René BEN SUSSAN (1895-1988)
Composition (1974). Huile/toile, 73 x 92 cm
Ader Paris, 16/01/2025. Prix: 294 $[25/02/2025] source Je l’ai payé moins de 500$ aux enchères : https://fr.artprice.com/artmarketinsight https://fr.artprice.com/artprice-reports/le-marche-de-lart-contemporain-2024
Les petits lots seraient insignifiants ? Faux ! En janvier, plus de 30 000 œuvres ont changé de mains aux enchères pour moins de 500 $, représentant un chiffre d’affaires de 6 m$. Parmi elles, des signatures majeures de l’histoire de l’art.
Peut-on acquérir une œuvre intéressante pour moins de 500 $ aux enchères ? La réponse est oui, et les chiffres en témoignent. Rien qu’en janvier, ce segment du marché a vu exploser les transactions avec plus de 30 000 œuvres vendues à petit prix, prouvant que l’art est accessible à bien des collectionneurs.
Artprice vous propose un tour d’horizon de ce marché dynamique, avec des exemples concrets d’œuvres vendues en janvier et les noms des artistes les plus présents dans cette gamme de prix.
Sommaire
Dali, Chagall, Picasso… de grands artistes pour moins de 500$
Kunisada I : le Maître le plus vendu à -500$
Un budget propice aux redécouvertesDali, Chagall, Picasso… de grands artistes pour moins de 500$ ?
Le marché des œuvres d’art abordables regorge de trésors inattendus, allant de créations d’artistes quelque peu oubliés à des pièces de figures emblématiques telles que Marc CHAGALL (1887-1985) ou Hiroshige ANDO (1797-1858). Par exemple, lors de la vente aux enchères du 28 janvier 2025 de Revere Auctions (USA), une vingtaine d’estampes de Hiroshige étaient proposées à partir de 100 $, illustrant l’accessibilité de certaines œuvres de maîtres reconnus.
En janvier seulement, une soixantaine de lots signés Salvador Dalí, une cinquantaine de Corneille, et une quarantaine de Pablo PICASSO (1881-1973) ou Marc Chagall ont été adjugés pour moins de 500 $.
Mais que sont ces œuvres de grands maîtres accessibles à quelques centaines de dollars, et pourquoi s’intéresser à ce segment du marché ?
Ce qu’offre réellement le marché pour moins de 500$ Avec un tel budget, les options se limitent souvent à des estampes signées dans la planche (c’est-à-dire imprimées directement sur la feuille, sans signature manuscrite de l’artiste), des affiches d’exposition ou des éditions non numérotées, produites parfois à plusieurs milliers d’exemplaires. Pourtant, il est possible de dénicher des pièces plus intéressantes. Par exemple, un portrait de Marie-Thérèse Walter à la guirlande, numéroté sur seulement 250 exemplaires par Pablo Picasso, s’est vendu 485 $ lors d’une vente en ligne organisée par la maison canadienne Empire Auctions. Une opportunité rare à ce niveau de prix. De Chagall, il est possible de trouver des planches éditées en grande quantité, comme les 2 500 exemplaires produits par Maeght pour la collection Derrière le Miroir. Les larges éditions permettent d’acquérir de beaux tirages à des prix très accessibles, dont l’un des 6 500 exemplaires de Sara et les Anges, vendue 216 $ fin janvier chez Burstow Hewett, au Royaume-Uni. Ce tirage, daté de 1960, est imprimé par Mourlot, lithographe attitré de Chagall et Picasso. De Corneille, plusieurs petites toiles originales des années 1940, période moins prisée de l’artiste, ont été adjugées à des prix très