Galerie Le Réverbère en résonance avec la Xème Biennale de Lyon, du 10 septembre au 26 novembre 2011.
Galerie Le Réverbère
38, rue Burdeau
69001 Lyon
tel/fax : 04.72.00.06.72
www.galerielereverbere.com/index.phpKLEIN ENTRE REPETITIONS ET RUPTURES par Jean-Paul Gavard-Perret
Il existe dans l’oeuvre photographique de W. Klein une manière noire de montrer le corps, ou plutôt du corps. Avec douceur au dedans. Mais violence aussi. Il n’y a plus d’espace : les portraits sont serrés même si ça grouille en second plan.. Demeure l’avancée du corps en sa simplicité mais tel un « lieu » étranger. Il faut pourtant y faire retour d’autant qu’on en (re)connaît beaucoup sinon du visu du moins dans leur mythologie. On regarde, on tente d'apprivoiser l'image et ce qu'elle montre du corps : à savoir un grand vide. L’artiste sait le retenir en un tremblement pétrifié dans la nudité des formes.
Surgit le déchirement par la fixité des regards. Une fixité que peu de photographes semble saisir de manière aussi intense, sans concession. Un gémissement émerge, à peine audible, comme le feulement d'un coyote dans la nuit. Le corps est un désert. Dans les lieux les plus branchés comme dans les rues anonymes où certains viennent chercher un peu de chaleur. Le noir est leur abyme - leur clairière aussi. La les gestes retenus d'enfants ou des cris de colère. |
Gardien Cinecitta Rome © William Klein Courtesy galerie Le Réverbère, Lyon |
W. Klein à travers ses photos n’a cesse de poser implicitement une seule question : Où suis-je ? C’est pourquoi ses œuvres “ accrochent ”. S’y cherche ce qu’il y a à la fois derrière et dedans. Ce qui ne se saisit que dans le rectangle d’espace noir et blanc. Il emporte et happe. S’y retiennent du corps des morceaux comme volés, des pans de “ réalité ” qui soudain se continuent en profondeur jusqu’au centre de nos cellules. Que faire, que dire de ces portraits sinon leur désespoir, leur abandon ? Le regard de Klein creuse ce qu’on pourrait à tord prendre pour un cliché. Le regard comme un pieu gratte la paroi anthracite d’une mine à ciel ouvert. Sous l’apparent insignifiant, le désastre mais l’espoir quelque étoile. |
Apparition Papale Rome © William Klein Courtesy galerie Le Réverbère, Lyon |
Sous le futile, la profondeur. Sous l’apparence une autre apparition. Il faut en conséquence se rappeler que, puisque ce qui vaut dans la boue d’or de Rembrandt c’est l’or, ce qui vaut dans le noir et blanc du photographe c’est ce qui le diamant qui en sort. Pour l’un comme pour l’autre de ces deux artistes le ciel sera toujours une absence. Et Klein a compris comme Rembrandt l’art n’était pas “ italien ”. Il a compris aussi que la technique est seconde, qu’il faut la remiser à sa juste place. Elle n’est pas une fin mais un moyen. A l’inverse de tant de photographes qui se suffisent de leurs supposées petites difficultés techniques. Elles leur donnent cette joie nécessaire à leur vie d’ « artiste » . Avec W. Klein la question n’est pas celle d’un langage pour le langage mais le destin de l’être. Le monde apparaît soudain en raccourci à travers le portrait. C’est le plus abyssal de l’œuvre prise souvent pour un travail de “ mode ” (à tous les sens du terme). |
Club Allegro Fortissimo 1970 © William Klein Courtesy galerie Le Réverbère, Lyon |
Contrairement à ce qu’on dit le travail de Klein ne dresse pas d’idoles. L’idole est crucifiée. C’est là l’implacable évidence. Elle reste plus troublante que toutes les fantasmagories que beaucoup croient y trouver. L’oeuvre est volontairement barbare dans sa fausse trivialité, dans son fallacieux esthétisme. Seule la nécessité commande. Celle de l’errance du corps et de la photographe en deçà du brouhaha d’un postmodernisme de façade. L’être y apparaît en état de rupture, au bord de son propre corps, de sa propre vie. C’est pourquoi et afin de bien voir ces photographies il faut accepter le saut au dessus du vide urbain caviardé de mouvements et de bruits implicites. Il convient aussi d’admirer un espace à la fois infini et ténu, informe. D'où la superposition d'une continuité et d'une similitude. Ou la substitution d'une similitude à une continuité défaillante. L'épars et l'homogène. Flux persistant, dispersion insistante. A la mesure du corps l’image n'a pas de fond. Par la répétition, la rupture se situe au sein de l'avalanche qu’elle produit. |
Simone + hyper décor romain 1962 © William Klein Courtesy galerie Le Réverbère, Lyon |
BIOGRAPHIE WILLIAM KLEIN |
Photographe, peintre, cinéaste et graphiste, William Klein est un des artistes les plus controversés et les plus influents du 20ème siècle. L’œuvre de William Klein des débuts jusqu’à aujourd’hui a marqué l’histoire de la photographie et influencé deux générations de photographes et de cinéastes. Painter, photographer, graphic designer, movie maker, American in Paris, William Klein escapes pigeonholes, categories, movements. |