Galerie Hélène Lamarque
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ORLAN: New Sculpture and New Photography, an exhibition by the French feminist artist ORLAN. The show will feature a new computer made sculpture, Shifting Dress Code, and a series of new three-dimensional photographs entitled Shifting Folds.
The exhibition will be on view from November 29, 2011, through January 20, 2012.
A public opening reception will be held December 3, 2011, from 7-9 pm.ORLAN : RENVERSEMENT DES GENITIFS texte par Jean-Paul Gavard-Perret
Orlan ne cesse d’ordonner le désordre et de désordonner l’ordre : ordre du monde, des choses, des genres, des images, de l’art et donc d’elle-même par le regard que l’artiste porte sur eux et sur elle. Et cela revient à créer et recréer sans cesse une sorte de méthode non-méthode qui rappelle la façon de ramasser les haricots : il y a de belles rangées, l’ordre semble évident mais il faut aller d’un pied à l’autre, d’un pays à l’autre : des lignes imaginaires se croisent et se recroisent. Mais au bout du compte les haricots sont dans le panier. |
Cette cueillette permet d’envisager l’oeuvre dans une perspective de continuité sans insister sur sa fragmentation. A chacun de ses temps se développent un conflit, des tensions entre plusieurs modalités temporelles et géographiques (aujourd’hui à Miami d’un côté les « primitifs » du lieu américain de l’autre l’ordre du pli et de la sculpture. D’un côté le rouge, de l’autre le blanc.. Le fil de l’oeuvre se déroule paradoxalement sur le fond de permanence d’une image intérieure et en marque les strates. Les diverses surfaces changeantes de l’artiste elle-même en leurs modifications et mises en scènes ne font pas regretter au regardeur qu’il demeure encore et encore de l’inexprimable et de l’invisible. Mais à lui ensuite, comme la créatrice, de trouver un chemin là où Orlan infiltre sa frénésie mais aussi - liesse à part - son ordonnancement peut-être pas si utopique qu’on peut parfois le penser. Ainsi une fois les haricots dans le panier reste à savoir comment ils seront assaisonnés par nos soins. |
Les images d’elle-même ou de l’univers qu’elle propose dans ses nouveaux « plis » sont des pièges. Un lyrisme débordant mais froid y accueille. Ce lyrisme est un leurre : le tissu narratif, la peau de l’histoire permettent de créer cet interstice majeur par lequel l’artiste peut affirmer: “ moi que tu n’auras jamais connue. J’ai traversé l’exil et l’obscure volonté Des falaises et des phares endormis Diversement surgissant dans cette nuit » (Silvaine Arabo). En émane l’intimité avec l’inespéré ou l’impensable. Elle permet d’ouvrir à la ressemblance que nous ignorons encore. Il ne faut pas pourtant chercher dans ce travail de « remise » l’ailleurs mais l’ici-même en une sorte d’ascèse et de recueillement. Orlan fait entrer une nouvelle fois dans une intimité paradoxale qui se montre dans des montages insécures car ce qu’ils mettent à nu suscite forcément une peur. Cette peur nécessaire à toute résurrection. |
Avec les expositions pluriformes de Miami Orlan prouve comment le désir de présence peut se moquer de l’absence. Et ce qui pousse à créer selon le système défini par Deleuze : “ l’inconscient vous ne l’avez pas, vous ne l’avez jamais, ce n’est pas un “ était ” au lieu duquel “ je dois advenir ”. L’inconscient vous devez le produire et l’art le fait parler ». L’artiste désormais new-yorkaise va toujours vers des lieux où ce qui se montre ne se pense pas encore. Elle se moque des unités de style : parfois le lyrisme exhibe et étale ses richesses, parfois elle impose à sa langue une rudesse, une réserve comme dans ces plis blancs. Mais c’est ainsi qu’elle s’avance dépouillée, libre, “ nue ”, chargée du seul désir de vie et de mort sans les moindres certitudes. Loin de tout repos de berceuse, on ne sort pas indemne une fois de plus d’œuvres qui si elles ne sauvent rien, touchent une sorte de justesse interne. L’artiste parcourant l’histoire du monde et de l’art transforme les défaites en victoires (provisoires). Elle reprend toujours sa partie d’échecs avec elle-même afin de comprendre un peu mieux ce qu’il en est de l’être. Ce qu’il en est de nous. Elle prouve qu’une artiste demeure une “ border line ”. Franchissant les frontières elle ignore alors les adjectifs qui voudraient qualifier son entreprise : peu importe qu’elle soit réaliste ou fantastique, graphique ou picturale : elle garde en elle le pouvoir d’aller vers ce qu’on ne voit pas encore et de s’éloigner des images reflets afin d’atteindre des lignes sinon plus pures du moins dépouillées de toute émotivité factice. |
Tout est physique, terrestre, visuel. Pas la peine de chercher plus loin. Même si parfois du symbole ironique montre le nez. Mais l'éphémère est tout ce qu'on possède. Orlan imagine encore des ruelles bardées d’enseignes de la Toison d’or, du Rat Botté, des Lacs d’amour, du Renard Bardé, de la Harpe, du Bout du Monde. Elle reste liées par un signe qui ne trompe pas, la présence d’un globe aphrodisiaque qui est une sorte de réplique d’une poupée gigogne interne comme si elle était nommée la reine de Saba. La sphère pour elle est la forme parfaite : féminine mappemonde d’un désir particulier. Il la fait renouer les fils ésotériques qui relient l’enseignement de la cabale à l’enseignement des sciences occultes au christianisme, au judaïsme et aux croyances primitives à travers cette forme parfaite et terrestre - même s'il est vrai que des sphères il y en a aussi dans le ciel.
