Francis Bacon est un peintre anglais né le 28 octobre 1909 à Dublin et mort le 28 avril 1992 à Madrid.
Son écriture reconnaissable fait de lui un des plus grands créateurs du XXème siècle, son oeuvre mélange la violence, la cruauté, la tragédie humaine.
L’œuvre de Francis Bacon se déploie en grands triptyques mettant en scène sa vie, ses amis, son admiration pour Diego Vélasquez, Vincent van Gogh ou Pablo Picasso, ou par des portraits torturés, comme pliés dans la texture de la toile, de ses amis Michel Leiris, Mick Jagger, etc...
Nous remercions le Musée Guggenheim de Bilbao pour cette biographie élaboré dans le cadre de l'exposition organisée au Guggenheim Bilbao en collaboration avec le Grimaldi Forum Monaco du 30 septembre 2016 au 8 janvier 2017.
Décennie 1910
Francis Bacon est né à Dublin le 28 octobre 1909, deuxième des cinq enfants de parents anglais installés en Irlande mais sans ascendance irlandaise.
La guerre d’Indépendance (1919–1921) et la guerre civile (1922–23) créent un climat de violence dans les zones rurales et les propriétaires terriens protestants sont durement touchés.
Francis Bacon
Étude pour autoportrait (Study for Self-Portrait), 1976
Huile et pastel sur toile 198 x 147,5 cm
Art Gallery of New South Wales, acquisition 1978
© The Estate of Francis Bacon. Tous droits réservés
DACS/VEGAP, Bilbao, 2016
Photo : © Jenni Carter, Viscop
Décennie 1920 Bacon vit à Berlin sa première expérience culturelle forte. C’est là certainement qu’il a vu Le cuirassé Potemkine (1925), de Sergueï Eisenstein ; son oeuvre révèlera plusieurs décennies plus tard la profonde impression causée par ce film au jeune Bacon. Par la suite, il s’établit en France. La contemplation du Massacre des innocents (ca. 1628–29), de Nicolas Poussin, au Musée Condé (château de Chantilly) de nouveau le marque fortement : la mère qui crie en essayant de protéger son bébé est restée à jamais gravée dans sa mémoire. Selon Bacon, il s’agit « probablement du meilleur cri humain qui ait jamais été peint ». Plus tard son obsession pour une unique image de la production d’un artiste deviendra évidente. |
Francis Bacon Composition (Figure) [Composition (Figure)], 1933 Pastel, plume et encre sur papier marouflé sur carton 53,5 x 40 cm Collection Abelló, Madrid © The Estate of Francis Bacon. Tous droits réservés DACS/VEGAP, Bilbao, 2016 |
Décennie 1930 À Londres, il se lance dans ses premiers travaux à l’huile. L’artiste australien post-cubiste Roy de Maistre aide le novice en lui dispensant une certaine formation technique. Un de ses premiers mécènes est le riche Eric Hall, un homme marié avec lequel il maintiendra une relation clandestine pendant plus de 15 ans. À l’été 1936, son oeuvre est refusée à l’Exposition internationale Surréaliste de Londres pour n’être pas « suffisamment surréaliste ». Rares sont les tableaux qui ont survécu à cette période. L’artiste en a détruit la plupart, un mode de « rectification » auquel il a eu souvent recours pendant une grande partie de sa carrière, mais surtout pendant ces trois premières années. |
Francis Bacon ‘Furie’ (‘Fury’), ca. 1944 Huile et pastel sur aggloméré 94 x 74 cm Collection particulière © The Estate of Francis Bacon. Tous droits réservés DACS/VEGAP, Bilbao, 2016Photo : Prudence Cuming Associates Ltd |