accessibles. Parmi elles, une Vue de ville animée de 45 centimètres de hauteur s’est vendue pour seulement 372 $ (Primardeco, Toulouse, 31/01/2025). Les collectionneurs privilégient généralement les créations plus récentes de cet artiste néerlandais, cofondateur du mouvement Cobra aux côtés de Karel Appel. En janvier, plusieurs œuvres colorées issues de cette période ont été proposées pour moins de 500 $, mais uniquement sous forme d’estampes, souvent tirées à 200 exemplaires par planche. Salvador DALI (1904-1989), dont l’anagramme “Avida dollars” résume bien son rapport à l’argent, a commencé à signer des feuilles vierges pour ses éditeurs dès les années 1960, avec l’image ajoutée a posteriori. Cela a conduit à l’apparition de dizaines de milliers de “fausses” estampes du maître catalan sur le marché de l’art, ce qui explique la présence de lots très abordables, parfois pour moins de 100 $. Il est difficile de trancher sur l’authenticité des œuvres mises aux enchères, mais la plupart des “faux” datent de la période postérieure aux années 1960. Pourtant, certains de ces lots parviennent tout de même à être adjugés pour plus de 1 000 ou 2 000 $, même pour des feuilles de cette époque. Malgré l’offre pléthorique de planches en circulation sous sa signature, Salvador Dalí cède le pas à un autre maître, japonais cette fois : Kunisada I, qui s’impose comme le champion des ventes à moins de 500 $ en ce début d’année. Estimations des lots vendus -500$ en janvier 2025 pour ces artistes : KUNISADA I Hiroshige ANDO Pablo PICASSO CORNEILLE Marc CHAGALL Salvador DALI Kunisada I : le Maître le plus vendu à -500$ KUNISADA I (1786-1865) est à la fois un maître incontournable de l’estampe japonaise et un artiste facile à trouver aux enchères. Plus prolifique et populaire que Hokusai et Hiroshige de son vivant, il a dominé l’école ukiyo-e au 19e siècle. Pourtant, son immense succès commercial n’a pas empêché son éclipse relative face à d’autres figures aujourd’hui mieux connues de ce courant. Kunisada I reste très prisé des amateurs d’estampes japonaises, d’autant que 90 % de ses lots sont accessibles à moins de 500 $. En janvier, plus de 120 de ses œuvres ont été adjugées sous ce seuil, faisant de lui le Maître le plus vendu au monde dans cette gamme de prix en ce début d’année. Avec un budget de 200 $, il est même possible d’acquérir des diptyques ou triptyques. Ces compositions, pensées pour se répondre et former une narration, ajoutent une dimension unique et nourrissent la démarche de collectionneur . L’artiste le plus prolifique de son temps Pour répondre à l’engouement de son époque, Kunisada I a produit plus de 20 000 images avec l’aide de la cinquantaine d’artistes de son immense atelier. Certaines, tirées à 7 000 exemplaires, ont voyagé à travers le monde, rendant ses œuvres toujours accessibles aujourd’hui, bien au-delà du Japon. Cependant, le temps ayant réduit leur nombre, on estime qu’il reste entre 1 000 et 2 000 exemplaires en circulation de ces gravures à grande échelle. Ces planches, souvent abordables à moins de 500 $ (voire bien moins en cas de dégradations mineures comme des couleurs fanées, traces d’humidité ou petites déchirures), offrent un rapport qualité-prix rare, considérant l’importance capitale de Kunisada I dans l’histoire de l’art du Japon.
