Niki de Saint Phalle Musee Guggenheim Bilbao

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Le Musée Guggenheim Bilbao présente Niki de Saint Phalle Commissaires : Camille Morineau et Álvaro Rodríguez Fominaya Dates : 27 février – 11 juin 2015 Une rétrospective complète de l’oeuvre de Niki de Saint Phalle, la première grande artiste féministe du XXe siècle.

L’exposition jette un nouveau et profond regard sur le travail d’une pionnièretouche-à-tout à travers un parcours de ses peintures, sculptures, estampes, performances et films expérimentaux.
La violence, la radicalité et l’engagement social coexistent dans son oeuvre avec l’explosion de gaieté et de couleur de ses pièces les plus emblématiques.
Avec Niki de Saint Phalle, le Musée Guggenheim Bilbao présente une rétrospective complète de l’oeuvre de Niki de Saint Phalle (Neuilly -sur-Seine, France, 1930–San Diego, États-Unis, 2002), artiste associée au Nouveau Réalisme, internationalement célèbre pour ses joyeuses et puissantes Nanas, ses impressionnants Tirs et ses oeuvres publiques emblématiques, comme le Jardin des Tarots en Toscane.

Cette exposition, organisée par le Musée Guggenheim Bilbao et la Réunion des Musées Nationaux–Grand Palais de Paris, avec la participation de la Niki Charitable Art Foundation, constitue la première grande rétrospective consacrée à Niki de Saint Phalle en Espagne et offre une vision  profondément renouvelée de l’artiste à travers plus de 200 pièces et documents d’archives, dont de nombreux inédits.

Y sont fidèlement reflétées les différentes facettes — peintre, sculptrice, créatrice d’estampes et de performances, réalisatrice de films  expérimentaux — d’une artiste à l’univers unique et avantgardiste.
L’ensemble est complété par des projections dans lesquelles la propre plasticienne commente son travail.

Niki de Saint Phalle Musee Guggenheim Bilbao

Gwendolyn 1966–90
Polyester peint sur armature métallique 252 x 200 x 125 cm
Sprengel Museum, Hanovre, donation de l’artiste, 2000
© Niki Charitable Art Foundation, Santee, États-Unis

 

 Image
Skull (Meditation Room), 1990
Mosaique de verre et de miroirs, céramique, feuille d'or
230 x 310 x 210 cm
Sprengel Museum, Hanovre, donation de l’artiste, 2000
© Niki Charitable Art Foundation, Santee, États-Unis
Photo : © Michael Herling
Sur 2 000 mètres carrés d’exposition, les visiteurs découvriront les grands axes et les mythes qui
articulent la carrière de Niki de Saint Phalle, une artiste qui a connu de son vivant la faveur du
public et une renommée internationale tout en sachant aussi susciter l’intérêt des médias, à
l’instar d’un Andy Warhol.
Des questions récurrentes dans toute la trajectoire de l’artiste, comme le pouvoir du féminin et la
remise en question des conventions sociales, irriguent l’accrochage, organisé par périodes et par
thématiques. La radicalité et un engagement politique et social fort cohabitent dans son oeuvre
avec la couleur et l’optimisme de ses mondialement connues Nanas. rétrospective met ainsi à
jour un monde paradoxal et singulier qui s’inspire de Gaudí, Dubuffet et Pollock.