Orlan n'est pas de celles qui relèvent gaiement leurs jupons, même au temps de la fête des masques. Elle ne s’arrête jamais sur l’un des petits ponts, pliée en deux sur la balustrade de fer forgé, essoufflée et riant, se moquant avec un galant de l’appel rauque d’un crapaud sonnant au ventre jaune orangé. Elle reste immobile, étourdie par la danse mais loin des ébats voluptueux. Elle se contente du humer le parfum des orangers, des citronniers juteux et de l’essence de jasmin. Puis elle attend le tonnerre et l’orage. Elle lance ensuite des javelots enflammés lancés contre les dieux. Elle s’imagine parfois telle la jeune fille aux yeux bleus, que Cagliostro avait choisie pour accomplir ses rites divinatoires et qui s’était agenouillée devant les statuettes égyptiennes et les fioles remplies d’eau lustrale, puis s’était roulée par terre en convulsions, jouant son rôle de voyante à la perfection. Rousseau l’aurait traité de folle mais il l’aurait tirée à lui. Mais Orlan se serait dégagée du corps des nymphes en chemise. Elle aurait pu sentir à l’intérieur de sa poitrine, rouler la joie comme des truites parmi le clapotement de l’eau de l’Hudson River. |
Ajoutons qu’Orlan cache son besoin de croire à l’amour comme un enfant à sa mère et elle débonde parfois en de grandes colères lorsqu’elle est déçue par une de ses créations. Mais elle pense soudain à tous ceux qui l'aiment la Sylvie et l’Aurélia de Nerval et Julien Sorel et Casanova. Certains déjà lui manquent pour la vie, car le temps passe. Elle se souvient parfois du temps où certains envahissaient la maison, s'installaient dans une chambre et martelaient le sol à l’aube en criant à tue-tête: “La reine de Saba! La reine de Saba!”. Orlan en chemise, montait en tremblant, grimpait dans leur lit, le lit des rois, et elle écoutait les histoires d’un perroquet multicolore et versatile et d’une jument verte qui voyageaient dans les pays les plus exotiques. C'est parce qu'elle sait que ses ancêtres ne se sont jamais débarrassés de leurs monstres. Au lieu de fréquenter ceux-ci elle crée des oeuvres illuminées par la lune sur le Grand Ouest et recouvert d’un voile blanc à la Pistoletto et sous lesquelles avancent - peut-être - des rois mages d’un nouveau genre. Mais quand les couleurs craquent, dans cet interstice des diables de toutes les couleurs, effrayants comme le Viï du conte de Gogol, la tirent par les pieds, pour la piquer avec leurs fourches sans toutefois la faire trébucher au bord d'un gouffre. Parfois de derrière sa fenêtre d’un de ses ateliers, Orlan attend que retentissent dans la nuit les premières notes graves de ce très beau chant russe: “ Viétchiérniï zvon...” ou bien que coure dans la neige, pour se précipiter entre les bras d’Andreï Roublev, l’adolescent fondeur de cloche, brisé par l’émotion et tellement grave, parce qu’il était pour tout un peuple, la voix même de la foi, la foi qui pour ce peuple était la vie. Comme le son de cloche les œuvres d’Orlan lèvent ainsi l’interdit et rendent l’image à la femme. Et Orlan quoique profondément terrestre et tellurique garde souvent des intuitions, comme si elle avait eu plusieurs vies. Mais depuis quelques années l’artiste cède de moins en moins à des sollicitations. Elle retrouve sinon une virginité, un horizon. Il n’y a que les personnes qu’elle aime près d'elle. Les gouttes de sang ne tombent plus sur la neige et d’autres souvenirs lui reviennent. Comme lorsqu’elle se promenait dans un jardin, avec dans les bras, un gros baigneur qui était arrivé par la poste le visage en porcelaine fracassé. Elle le cachait sous des langes pour qu’on ne le voit pas, mais qui pouvait le voir? Qui peut voir Orlan enroulée dans des châles très épais et très larges, attachés dans le dos avec une épingle à nourrice lorsqu’elle marche dans Manhattan l’hiver ? Pour contrarier, ce désir de s’envelopper, de s’emmitoufler, elle court, se blesse les genoux, ou bien se brûle les jambes contre le poêle allumé. Elle frémit. L’image atroce lui revient, inexplicable d’un rêve. Celui d’une séance d’analyse, où elle avait posé sur le bord du bureau de son