Cette rétrospective, première grande exposition consacrée à Niki de Saint Phalle depuis vingt ans, présente toutes les facettes de l’artiste qui fut à la fois peintre, assemblagiste, sculpteure, graveuse, performeuse et cinéaste expérimentale, et renouvelle profondément le regard posé sur son travail. Plus de 200 oeuvres et archives dont beaucoup sont inédites émaillent un parcours de 2000 m2 à la fois chronologique et thématique, ponctués d’écrans montrant l’artiste commentant son travail. Des maquettes de projets architecturaux et une sculpture-fontaine (L’Arbre Serpents Fontaine) devant l’entrée du Grand Palais, permettront d’évoquer l’ampleur et la diversité de son oeuvre publique. |
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Photo entrée exposition Niki de Saint-Phalle Grand Palais -photo Patrick H. Reynolds |
Une artiste franco-américaine
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Née en France où elle passera une grande partie de sa vie mais élevée aux États-Unis et choisissant d’y passer la fin de sa carrière, elle ne cessera de voyager entre ses deux pays d’origine et d’en réconcilier les tendances artistiques. Connue comme la seule artiste femme du Nouveau Réalisme en France, on a oublié que c’était aussi une artiste américaine - dont les oeuvres sont à replacer dans une histoire des Combine Paintings Néo Dada - au côté de Jasper Johns et Robert Rauschenberg, mais aussi à l’origine du Pop Art dont son approche renouvelle la lecture. Le multiculturalisme - les références à l’art des natifs d’Amérique et à la civilisation mexicaine, la question raciale et la critique de la politique de Georges Bush sont autant de sujets américains qui caractérisent ses dernières oeuvres. |
La première artiste féministe
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Articuler une vie de femme avec une vie d’artiste, renouveler la représentation du corps féminin et de l’érotisme, réinterpréter les grandes figures mythiques, interroger le rôle de la femme dans la société et en proposer un autre sont autant de thèmes contenus dans son travail dès la fin des années 50 et qui seront récurrents jusqu’à la fin de la vie. Fille, épouse, mère, guerrière, sorcière et déesse, pour n’en citer que quelques-unes, sont autant de facettes ou d’interprétations possibles des fameuses « Nanas » qui sont autant d’autoportraits, à la fois réels et fantasmés, de l’artiste et de la femme contemporaine. De fait, les séries successives des Mariées, Accouchements, Déesses puis après les Nanas, des Mères dévorantes, recréent une véritable mythologie féminine. S’y ajoutent les performances, les textes et les déclarations de l’artiste, le contenu des longs métrages : autant de preuves pour réhabiliter Niki de Saint Phalle comme la première grande artiste féministe du XXe siècle. |
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Saint Sébastien (Portrait of My Lover / Portrait of My Beloved / Martyr nécessaire) début 1961 100 x 74 x 15 cm peinture, bois et objets divers sur bois Sprengel Museum, Hanovre, donation de l’artiste en 2000 © 2014 Niki Charitable Art Foundation, All rights reserved / Photo : Laurent Condominas |
Une artiste engagée
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Le féminisme n’est qu’un élément de sa lutte précoce et constante contre les conventions et les carcans de la pensée. Chacune de ses oeuvres comporte plusieurs niveaux de lecture et d’interprétation dont on a souvent omis le caractère politique au profit d’une lecture décorative et superficielle de son oeuvre. Aller au-delà, c’est reconnaître par exemple aux « Tirs » toute leur puissance subversive. Ces performances, où des tableaux étaient détruits à la carabine par l’artiste ou le public invité, furent à la fois fondatrices dans l’histoire du happening et particulièrement scandaleuses car orchestrées par une femme. Dirigés contre une vision de l’art, une idée de la religion, une société patriarcale, une situation politique où guerre froide et guerre d’Algérie s’entremêlent, un pays – les États-Unis – où le port d’arme est légalisé, les Tirs sont à l’image de son oeuvre ultérieure, qui se nourrit presque toujours de questionnements sociétaux. Niki de Saint Phalle fut l’une des premières artistes à aborder la question raciale et à défendre les droits civiques puis un multiculturalisme américain ; une des premières aussi à utiliser l’art pour sensibiliser le grand public aux ravages du sida |
A l’avant-garde d’un art public
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Première femme à s’imposer dans l’espace public à l’échelle mondiale, Niki de Saint Phalle a eu le souci très tôt de s’adresser à tous, bien au-delà du seul public des musées. Le choix d’un art public est à voir comme un choix politique ; il est précoce puisqu’elle en fait une direction essentielle de ses recherches dès le milieu des années 60. Projets architecturaux et sculptures monumentales se suivent ensuite tout au long de sa carrière : fontaines, parcs pour enfants, jardins ésotériques et maisons habitables sont parmi ses plus importantes réalisations. Central et majestueux, le Jardin des Tarots est son oeuvre majeure, qu’elle a entièrement financé elle-même, en partie grâce au développement d’éditions ; un parfum, du mobilier, des bijoux, des estampes, des livres d’artistes. Dans le prolongement de l’exposition, la RMN-Grand Palais et le CENTQUATRE-PARIS présentent la Cabeza du 17 septembre 2014 au 1er février 2015.