 Une artiste franco-américaine

Image
 Niki de Saint Phalle à Deyà, 1955
Photographie en couleur
Niki Charitable Art Foundation, Santee, États-Unis
© Niki Charitable Art Foundation, Santee, États-Unis
Si Niki de Saint Phalle est née et a passé une grande partie de sa vie en France, elle a grandi aux
États-Unis, où elle a choisi de vivre pendant la dernière étape de sa vie. Toujours à cheval entre
ses deux patries, elle fait partie du panorama artistique des deux pays.
Connue comme la seule femme du mouvement des Nouveaux Réalistes en France, son nom est
lié à celui des néo-dadaïstes Jasper Johns et Robert Rauschenberg, avec ses Combines, et elle
se compte parmi les précurseurs du Pop art, auquel elle a apporté une nouvelle perspective.
La première artiste féministe
Niki de Saint Phalle est considérée par ailleurs comme la première grande artiste féministe du
XXe siècle. À travers une nouvelle représentation du corps féminin, de l’érotisme et des grandes
figures mythiques, elle remet en question les canons en vigueur en revendiquant le pouvoir des
femmes et leur rôle dans la société. Fille, épouse, mère, guerrière, sorcière et déesse sont les
étiquettes de ses célèbres Nanas , portraits imaginés de la propre artiste et d’autres femmes
contemporaines qu’elle a réinterprétées tout le long de sa trajectoire.
Les séries de Fiancées, Accouchements et Déesses et, dans le prolongement des Nanas , de
Mères dévorantes , construisent une authentique mythologie féminine, qu’elle a explicitée à
travers ses textes, ses déclarations et le contenu de ses films.

 Violence et engagement

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 Niki de Saint Phalle en train de viser, 1972
Photographie en noir et blanc rehaussée de couleur, extraite du film Daddy
Photographie de © Peter Whitehead
© Niki Charitable Art Foundation, Santee, États-Unis
Le féminisme est l’une des facettes de sa lutte contre les conventions et les attitudes rigides,
facette à laquelle d’ailleurs elle ne se borne pas. Niki de Saint Phalle fut une artiste engagée dont
les oeuvres distillent une forte critique sociale et politique, souvent exprimée à travers la violence
et le chaos.
Même si elle est plus connue pour le côté le plus jubilatoire et haut en couleur de son travail,
illustré principalement par les Nanas, toutes les oeuvres de Niki de Saint Phalle peuvent être
abordées sous plusieurs angles et à différents niveaux de profondeur; elles sont porteuses d’une
évidente charge subversive.

Les Tirs , ces performances au cours desquelles l’artiste ou des personnes du public tiraient à la
carabine sur des toiles, en sont un exemple évident. Scandaleux à l’époque par la violence du
geste et aussi par le fait d’être orchestrés par une femme, les Tirs se comptent parmi les oeuvres
fondatrices de l’histoire des happenings .
Dirigés contre une vision traditionnelle de l’art, la religion et la société patriarcale, et contre une
situation politique marquée par la guerre froide et la guerre d’Algérie, expression d’une société,
celle des États-Unis, où les armes sont légales, les Tirs sont représentatifs de ses débuts
artistiques, presque toujours inspirés de questions sociales. De fait, Niki de Saint Phalle a été
l’une des premières artistes à aborder la discrimination raciale, à défendre les droits civiques et le
multiculturalisme en Amérique et à utiliser l’art, au cours de sa dernière étape, pour sensibiliser la
conscience publique aux effets dévastateurs du sida.

 À l’avant-garde de l’art public

Dans une autre manifestation de son caractère pionnier, Niki de Saint Phalle a été la première
femme à marquer de son empreinte l’espace public, et ce au niveau mondial, puisqu’elle a
ressenti très tôt le besoin de s’adresser à tous, et non pas seulement aux visiteurs des musées. La
précoce décision d’occuper l’espace public doit être interprétée comme un choix politique et
constitue une part essentielle de ses investigations au milieu du XXe siècle. Pendant toute sa
carrière, les projets architecturaux et les sculptures monumentales se sont succédé : fontaines,
parcs de jeux, jardins ésotériques et maisons habitables. Le majestueux Jardin des Tarots est une
oeuvre-clé que l’artiste a entièrement financé, en partie à travers la création et la vente d’un
parfum, de bijoux, d’estampes et de livres d’artiste.