Remarque : la valeur des estampes dépend autant de la qualité du tirage, de son état de conservation et de sa rareté que du sujet représenté. Parmi les thèmes les plus prisés de Kunisada I, on trouve les portraits de l’acteur Ichikawa Danjuro VII dans le rôle de Kan Shojo ou d’Iwai Hanshiro V dans le rôle de Yaoya Oshichi. Ces tirages exceptionnels peuvent toutefois dépasser les 30 000 $. Où acheter des œuvres de Kunisada ? En janvier, des ventes ont eu lieu aux quatre coins du monde : principalement aux États-Unis et en France, mais aussi en Allemagne, Australie, Italie… Inutile donc de se limiter aux maisons japonaises pour dénicher ces trésors. Conseil Artprice : pour ne rater aucune opportunité aux enchères, activez le cœur à côté du nom de KUNISADA I sur sa page Artprice. Vous l’ajouterez à vos favoris et recevrez en avant-première toutes les informations sur les prochaines ventes aux enchères le concernant. Découvrez ICI les œuvres de Kunisada I bientôt en vente Un budget propice aux redécouvertesAu-delà du vaste univers de l’estampe, qui permet d’acquérir des œuvres “signées” par de grands noms, un budget de 500 $ offre de nombreuses opportunités de découverte. Il invite à explorer des artistes moins connus ou à redécouvrir des peintres que le marché a délaissés. Parmi eux, on trouve notamment des abstraits des années 1970 et 1980, dont les recherches plastiques ont marqué leur époque. Ces artistes, souvent exposés dans des galeries variées, voire intégrés à des collections institutionnelles, restent pourtant très abordables, avec des peintures adjugées pour seulement quelques centaines de dollars. Redécouvrir des peintres abstraits Plusieurs artistes européens méconnus, dans cette veine de création abstraite et colorée, sont accessibles dans cette gamme de prix. Par exemple, une toile du début des années 1970 d’Antonio SCORDIA (1918-1988) s’est vendue pour 489 $ chez Casa d’Aste Arcadia. Ce prix étonnamment bas contraste avec le parcours de cet artiste italien, qui a participé à la Biennale de Venise (1952), exposé dans d’importants événements internationaux, et bénéficié d’une rétrospective au Palazzo Barberini en 1976. Même cas de figure pour Pierluigi DE LUTTI (1959), dont les toiles s’échangent entre 200 et 500 $. Malgré des prix modestes, cet artiste a été remarqué par le MoMA de New York, qui l’a invité à rejoindre son programme “The Artist’s Viewing Program”, après avoir repéré l’une de ses œuvres au début des années 2000. Citons également Michèle DROUIN (1933-2018) peintre et poète, qui a réalisé une cinquantaine d’expositions personnelles, notamment au Canada, à New York, Paris et Londres. Une grande acrylique de plus d’un mètre de l’artiste a été vendue seulement 485 $ lors d’une vente en ligne de Waddington’s fin janvier. Enfin, la maison Ader à Paris a proposé, le 16 janvier, pas moins d’une quarantaine de toiles signées René BEN SUSSAN (1895-1988), peintre, illustrateur et graveur popularisé pour ses illustrations de classiques comme Le Père Goriot de Balzac ou Le Marchand de Venise de Shakespeare. Ces œuvres aux formes géométriques et colorées, vendues entre 200 et 300 $, représentaient une occasion rare d’acquérir des peintures à la fois abordables et pleines de caractère. Ces artistes, dotés d’un véritable parcours créatif et professionnel, évoluent sur un marché restreint. Plongés dans une relative confidentialité, leurs œuvres s’échangent à des prix particulièrement bas, qui pourraient cependant connaître une légère hausse si une institution venait à remettre leur travail en lumière. Quoi qu’il en soit, ils restent des valeurs plaisir, offrant un regard unique sur des approches plastiques emblématiques du 20ᵉ siècle. |
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René BEN SUSSAN (1895-1988) Composition (1974). Huile/toile, 73 x 92 cm Ader Paris, 16/01/2025. Prix: 294 $ |
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Michèle DROUIN (1933-2018) Roues Sur La Mer (1987) Acrylique/toile, 114,9 x 136,5 cm Waddington’s Canada, vente en ligne du 15/01/2025 au 30/01/2025. Prix: 485 $ |
Avec un budget limité à 500 $, le marché des enchères offre bien plus que de simples curiosités. Estampes d’artistes incontournables, œuvres uniques de peintres méconnus ou redécouvertes inattendues, ce segment prouve que l’art peut être accessible à tous, sans compromis sur la qualité ou l’histoire. Chaque acquisition, même modeste, peut devenir une porte ouverte vers un univers artistique riche et varié. Une opportunité à saisir pour collectionneurs curieux ou amateurs en quête de pièces authentiques à prix doux. |