commissariat général : Camille Morineau, conservateur du patrimoine et Lucia Pesapane, assistante de conservation. scénographie : Atelier Maciej Fiszer assisté de Thimothée Ma Mung. |
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Leaping Nana - Planche de Nana Power 1970 76 x 56 cm sérigraphie sur papier vélin d’Arches Sprengel Museum, Hanovre, donation de l’artiste en 2000 © 2014 Niki Charitable Art Foundation, All rights reserved |
Chronologie
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29 octobre 1930. Naissance de Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle (dite Niki) à Neuilly-sur-Seine. La famille s’installe à New York, où Marie-Agnès fréquente l’école religieuse du Sacré-Coeur. 1948. Niki travaille comme mannequin. Des photos d’elle paraissent dans Vogue, Harper’s Bazaar et en couverture de Life Magazine. 1949. Mariage à New York avec Harry Mathews, futur écrivain oulipien. 1950. Le couple s’installe à Cambridge, Massachusetts. Niki de Saint Phalle commence à peindre ses premières huiles et ses premières gouaches. 1951. Naissance de leur fille Laura. 1952. Niki et Harry cherchent à fuir le climat répressif de la société américaine instauré par Mc Carthy et s’installent à Paris. 1953. À la suite d’une grave crise nerveuse, l’artiste est hospitalisée à Nice. Les médecins diagnostiquent une schizophrénie et lui font subir une série d’électrochocs et un traitement à l’insuline. 1955. Niki découvre l’oeuvre de l’architecte Antoni Gaudí et le parc Güell à Barcelone. Naissance de leur second enfant, Philip. 1956. Première exposition personnelle à la galerie Gotthard à Saint-Gall, en Suisse. Niki fait la connaissance de Jean Tinguely et de sa femme, Eva Aeppli, qui habitent l’impasse Ronsin, à Montparnasse. 1960. Séparation d’avec Harry Mathews. Niki s’installe impasse Ronsin avec Jean Tinguely. 1961. Première séance de tir. Il s’agit de tirer à la carabine sur des reliefs couverts de plâtre et de faire éclater, cachés sous le plâtre, des sachets de couleur qui éclaboussent le tableau. Pierre Restany invite l’artiste à se joindre au groupe des Nouveaux Réalistes. Exposition « Feu à volonté » à la galerie J à Paris. 1962. Voyage aux États-Unis, où Niki se lie d’amitié avec les artistes néo-Dada américains. 1965. Premières Nanas en tissu et laine, puis en résine ou en plâtre peint. 1966. Niki est invitée par Pontus Hultén à installer une Nana monumentale, Hon (« Elle » en suédois), dans l’entrée du Moderna Museet à Stockholm. 1967. Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely réalisent Le Paradis fantastique pour le pavillon français d’« Expo 67 » à Montréal. Première exposition dans un musée, au Stedelijk Museum à Amsterdam, intitulée « Les Nanas au pouvoir ». 1968. Exposition « Dada, Surrealism, and Their Heritage » au MoMA à New York. Saint Phalle est l’une des quatre femmes présentes. Construction dans le sud de la France du Rêve de l’oiseau, premier projet d’architecture en grandeur réelle. 1970. Inauguration à Milan du troisième et dernier festival des Nouveaux Réalistes. Niki de Saint Phalle tire sur les crucifix et les Vierges d’un assemblage-autel de 3 mètres de haut. 1971. Nouvelle série d’oeuvres sur le thème des Mères dévorantes, sculptures qui, après les Nanas, donnent de la femme une image plus critique. 1972. Construction à Jérusalem de la première architecture pour enfants, le Golem. Tournage du long-métrage Daddy. 