[18/06/2019]
L’art d’après-guerre et contemporain a emporté de très beaux résultats à Paris ces dernières semaines. Le succès des maîtres français – Nicolas de Staël, Pierre Soulages, Hans Hartung – n’est pas démenti et les artistes franco-chinois explosent sur un marché parisien de plus en plus attractif pour les collectionneurs internationaux. Christie’s doit d’ailleurs le succès de ses ventes à des acheteurs issus de 27 pays et Sotheby’s, de 46. Ensemble, les deux auctionneers affichent 68,3 m$ d’oeuvres vendues en trois jours (31,6 m$ pour Christie’s et 36,7 m$ pour Sotheby’s, entre le 3 et le 6 juin) et plusieurs résultats millionnaires.
Christie’s et Sotheby’s caracolent en têteNicolas DE STAËL emporte la meilleure enchère de Christie’s : 3,2 m$ pour Paysage de Vaucluse No. 3 (1953). Cette toile, vierge de toute enchère jusqu’au 4 juin dernier, multiplie par trois son estimation haute. L’année dernière à la même époque, Christie’s établissait le record français de de Staël, en cédant une toile au seuil des 10 millions de dollars (9,76m$ frais inclus), un résultat aux records obtenus à New York pour cet artiste.
Des oeuvres de Germaine Richier, de Wifredo Lam et de Pierre Soulages ont également passé le seuil des 2 m$ lors de cette vente. Les vacations contemporaines de Sotheby’s étaient, elles-aussi, conduites par un très beau Soulages (Peinture 130 x 89 cm, 2 mars 1961, 3 m$), un impressionnant mobile de Calder des années 50′ (Sans titre, 2,85 m$), un superbe Hartung de 1949 (T1949-6, 1,7 m$), une rare peinture de Zao Wou Ki de 1957 (Temps Calme, 2,175 m$). Le meilleur score revient a une composition de Dubuffet – La chaise (1964) – vendue pour 3,9 m$ le 5 juin, plus du double de son prix d’achat à New York en 2012 (1,7 m$, Christie’s NYC, 14 novembre 2012).
Ces résultats démontrent que Paris n’est pas une province du Marché mais qu’elle a une véritable place sur l’échiquier international. Le MoMA est d’ailleurs passé par l’antenne parisienne de Sotheby’s pour vendre une toile de Mark TOBEY en juin. Résultat concluant avec 850 000 $ pour cette oeuvre, soit 300 000 $ au-dessus de son estimation haute.
Artcurial signe les records français de Zao Wou ki et Chu Teh Chun
La vente d’art contemporain d’Artcurial (4 juin) récolte 20 m$, plus du double de son estimation. La moitié de ce résultat repose sur la vente de deux toiles, l’une signée par Zao Wou Ki, l’autre par Chu Teh Chun. L’oeuvre 24.1.61/62 de ZAO Wou-Ki est partie pour 5,2 m$, et celle de CHU Teh-Chun pour 5,8 m$, plus de trois fois l’estimation haute (Synthèse hivernale C (1988)). Les deux artistes franco-chinois font ainsi l’objet de nouveaux records parisiens, aussi valables pour toute l’Europe. Paris s’impose ainsi derrière Hong Kong pour la vente de ces maîtres abstraits aux cotes explosives. La réussite de ces ventes doit beaucoup à une demande internationale croissante : Artcurial dénombre 80% d’acheteurs internationaux contre 70-75% en 2016-2017. Artcurial signe au passage le plus haut prix pour une œuvre d’art contemporain vendue aux enchères en 2019 à Paris. Secteur brûlant du Marché de l’art, l’art contemporain africain se développe particulièrement bien en France. La maison Piasa s’impose sur le secteur avec des résultats en forte hausse. Sa vente du 15 mai 2019 a débouché sur un résultat record de 1,455 m$ le 15 mai dernier, ce qui constitue une hausse de +260% par rapport à sa vente spécialisée du 17 novembre 2016. Adjudications au décuple des estimations et multiplication des records, les résultats sont extrêmement convaincants, notamment pour les jeunes artistes africains, comme le démontrent les derniers records obtenus en mai pour l’Ougandais Joseph Ntensibe (43 700 $ contre une estimation basse de 9 000 $) et le Congolais Aboudia (78 600 $ contre une estimation basse de 20 000 $). Une toile du jeune Anjel (né en 1993) a également fait la surprise, en partant pour plus de 11 000 $, alors que l’artiste était inconnu sur le second marché. Cette tendance révèle une prédilection du marché français pour la découverte de nouveaux artistes africains. Et les collectionneurs sont au rendez-vous ! Le prochain événement nous emmène dans le Sud de la France, où le fameux « CARAVAGE de Toulouse » sera soumis au plus offrant le 27 juin, sous le marteau de Marc Labarbe. L’oeuvre se vend à Toulouse plutôt qu’à New York parce que « l’histoire a commencé à Toulouse » (là ou le tableau a été retrouvé) et « qu’aujourd’hui, les moyens de communications sont tels qu’un tableau peut se vendre partout dans le monde sans aucune difficulté », note l’expert Eric Turquin. Trente ans après la vente historique à Paris des Noces de Pierrette (1905) de Pablo Picasso, celle de cette impressionnante Judith et Holopherne pourrait marquer un nouveau jalon dans l’histoire du marché français. |