Dado Galerie Jeanne Bucher Jaeger Paris

Le Musée Privé Magazine d'Art Moderne et Contemporain

DADO
Mémoire épidermique
Exposition du 12 mai au 18 juin 2016

signature du recueil d’entretiens de l’artiste, Peindre Debout,
avec la participation de Daniel Cordier et Jean-François Jaeger
le samedi 4 juin à 11 h
Espace Marais - 5 et 7, rue de Saintonge - 75003 Paris
Espace St Germain - 53, rue de Seine - 75006 Paris

T. +33 (0)1 42 72 60 42
info(at)jeannebucherjaeger.com
www.jeannebucherjaeger.com

Cette exposition présente des peintures, collages, dessins et estampes de  Dado des années 70. Miodrag Djuric, dit DADO (1933-2010), établi en France à partir de 1956, est très tôt repéré par Jean Dubuffet et Daniel Cordier, son premier marchand. Arrivé à la galerie grâce à François Mathey et aux amis collectionneurs Boulois, Dado est présenté à quatre reprises entre 1971 et 1975.

Dado, Boukoko triptyque, 1975. Huile sur toile, 162 × 454 cm.  Courtesy Jeanne Bucher Jaeger, Paris. Photo : Jean-Louis Losi.

Dado, Boukoko triptyque, 1975. Huile sur toile, 162 × 454 cm.
Courtesy Jeanne Bucher Jaeger, Paris. Photo : Jean-Louis Losi.

L’exposition a été conçue en écho à la publication, le 13 juin 2016, du recueil d’entretiens de l’artiste, Peindre debout, chez l’Atelier contemporain (François-Marie Deyrolle). Richement illustré, cet ouvrage réunit pour la
première fois 23 entretiens menés au long de quatre décennies avec l’artiste monténégrin. Cette édition, préfacée par Anne Tronche, a été établie et annotée par la fille de l’artiste, Amarante Szidon. Outre la Maison Rouge
et la Halle Saint-Pierre, une signature de l’ouvrage est prévue dans l’espace St Germain de la galerie le 4 juin prochain, avec la participation de Daniel Cordier et de Jean-François Jaeger.
Dado dans son atelier. Fonds d’archive de la galerie  Jeanne Bucher Jaeger, Paris. Photo : Chastenet
Dado dans son atelier. Fonds d’archive de la galerie
Jeanne Bucher Jaeger, Paris. Photo : Chastenet

Extrait de la Préface
D’anne Tronche Pour PEINDRE DEBOUT

(…) « La création est une vengeance exercée contre soi. »

Qui pourrait affirmer ou suggérer une telle idée, si ce n’est un créateur ayant mesuré, au cours de son expérience personnelle, à quel point les oeuvres peuvent être  utilisées par ceux qui les commentent pour renforcer bon
nombre d’illusions idéalistes ? Les entretiens auxquels s’est livré Dado, selon un rythme irrégulier, durant une cinquantaine d’années ont ceci d’exceptionnel : ils font apparaître le champ de l’art comme un terrain de lutte.

Selon des modalités différentes, ils affirment que la liberté du créateur ne se fonde que dans la transgression des tabous moraux, esthétiques et économiques de son époque. L’audace stylistique, le dévergondage de la pensée, de même que l’émotion ressentie devant un événement minuscule demeurent, de son point de vue, les seules chances pour conduire sans prétention dogmatique une oeuvre à accomplir. Au cours de ces rencontres, Dado, qui sait jouer de la reconnaissance qu’il a acquise pour déborder toujours davantage les limites dans lesquelles on voudrait l’enfermer, s’affirme plusieurs fois « hérétique » ou « rebelle ».

Hérétique, il l’est certainement. Arrivé à Paris en 1956, dans une époque où l’abstraction dominait, il a pu mesurer la résistance qui lui fut nécessaire pour situer son expression hors des modes et des tendances majoritaires. Un affranchissement aussi complet des valeurs culturelles dominantes n’a pas beaucoup d’exemples. Et il faut reconnaître que Dado manifeste avec une évidente intrépidité à quel point lui sont précieux les droits illimités de l’indépendance d’esprit.
En l’écoutant – fréquemment la restitution des entretiens est laissée dans la vérité abrupte des paroles prononcées, si bien que l’on entend quand on l’a connu, ce qui est mon cas, la tessiture de sa voix –, nous ressentons la nervosité aiguë de ses peintures. Comme si les paroles prononcées étaient la caisse de résonance où tracés, couleurs, signesinterrompus atteignaient leur plus précise portée. (…)

À la lecture de ces entretiens, on comprend, si on ne l’avait déjà soupçonné, que Dado a fait de sa peinture un lieu de rencontre pour des volontés qui pourraient sembler antagonistes, alors qu’elles sont complémentaires : celle d’écrire son propre corps, sa propre angoisse corporelle devant la mort, et celle d’agrandir son propre champ de vision pour dire les rapports de force qu’entretient la pensée avec des visions venues d’ailleurs. (…)

Anne Tronche

 

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