 Parcours de l’exposition

Peindre la violence

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Night Experiment, ca. 1959
Peinture, plâtre et objets divers sur contreplaqué
130 x 196 x 13 cm
Sprengel Museum, Hanovre, donation de l’artiste, 2000
© Niki Charitable Art Foundation, Santee, États-Unis
Photo : © Laurent Condominas

“Peindre calmait le chaos qui agitait mon âme. C’était une manière d’apaiser ces dragons qui
sont apparus dans toute mon oeuvre”.
L’exposition commence salle 305, avec les premières pièces d’une jeune Niki de Saint Phalle qui
choisit de consacrer sa vie à l’art et d’être autodidacte. Dans ses nombreux voyages en Europe,
elle se plonge dans la vie artistique et littéraire parisienne tout en fréquentant les artistes
américains expatriés.
Dans ce contexte, à la fin des années 50, elle exécute une série de peintures de grand format qui
recueillent l’influence tant de la vieille Europe que de l’audacieux art américain. Ainsi, la
perspective ample et aplatie de ses grandes toiles semblent inspirée du Trecento italien, la
rugosité des surfaces rappelle les « matiéristes » Fautrier et Dubuffet, ses ciels en noir et blanc
arrosés de gouttes de peinture évoquent les « drippings » de Jackson Pollock et les objets
intégrés aux surfaces les Combines de Jasper Johns et Robert Rauschenberg.
Dès ses premières oeuvres, Niki de Saint Phalle pointe le paradoxe qui va sous-tendre toute sa
carrière : la coexistence de la violence et du chaos avec le jeu et la joie de vivre.

 L’art à la carabine

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 Grand Tir – Séance galerie J, 1961
Peinture, plâtre et objets divers sur panneau d’aggloméré
143 x 77 x 7 cm
Collection particulière ; Courtoisie Galerie G.-P. & N. Vallois, Paris. CR.239
© Niki Charitable Art Foundation, Santee, États-Unis
Photo : © Laurent Condominas
« J’ai eu de la chance de rencontrer l’art parce que j’avais, sur un plan psychique, tout ce qu’il
fallait pour devenir une terroriste. Au lieu de cela, j’ai utilisé le fusil pour une bonne cause, celle
de l’art. »
Salle 306, l’accrochage se poursuit avec son impressionnante série Tirs . Pendant quasiment dix
ans, entre 1961 et le début des années 70, Niki Saint Phalle exécute plus de vingt séances de tir,
au croisement de la performance et du Body Art, de la sculpture et de la peinture, dont la
plupart sont filmées ou photographiées.
Toutes obéissent à un rituel. Lors de la phase de préparation, des objets soigneusement choisis
sont remplis de sacs de peinture de couleur, fixés sur une surface plane et recouverts de plâtre
blanc. Une fois la séance commencée, l’artiste, ou d’autres intervenants quelconques tirent sur la
pièce, créant ainsi des explosions de couleur qui donnent forme en direct à l’oeuvre d’art.

L’impact et la précocité de ces oeuvres dans l’histoire de l’art de la performance — dès le premier
Tir , le critique d’art Pierre Restany invita Niki de Saint Phalle à rejoindre le groupe des Nouveaux
Réalistes — ont fait écran à leur complexité. En effet, ces toiles déploient de multiples
significations : de l’“assassinat” et la critique sociale et politique jusqu’à la revendication féministe.
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 Pirodactyl over New York, 1962
Peinture, plâtre et objets divers sur deux panneaux de bois
249,9 x 309,9 x 29,8 cm
Guggenheim Abu Dhabi
© Niki Charitable Art Foundation, Santee, États-Unis
Photo : © André Morain, Courtoisie Niki Charitable Art Foundation
et Galerie GP & N Vallois, Paris