analyste, avant d’aller s’allonger sur le divan, ses deux mains coupées. Ensuite, Orlan explique que ses moignons sanglants, elle les fourre dans sa poche, mais qu’elle les sort pour créer avec son sang. Alors on peut imaginer Orlan heureuse car libre. Certes elle sait qu'il y a toujours des corbeaux attendent au tournant pour lui faire la peau. Mais elle les oublie vite. Elle se connaît bien, elle a tiré se force de sa fragilité native. Et lorsqu'elle reçoit un livre elle a toujours l’impression de lire pour la première fois. Pourquoi ces mots, ces lettres, cette flamme ? Que faisons-nous ? L’amour ? La pensée est si rapide, tout à coup. Un fleuve d’idées la traverse. Et son travail reprend. Il franchit la frontière du corps, de ses lieux, de ses temps. Il touche au plaisir, à la jouissance. A l’angoisse aussi. Cela suffit à la joie et à la peine. Jean-Paul Gavard-Perret |
Galerie Hélène Lamarque is pleased to present ORLAN: New Sculpture and New Photography, In this new exhibition, ORLAN embraces a vast network of cultural references and reconfigures Her work has been the subject of numerous exhibitions worldwide: in the US (LACMA and MOCA, ORLAN has participated in several Biennials of Contemporary Art: Shanghai, Paris, Venice, |
CURRENTLY : |
- “Tour de France / French Contemporary artists in Floridian private collections”, curators Martine Buissart and Carol Damian, Frost Art Museum, Art Basel Miami, Miami, USA - "ORLAN: New Sculpture and Photography", curator Hélène Lamarque, Gallery Hélène Lamarque, Miami, USA - “De Picasso à Jeff Koons artiste bijoutier”, curator Diane Venet, Musée du Design de New York, New York, USA - “Man as Object : Reversing the Gaze” curator Brenda Oelbaum @ SOMARTS, San Francisco, USA - (received the LUCIE AWARD 2011: CURATOR / EXHIBITION OF THE YEAR) “Beauty (Cult)ure”, curator Kohle Yohannan @ Annenberg Space for Photography, Los Angeles, USA - Festival Dell'Eccellenza Al Femminile 2011, curator Consuelo Barilari, Genova, Italy - “From the carthography of power to the routes of knowledge” curators Catarina Pires, Paulo Amaral, Sebastiao Formoshino, Theresa Baumann @ Coimbra University, Portugal - “Dry Baroque”, curator Carmelo Strano, ACAOS Gallery, Norman Castle, Italy - “De Monet à Warhol”, Busan Museum of Art, Busan, Korea |
UPCOMING : |
- “Glasstress”, director Adriano Berengo @ Riga Stock Exchange Building, Riga, Lettonie - “Re.act.feminism # 2 . A performing archive”, organisator Bettina Knaup, Vitoria Gasteiz, Centro Cultural Montehermoso, Spain - "Le Vif état de l'art", organisators Jacinto Lageira, David Zerbib, Barbara Formis, Galerie Michel Journiac, Paris, France - "L'amour du risque", curator Leila Topic, Muzej suvremene umjetnosti, Zagreb, Croatia |
JUST FINISHED: |
- “Paris -Delhi - Bombay...”, curators Sophie Duplaix and Fabrice Bousteau @ Centre Pompidou, Paris, France - The Thessaloniki Biennale of Contemporary Art, director Katerina Koskina, Performance Festival, ORLAN GUEST OF HONOUR, curator Eirini Papakonstantinou, Greece - "Le temps de l'action - Acte 1. Une recherche sur l'histoire de la performance sur la Côte d'Azur de 1951 à nos jours", curator Eric Mangion @ La Villa d'Arson, Nice, France - "Design & Foot. Un enjeu collectif.", curators Les Sismo @ Cité du Design de Saint Etienne, France - SOLO SHOW "Un boeuf sur la langue", curator Blandine Chavanne, assisted by Alice Fleury and Jenna Darde @ La Chapelle de l'Oratoire, Musée des Beaux-Arts, Nantes, France - “Sculpture'Elles”, curator Anne Rivière @ Musée des Années Trente, Boulogne-Billancourt, France - “L’’Enigme du Portrait”, Musée d’Art Contemporain de Marseille (MAC), Marseille, France - “Pudeurs et Colères de Femmes, un regard actuel au delà des voiles”, curator Diane Hennebert @ Villa Empain, Fondation Boghossian, Brussels, Belgium |
PUBLICATIONS : |
- ORLAN, Ceci est mon corps... Ceci est mon logiciel, postface by Maria Bonnafous-Boucher, Ed Al Dante + Aka, collection Cahiers du Midi de l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, Bruxelles, 2011 |
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