Décennie 1940 Bacon était fasciné par les poèmes de T. S. Eliot, et son oeuvre théâtrale La Réunion de famille le conduit à découvrir L’Orestiade d’Eschyle, qui devient pour lui une source d’idées et de sensations encore plus fertile, comme l’attestent ses peintures. Fin 1943, Bacon s’installe dans un appartement qui donne directement sur la rue au numéro 7 de Cromwell Place, à South Kensington, qui avait appartenu autrefois au peintre préraphaélite John Everett Millais. Là, il termine une toile qui va lui valoir une célébrité internationale, Trois études de personnages au pied d’une crucifixion (Three Studies for Figures at the Base of a Crucifixion, Tête I (Head I , 1948), à la palette limitée au gris et au noir, constitue toute une déclaration d’intention pour un artiste qui commence à travailler dans la hâte. Ses oeuvres postérieures découlent de celle-ci : il peint sur le « mauvais » côté de la toile, sans apprêt, et découvre que l’application de l’huile sur le tissu non apprêté crée un effet plus nerveux, rehausse la texture et permet à la surface d’absorber des couches plus fines de peinture. Il trouve là une technique qui convient parfaitement à son tempérament et l’adopte définitivement. |
Francis Bacon ‘Étude d’après Vélasquez’ (‘Study after Velazquez’),1950 Huile sur toile 198 x 137 cm Collection particulière © The Estate of Francis Bacon. Tous droits réservés DACS/VEGAP, Bilbao, 2016 Photo : Prudence Cuming Associates Ltd. |
Décennie 1950 En 1951 et de nouveau en 1952, Bacon se rend en bateau en Afrique du Sud, pays où réside sa mère depuis la mort de son père. Les animaux sauvages qu’il voit glisser entre les grandes herbes
En 1954, il expose au pavillon britannique de la Biennale de Venise avec Ben Nicholson et Lucian Freud. Pendant son séjour à Rome, il refuse de voir le tableau Le pape Innocent X de Vélasquez. Sa première exposition individuelle à New York a lieu en 1953, à la galerie Durlacher Brothers, et en Paris, en 1957, à la galerie Rive Droite. Pendant une grande parte des années cinquante, le peintre se soumet au sadisme névrotique de Peter Lacy, ancien pilote de la RAF avec lequel il noue une turbulente relation. Lorsque Lacy déménage à Tanger au milieu de ces années-là, Bacon le suit et, en 1956, sur la route du Maroc, visite pour la première fois le Prado. En 1957, Bacon modifie sa technique picturale et son emploi de la couleur. Dans les toiles réalisées sous l’influence de Van Gogh, il s’inspire également des oeuvres de Céret de Chaïm Soutine et de la lumière resplendissante du Maroc. Ces créations signifient une rupture décisive et permanente avec les formes fantasmagoriques et les fonds sombres caractéristiques de son travail de la première moitié des années cinquante. En octobre 1958, il signe un contrat avec Marlborough Fine Art. |
Francis Bacon Trois études pour une crucifixion (Three Studies for a Crucifixion), 1962 Huile sur toile, triptyque 198,1 x 144,8 cm, chacun Solomon R. Guggenheim Museum, New York, 64.1700 © The Estate of Francis Bacon. Tous droits réservés DACS/VEGAP, Bilbao, 201 |
Décennie 1960 En 1961, il s’installe au 7, Reece Mews (South Kensington), une ancienne écurie reconvertie en maison—très proche de son ancien atelier de la rue Cromwell—qui va devenir l’espace le plus important de sa vie : il y crée son premier triptyque à grande échelle, Trois études pour une crucifixion (Three Studies for a Crucifixion, 1962). Au cours des trois décennies qui vont suivre, Bacon utilise ce format pour aborder ses thèmes les plus ambitieux et grandioses. En mai 1962, Trois études pour une crucifixion est exposé à sa grand rétrospective à la Tate Gallery ; lors du vernissage, un télégramme lui annonce la mort de Lacy à Tanger. En 1963, il peint Paysage près de Malabata, Tanger (Landscape near Malabata, Tangier), un tableau sombre