 Rôles féminins

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 Cheval et la Mariée, 1963
Tissu, jouets, objets divers, grillage
235 x 300 x 120 cm
Sprengel Museum, Hanovre, donation de l’artiste, 2000
© Niki Charitable Art Foundation, Santee, États-Unis
Photo : © BPK, Berlin, dist. RMN-Grand Palais / Michael Herling / Aline Gwose
« Très tôt je décidai de devenir une héroïne. Qui serais-je ? George Sand ? Jeanne d’Arc ?
Napoléon en jupons ? »
La salle 307 recueille une sélection finale des Tirs et un ensemble d’oeuvres diverses regroupées
par l’artiste sous le titre Rôles féminins . Face à l’inégalité des chances à laquelle sont confrontées
les femmes et à l’absence de modèles féminins auxquels s’identifier, Niki Saint Phalle a décidé
très tôt de “devenir une héroïne”.
Frappée par les théories du Deuxième sexe (1949) de Simone de Beauvoir et anticipant de
quelques années les mouvements en faveur des droits des femmes, elle a été aussi à l’avantgarde
en incorporant la question de la femme à son travail et en traitant ce sujet dans toute sa
complexité.

L’auteur montre les femmes comme des victimes des limites de leur condition féminine mais
aussi comme autant d’héroïnes en puissance d’un monde nouveau restant à créer. Ses
assemblages, portant des titres aussi évocateurs que Fiancée, Accouchement, Prostituée,
Sorcière, Déesse, continuent à nous frapper par leur radicalité et leur ambivalence.

 Une nouvelle société matriarcale

 Image
Gwendolyn 1966–90
Polyester peint sur armature métallique 252 x 200 x 125 cm
Sprengel Museum, Hanovre, donation de l’artiste, 2000
© Niki Charitable Art Foundation, Santee, États-Unis
“Le communisme et le capitalisme ont échoué. Je pense que le temps est venu d’une nouvelle
société matriarcale. Vous croyez que les gens continueraient à mourir de faim si les femmes s’en
mêlaient ? Ces femmes qui mettent au monde ont cette fonction de donner vie – je ne peux pas
m’empêcher de penser qu’elles pourraient faire un monde dans lequel je serais heureuse de
vivre.”
L’exposition continue salle 303 avec l’incursion de Saint Phalle dans la production de la série
baptisée Nanas. Réalisées au début avec du papier collé et de la laine, puis en résine, les Nanas
étaient le prolongement naturel des déesses de la fécondité et des accouchements. Selon
l’artiste, ces femmes, qui souvent présentent un ventre rebondi, ont été inspirées d’un dessin
réalisé avec Larry Rivers dont l’épouse, Clarice, était enceinte.

À la fois joyeuses et puissantes, les Nanas sont la manifestation d’un nouveau monde dans lequel
les femmes détiendraient le pouvoir. Le corps des Nanas, généreux et coloré, évolue vite et
s’ouvre pour se transformer en Maison-Nana, qui suggère une autre façon de vivre. La première
et la plus grande de ces Maisons-Nana fut Hon, une sculpture éphémère géante dans laquelle le
public pouvait s’introduire, créée en 1966 au Moderna Museet de Stockholm.

 Les Nanas au pouvoir

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 Madame ou Nana verte au sac noir, 1968
Polyester peint 250 x 160 x 50 cm
Niki Charitable Art Foundation, Santee, États-Unis ;
courtoisie galerie G.-P. & N. Vallois, Paris
© Niki Charitable Art Foundation, Santee, États-Unis Photo : © André Morain
« Pour moi, mes sculptures représentent le monde des femmes amplifié, la folie des grandeurs
des femmes, la femme dans le monde d’aujourd’hui, la femme au pouvoir. »
Dansantes ou sportives, grandes —voire géantes—, parfois imposantes, parfois sexy, les Nana
renferment l’espérance d’un nouveau monde qui reconnaîtrait aux femmes tous leurs droits.

