BERNARD LORJOU
La Couleur comme un CRI par Junko Shibanuma
Présidente de l’Association Bernard Lorjou2 Décembre au 12 Février 2017
Château de Tours
Avenue André Malraux
37000 TOURSSous ce titre bien expressif, la Ville de Tours organise, en collaboration avec l’Association Bernard Lorjou, une grande rétrospective de Bernard Lorjou dans son Château du 25, avenue André Malraux. Elle aura lieu du 2 décembre 2016 au 12 février 2017 en réunissant une cinquantaine de peintures, quinze dessins et douze portraits photographiques de l’artiste. Belle occasion de découvrir et redécouvrir l’œuvre de cet artiste qui fascine le public à la fois par ses thèmes et par son art haut en couleur.
Né le 9 septembre 1908 à Blois, Bernard Lorjou est un enfant de la douce Vallée de la Loire où les rois de France ont bâti leurs châteaux. Son tempérament est, cependant, loin d’être l’image de cette douceur. C’est un enfant impossible, cancre et bagarreur ; seule la classe du dessin saura le maintenir en place. A la sortie de l’école communale, ses parents, bien que de condition modeste, le laissent tenter l’examen de l’Ecole des Arts décoratifs de Paris. C’est un échec. Il commence alors, seul, son apprentissage de peintre, dans le Paris des années 20, gagnant sa vie, après plusieurs mois de galère, comme dessinateur chez le soyeux Ducharne. Il y rencontre la femme de sa vie, Yvonne Mottet qui partage avec lui l’aspiration à devenir un grand peintre. Ils entament alors, tous les deux, un long processus d’apprentissage, jusqu’en 1931 où, en visite au Musée du Prado de Madrid, Lorjou est totalement subjugué par la peinture de Goya dont il se réclamera durant toute sa vie.Bernard Lorjou
Pigeons de Montmartre - 1983
Huile et acrylique sur toile 162 x 130 cm
Bernard Lorjou Afghanistan 1980 huile sur toile 150 x 250 cm |
En 1948, année où il se voit décerner le Prix de la Critique, il crée le groupe « Homme Témoin », réunissant autour de lui et de Jean Bouret, critique d’art, de jeunes peintres épris du réalisme et de la figuration tels qu’Yvonne Mottet, Rebeyrolle, Buffet, Minaux, De Galard, Thompson, Simone Date... Dès lors, Lorjou ne cesse de proclamer la supériorité de la peinture figurative pour traduire, à l’instar de Goya, « tout ce qui est humain ». Il réalise alors de vastes toiles aux thèmes politiques et sociaux, condamnant toutes idées ou entreprises qui selon lui, vont à l’encontre du bonheur des hommes. Rares sont les galeries qui acceptent de les exposer. Lorjou s’ingénie à trouver des lieux insolites : baraque construite en plein milieu de la fête foraine de l’Esplanade des Invalides de Paris (1957), hangar installé au sein de l’exposition universelle de Bruxelles (1958), pont d’une péniche qui navigue sur la Seine (1963), exposition en plein air dans les espaces verts de Sarcelles en banlieue parisienne (1965)… |
Bernard Lorjou Le Concert - 1985 acrylique sur toile 130 x 195 cm |
Bernard Lorjou Cirque équestre - v. 1976 Huile et acrylique sur toile 130 x 162 cm |
La propension de Lorjou pour la polémique et sa virtuosité de transformer ses expositions en tribunes lui créent des ennuis, d’autant plus nombreux qu’il s’attaque avec véhémence aux défenseurs influents de la peinture abstraite alors en vogue. Cette attitude l’isole de plus en plus et les fruits de son extraordinaire créativité se dérobent aux regards de ses contemporains. Or, Lorjou compte parmi les artistes les plus féconds du siècle dernier. Son évolution esthétique est permanente, sa diversité thématique est immense ; il est indéniablement le meilleur coloriste de son temps. Lorjou est peintre, sculpteur, graveur, lithographe, céramiste et peintre-cartonnier de tapisserie. Epuisé par son long et acharné travail, Lorjou s’éteint en janvier 1986 à l’âge de 77 ans. Junko Shibanuma |