1973. À Knokke-le-Zoute, en Belgique, Niki de Saint Phalle construit Le Dragon de Knokke. 1974. Niki de Saint Phalle installe à Hanovre trois Nanas monumentales nommées Caroline, Charlotte et Sophie en l’honneur des reines de la ville. 1975. Second long-métrage, Camélia et le dragon. Un rêve plus long que la nuit. 1978. Début des travaux du jardin des Tarots, en Toscane. 1979. L’artiste entreprend une nouvelle série de sculptures semblables à des squelettes, les Skinnies. 1980. Présentation des premières éditions de meubles, d’objets décoratifs et d’un parfum. Les recettes financeront un tiers du jardin des Tarots. Première exposition rétrospective en France, au Centre Georges-Pompidou. 1983. Construction de la Fontaine Stravinsky à Paris. Les travaux au jardin des Tarots se poursuivent. L’artiste emménage dans le ventre de l’Impératrice, qu’elle transforme en habitation. Erection de Sun God, une sculpture représentant un grand oiseau aux ailes déployées, sur le campus de l’université de Californie à San Diego. 1984. Engagement dans la lutte contre le sida. 1988. Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely inaugurent la fontaine qu’ils ont conçue pour la place de la mairie de Château-Chinon. 1992. Rétrospective organisée par Pontus Hultén à Bonn. L’exposition se tiendra par la suite à Glasgow et au musée d’Art moderne de la Ville de Paris. 1993. Niki quitte la France pour s’installer à La Jolla en Californie. 1994. Publication de son livre de mémoires, Mon secret, dans lequel elle dévoile avoir été violée par son père à l’âge de onze ans. Ouverture du musée Niki à Nasu, Japon. 1996. Construction de Gila, une maison pour enfants en forme de lézard dans une propriété privée à Rancho Santa Fe, en Californie. 1998. Réalisation de la série de sculptures des Black Heroes, en hommage à plusieurs personnalités de la communauté afro-américaine. Ouverture au public du jardin des Tarots. 1999. Remise du Praemium Imperial, décerné par la Japan Art Association. 2000. Donation d’une partie importante de ses oeuvres au musée Sprengel à Hanovre. 2001. Donation d’une autre partie de ses oeuvres au musée d’Art contemporain de Nice. Inauguration à Jérusalem du jardin de sculptures L’Arche de Noé, réalisé avec l’architecte Mario Botta. 2002. Mort de l’artiste des suites d’une insuffisance respiratoire chronique à l’âge de soixante et onze ans. 2003. Ouverture à Escondido, en Californie, du parc Queen’s Califia Magic Circle. |
ouverture : tous les jours sauf le mardi de 10h à 22h. Fermeture à 20h les dimanches et lundis tarifs : 13 €, 9 € TR (16-25 ans, demandeurs d’emploi, famille nombreuse). Gratuit pour les moins de 16 ans, bénéficiaires du RSA et du minimum vieillesse. accès : métro ligne 1 et 13 « Champs-Elysées-Clemenceau » ou ligne 9 « Franklin D.Roosevelt. informations et réservations : www.grandpalais.fr
publications aux éditions de la Réunion des musées nationaux - Grand Palais, Paris 2014 : - catalogue de l’exposition, 24,5 x 29 cm, 384 p., relié, 390 ill., 50 € - album de l’exposition : Nanas, mères, déesses les femmes de Niki de Saint Phalle, Camille Morineau, 21 x 26,5 cm, 48 p., broché, 40 ill., 10 € - Niki de Saint Phalle, l’expo, 14,5 x 19,6 cm, 352 p., 220 ill., broché, 12 € - Le Petit dictionnaire Niki de Saint Phalle en 49 symboles, Lucia Pesapane: 12,3 x 16,7 cm, 128 p., broché, 60 ill., 12 € - application de l’exposition, pour smartphones Androïd et iPhone
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