Libérées des stéréotypes imposés par la mode, leurs corps expriment une féminité souriante et
sans contraintes. Comme l’exprime l’artiste, « Je veux être supérieure : avoir les privilèges des
hommes et en plus garder ceux de la féminité, tout en continuant à porter de beaux chapeaux. »
Les Nanas ont fait l’objet de très nombreuses reproductions sous forme de ballons gonflés, de
sérigraphies, de bijoux et d’éditions diverses. Ce sont les guerrières du combat féministe que
Niki Saint Phalle a été l’une des premières à mener dans le monde de l’art. D’autres encore sont
aussi les étendards des droits civiques, une cause à laquelle Saint Phalle a très tôt adhéré. « Moi ?
Une sauvage ? Elle a trouvé enfin une réponse, qu’une femme dans la civilisation des hommes
c’est comme un nègre dans la civilisation des blancs. Elle a droit au refus, à la révolte. L’étendard
sanglant est levé. »
La collection de Nanas est complétée sur la terrasse de l’Atrium du Musée avec le groupe de
sculptures Les Trois Grâces qui, grâce à leur installation à l’extérieur, pourront être contemplées
par tous les passants. L’oeuvre de l’artiste entre ainsi en contact avec la cité, autre aspect crucial
de sa démarche créatrice.
Image
Dolorès, 1966–95
Polyester peint sur grillage
550 cm de haut
Sprengel Museum, Hanovre, donation de l’artiste, 2000
© Niki Charitable Art Foundation, Santee, États-Unis

 Le rêve de Diane

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 Le Rêve de Diane, 1970
Polyester peint
280 x 600 x 350 cm
Niki Charitable Art Foudation, Santee, États-Unis
© Niki Charitable Art Foundation, Santee, États-Unis
Photo : © Laurent Condominas
La salle 302 a été réservée à une grande sculpture, Le Rêve de Diane, qu’accompagnent la série
Devouring Mothers et Daddy , son film pionnier.
Une grande partie de l’oeuvre de Niki de Saint Phalle est la manifestation d’un univers fantastique
surgi de ses rêves et de ses cauchemars. Elle considérait en effet que les rêves étaient révélateurs
de la mythologie personnelle de chacun de nous et des images archétypales les plus profondes.
Dans Le Rêve de Diane, la créatrice nous montre le théâtre enchanté enfoui dans la tête de la
déesse guerrière endormie : des monstres et des animaux menaçants entremêlés avec des
symboles positifs tels que des coeurs et des soleils. Une tête de Janus à double visage exprime la
dualité du monde et de notre intérieur.

 Mère dévorante, père prédateur

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 La ToiletteMake Up or Mirror or Life, 1978
Papier collé peint et objets divers (table)
Femme: 160 x 150 x 100 cm
Table : 126 x 92 x 80 cm
Collection MAMAC, Nice, donation de l’artiste, 2001
© Niki Charitable Art Foundation, Santee, États-Unis
Photo : © MAMAC / Muriel Anssens
« Nous connaissons tous dans notre vie la bonne et la mauvaise mère. Autrement dit, j’ai déjà
représenté la bonne mère avec les Nanas, je me consacre désormais à son antithèse, à cette
mère qu’on aimerait ne pas être. »

Au début des années 70, Niki de Saint Phalle tourne son premier long-métrage, Daddy, un film
expérimental coproduit avec Peter Whitehead, qui évoque clairement les abus sexuels imposés
par son père et la dynamique de rapports de domination entre les sexes.
En même temps, l’artiste travaille à une nouvelle série de sculptures qu’elle baptise Mères
dévorantes Ces femmes mûres, montrées dans diverses mises en scène et situations agrémentées
d’accessoires, souvent en compagnie de personnages secondaires, semblent tirées d’un scénario
où le grotesque le dispute au terrifiant. Après les joyeuses Nanas , avec les Mères dévorantes
Saint Phalle explore sans complaisance les rôles féminins.

