue, une présence envoûtante. Il ne déforme pas le réel, il l'intensifie. Il promène sur la création un regard neuf et pathétique... Ce qui distingue son style, c'est la tension intime, la spontanéité du jaillissement chromatique, la concision nerveuse de l'écriture, la beauté de l'enrythmie, la puissance du dialogue entre le visible et l'impénétrable, l'affirmation sereine de certitudes décisives. » - André Weber « La pâte toujours généreuse est posée avec une grande sureté. Sans refuser les séductions du décor, Priking se soumet très facilement aux lois de la surface plane; sa vision clairement figurative transparaît dans une recherche toujours visible du volume de l'espace, des effets de lumière et des sensations de la matière. Généralement grave et statique, la peinture de Priking peut néanmoins atteindre une violence et un dynamisme qui renouvellent sa vision de la nature. Il suggère alors l'élan vital de l'olivier par l'étirement excessif des branches, la nervosité de la touche, la réalité palpitante de la matière picturale qui fuse et tournoie, fixant en une mystérieuse alchimie la fougue irrésistible de la main. » - Florence Servas « Priking ! Oui, un des meilleurs peintres de notre époque... » Emmanuel David (Galerie Drouant-David, puis Galerie Emmanuel David), Le métier de marchand de tableaux, Éditions France-Empire, 1978. Sur Franz Priking, voir pages 145 à 148. « Le ton réservé, l'expressionnisme grave d'un peintre allemand qui, à 24 ans, choisit de vivre à Paris et en Provence. Son graphisme solide, mais solidement marqué, ses natures mortes, ses marines et ses paysages purs de tout intellectualisme retiennent le spectateur par une sorte de puissance contenue. » - Gérald Schurr Prix et distinctions Prix de la Jeune Peinture, 1958. Membre de l'Institut international des Arts et Lettres de Genève, 1961. Membre honoris causa (médaille d'argent) de l'Académie internationale Tommaso Campanella, Rome, 1970. Prix de l'Union méditerranéenne d'art moderne, 1972. Musées et collections publiques Musée national d'art moderne, Paris. Musée Calvet, Avignon, Nature morte fond rouge, 1965. Château de Val, Lanobre, Le château de Val7. Musée du Vatican, Rome, Notre-Dame de Paris. Musée d'art de Pully (Suisse)16. Musée national des beaux-arts de Santiago (Chili). Musée de Santa Fe (Nouveau-Mexique). Art Museum of South Texas, Corpus Christi, Texas. Musée d'art contemporain de San Diego, Californie. Lowe Art Museum, Coral Gables (Floride)17. Los Angeles County Museum, Los Angeles. Museum of Modern Arts, Cincinnati, Ohio. Academy Art Museum, Easton (Maryland). Phoenix Art Museum, Phoenix (Arizona). Université de l'Alabama, Tuscaloosa. Easton Montana College, Montana. George Peabody College, Nashville, Tennessee. Colby College, Waterville (Maine). Université de Pennsylvanie. Université du Minnesota, Minneapolis. Université de Colgate, Hamilton (État de New York). Rowan University, Glassboro, New Jersey. State University of New York at Geneseo. Fulton-Montgomery Community College, Johnstown (New York). Université de Jamestown (Dakota du Nord). Franklin and Marshall College, Lancaster (Pennsylvanie). Belhaven College, Missouri. Lincoln University, Lincoln City, Pennsylvanie. Université de Syracuse, New York. Université Northwood, Midland (Michigan). Université Fairleigh-Dickinson, Madison (New Jersey). Université Rutgers, New Brunswick (New Jersey). Saint James School, Manchester (Connecticut). |