et ambigu, réalisé en hommage à l’endroit où Lacy est enterré. Vers la fin de 1963, George Dyer entre dans la vie de Bacon, ainsi que dans sa peinture de l’époque. La photographie devient un médium indispensable pour Bacon, en lui permettant de capter la vitalité des modèles tout en conservant une certaine distance. Le peintre a recours surtout aux images que John Deakin prend de Dyer et d’autres amis intimes. Alberto Giacometti est à l’époque un des rares artistes vivants pour lesquels Bacon sent un grand respect, même si ses éloges vont surtout à ses dessins. Ils se voient plusieurs fois en 1965, alors que Giacometti prépare sa rétrospective à la Tate, mais la mort de Giacometti l’année suivante met fin à leur amitié. |
Francis Bacon Trois études de personnages couchés sur un lit (Three Studies of Figures on Beds), 1972 Huile et pastel sur toile Trois panneaux, 198 x 147,5 cm chacun Esther Grether Family Collection © The Estate of Francis Bacon. Tous droits réservés. DACS/VEGAP. Bilbao, 2016 Photo : Bildpunkt AG, Münchenstei |
Décennie 1970 En 1971, deux nuits avant le vernissage de la grande rétrospective de Bacon au Grand Palais de Paris—un honneur exceptionnel pour un peintre vivant—, Dyer décède subitement d’une surdose d’alcool et de barbituriques. L’intensité du deuil vécu par Bacon est perceptible dans toute une série de peintures. Pendant ces années-là, Bacon fait de longs séjours à Paris, où il dispose d’un atelier à partir de 1975. Le petit portrait de l’écrivain et critique surréaliste français Michel Leiris qu’il peint en 1976, plein de perspicacité et de subtilités, est l’une de ses meilleures oeuvres. Au milieu des années soixante-dix, il rencontre John Edwards, un séduisant jeune homme du East End londonien avec lequel il noue une relation essentiellement paternelle. En 1978, il présente pour la première fois son oeuvre en Espagne, à la Fondation Juan March (Madrid) et à la Fondation Joan Miró (Barcelone). |
Francis Bacon Étude pour autoportrait (Study for Self-Portrait), 1981 Huile, pastel et letraset sur toile 198 x 147,5 cm Collection particulière © The Estate of Francis Bacon. Tous droits réservés DACS/VEGAP, Bilbao, 2016 Photo : Prudence Cuming Associates Ltd |
Décennie 1980 Les expositions individuelles et les rétrospectives de l’oeuvre de Bacon s’enchaînent : Tokyo, Kyoto et Nagoya en 1983 et Washington D. C. en 1989. En 1985, à l’occasion de sa grande rétrospective à la Tate Gallery de Londres, le directeur de cette institution déclare que Bacon est « l’artiste vivant le plus important ». Trois ans plus tard, Bacon devient le premier plasticien occidental auquel est consacrée une grande exposition en Union Soviétique. Bacon reprend la création de paysages—qu’il avait abandonnée après les toiles inspirées de Van Gogh en 1957—en réduisant son langage pictural à l’essentiel. |
Francis Bacon Étude d’un taureau (Study of a Bull), 1991 Huile, peinture en aérosol et poudre sur toile 198 x 147,5 cm Collection particulière, Londres © The Estate of Francis Bacon. Tous droits réservés DACS/VEGAP, Bilbao, 2016 Photo : Prudence Cuming Associates Ltd |
Décennie 1990 Au cours de ses dernières années, malgré la dégradation de sa santé, Bacon vit une relation passionnée avec un jeune espagnol cultivé, dont il fait la connaissance en 1987. En 1990, il visite la rétrospective sur Vélasquez au Prado. En 1992, revenu à Madrid contre l’avis de son médecin, il tombe gravement malade quelques jours plus tard et doit être hospitalisé. Il décède d’une attaque cardiaque à l’hôpital le 28 avril. |