 Le grand public est mon public

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 Vue du Jardin des Tarots
Garavicchio, Italie
Photo : © Laurent Condominas
Les projets architecturaux présentés dans les salles 301 (dédiée aux Totems) et 304 viennent
clore l’exposition.

Pour Niki de Saint Phalle, une des raisons d’être de son travail était d’apporter de la joie, de
l’humour et de la couleur. Les grandes oeuvres publiques qu’elle aborde à partir des années
soixante répondent à cette vision de l’art : elles en appellent à chacun et essaient de rendre les
gens heureux.
Dans ce domaine, sa contribution la plus importante et la plus ambitieuse est le Jardin des
Tarots (Toscane, Italie, 1978–98). Chacune de ses oeuvres offre plusieurs niveaux d’interprétation
dont on a souvent omis le caractère engagé au profit d’une lecture décorative. Une des
caractéristiques de cette création est qu’elle a été entièrement autofinancée à travers la vente de
produits dérivés et d’éditions en rapport avec l’oeuvre. Ici aussi, nous pouvons voir combien sa
démarche a été originale et pionnière.

 Espace didactique

L’espace didactique de l’exposition approfondit l’étude de la critique sociale qui a été une
constante de la trajectoire de Niki de Saint Phalle avec ses engagements sur les questions du
genre, de la violence et du sida. Une des pièces présentées est le livre pour enfants AIDS: You
Can’t Catch it Holding Hands (SIDA : Tu ne peux pas l’attraper en tenant la main, 1987), que
l’artiste a illustré dans le cadre des campagnes de prévention de cette maladie.
En outre, cet espace présente les éditions de parfums et de bijoux que la propre artiste produisit
afin de pouvoir financer ses projets publics, comme le spectaculaire Jardin des Tarots en
Toscane, ainsi que Le cercle magique de la reine Califia en Californie. Les constructions pour
espaces publics de Niki de Saint Phalle expriment ses revendications d’ordre féministe, politique
et social dans un cadre architectural peuplé de constructions et de personnages fantastiques.

 Catalogue de l’exposition :

Le catalogue rend hommage au vibrant chromatisme de l’oeuvre de Niki de Saint Phalle et
parcourt sa trajectoire à travers un formidable déploiement graphique et quinze essais, signés par
autant de spécialistes internationaux, qui ouvrent de nouvelles perspectives pour analyser son
importance dans l’histoire de l’art. Une exhaustive chronologie illustrée et un abondant matériel
documentaire, assortis d’intéressantes citations de l’artiste, ainsi qu’une bibliographie et la liste
des oeuvres de l’exposition, ferment ce volume de 370 pages. En France, l’ouvrage a reçu le
prestigieux prix CatalPa 2014 au meilleur catalogue d’expositions parisiennes.
Image de couverture :
Gwendolyn, 1966–90
Polyester peint sur armature métallique
252 x 200 x 125 cm
Sprengel Museum, Hanovre, donation de l’artiste, 2000
© Niki Charitable Art Foundation, Santee, États-Unis

 BIOGRAPHIE NIKI DE SAINT PHALLE

1930-40

29.10.1930 Naissance de Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle (surnommée Niki) à Neuilly-sur-Seine, France. La famille s’installe par la suite à New York où Saint Phalle fréquente l’école religieuse Convent School of the Sacred Heart.

1940 À partir de 1946, Saint Phalle travaille comme mannequin. Ses photos paraissent dans Vogue, Harper’s Bazaar et en couverture du Life Magazine.

1949 Elle se marie à New York avec Harry Mathews, futur écrivain du groupe littéraire expérimental OuLiPo.

1950

1950 Elle peint ses premières huiles et gouaches.

1951 Naissance de sa fille Laura.

1952 Cherchant à fuir le climat répressif de la société nord-américaine durant l’ère McCarthy, Niki et Harry s’installent à Paris.

1953 L’artiste est hospitalisée à Nice suite à une grave crise nerveuse. Diagnostiquée schizophrène, elle est soignée avec des électrochocs.

1955 L’artiste découvre l’œuvre de l’architecte Antoni Gaudí. Naissance de son deuxième enfant, Philip.

1956 Première exposition individuelle à la galerie Gotthard, à Saint-Gall, Suisse. Elle fait la connaissance de Jean Tinguely et de son épouse, Eva Aeppli, qui résident dans l’impasse Rosin, à Montparnasse.

1960

1960 Elle se sépare de son mari, Harry Mathews et s’installe impasse Ronsin avec Jean Tinguely.

1961 Première action de tir. Pierre Restany invite l’artiste à se joindre au groupe des Nouveaux Réalistes. Exposition Feu à volonté dans la Galerie J de Paris.

1965 Premières Nanas en tissu et en laine ; pour les suivantes, elle utiliserait de la résine et du plâtre peint.

1966 Pontus Hultén invite l’artiste à installer une Nana monumentale, « Hon » (« elle », en suédois), au Moderna Museet de Stockholm.

1967 Première exposition dans un musée, le Stedelijk Museum d’Amsterdam, qui accueille Les Nanas au pouvoir.

1968 Exposition Dada, Surrealism and Their Heritage (Dada, Surréalisme et leur Héritage) au MoMA de New York. Saint Phalle fait partie des quatre femmes présentes dans l’exposition. Construction de son premier projet architectural à grande échelle, Le Rêve de l’Oiseau.

1970

1970 Inauguration à Milan du troisième et dernier festival des Nouveaux Réalistes. Niki de Saint Phalle tire contre les crucifix et les vierges d’un autel-assemblage de 3 mètres de haut.

1971 Nouvelle série d’œuvres sur le thème des Mères dévorantes, des sculptures qui, après les Nanas, portent un regard beaucoup plus critique sur la femme. Elle se marie avec Jean Tinguely.

1972 Construction à Jérusalem de son œuvre Le Golem, sa première pièce architecturale pour enfants. Premier long métrage : Daddy.

1974 Niki de Saint Phalle installe trois Nanas à Hanovre, baptisées par les habitants Caroline, Charlotte et Sophie.

1975 Deuxième long métrage : Un rêve plus long que la nuit.

1980

1980 Présentation des premières collections de meubles et objets décoratifs et d’un parfum. Avec les bénéfices obtenus de leur vente, elle finance un tiers de son Jardin des Tarots. Première rétrospective de l’artiste en France, au Centre Pompidou.

1983 Construction de la Fontaine Stravinsky (ou des Automates) à Paris. Les travaux du Jardin des Tarots se poursuivent. L’artiste emménage dans le ventre de l’Impératrice, qu’elle a transformée en sa maison.

1984 Elle s’implique dans la lutte contre le sida.

1990

1992 Pontus Hultén organise une rétrospective de l’artiste à Bonn, qui voyagera ensuite à Glasgow et au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.

1993 Elle s’installe à la Jolla, Californie.

1994 Publication de son livre de mémoires Mon secret, dans lequel elle révèle qu’elle fut violée par son père à l’âge de onze ans. Inauguration du Musée Niki à Nasu, Japon.

1998 Ouverture au public du Jardin des Tarots.

1999 Elle achève la série des Black Heroes, un hommage à diverses personnalités de la communauté afro-américaine. Elle reçoit le Praemium Imperiale de la Japan Art Association.

2000

2000 Elle fait don d’une importante partie de ses œuvres au Sprengel Museum de Hanovre.

2001 Elle fait don d’une autre partie de ses œuvres au Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice. Elle inaugure à Jérusalem le jardin de sculptures Noah’s Ark, réalisé avec l’architecte Mario Botta.

21.05.2002 L’artiste meurt à l’âge de 71 ans suite à une insuffisance respiratoire chronique.

2003 Inauguration du jardin du Queen Califia’s Magical Circle, à Escondido, Californie.

 

 

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