Joan Miro Galerie Jean-François Cazeau

Exposition d'art

Joan Miro, la simplicité poétique
DU 4 AU 24 OCTOBRE 2014

Galerie Jean-François Cazeau
8 rue Sainte-Anastase - 75003 PARIS
+33 (0)1 48 04 06 92 - +33 (0)6 03 79 76 26


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« Un tableau doit être comme des étincelles. Il faut qu’il éblouisse comme la beauté d’une femme ou d’un poème. » Joan Miró

Joan Miro Bagatelles Végétales, 1955 Collage, gouache, lavis d’encre de chine, 28 x 20 cm
  Joan Miro Bagatelles Végétales, 1955 Collage, gouache, lavis d’encre de chine, 28 x 20 cm
Courtesy Galerie Jean-Franc¸ois Cazeau


Pour célébrer la mémoire de Pierre Matisse, son marchand new-yorkais disparu il y a 25 ans, la galerie Jean-François Cazeau présentera en octobre une sélection d’œuvres sur papier de Joan Miró.

Picasso lui avait dit : « Après moi, c’est toi qui ouvres de nouvelles portes. » Miró a dû apprécier le compliment, d’autant plus qu’il n’a eu de cesse de franchir de nouvelles limites plastiques : dès ses premières années à Barcelone, il est en contact avec les avant-gardes, se lie d’amitié avec Picasso justement, mais aussi avec les artistes, écrivains et intellectuels qu’il rencontre à Paris avant même de s’y installer, André Masson, Paul Éluard, Robert Desnos, Antonin Artaud, Michel Leiris, André Crevel, Georges HugnetAndré Breton, ou encore Tristan Tzara.

 

Joan Miro Apparitions (Visions), 29 août 1935Gouache et encre de Chine sur papier, 30,5 x 37 cm
Joan Miro Apparitions (Visions), 29 août 1935
Gouache et encre de Chine sur papier, 30,5 x 37 cm Courtesy Galerie Jean-François Cazeau
Cette gouache, ainsi qu’une seconde datée du 30 août 1935, à la forme et à la technique similaires, qui ne représente pas une main mais un « œil », sont les deux seules manifestations connues sur le thème des « apparitions » dans l’œuvre de Miró. L’empreinte de la main de l’artiste, apposée à l’encre de chine à la façon d’un cachet, apparaît ici pour la première fois dans l’histoire de l’art depuis l’époque des peintures rupestres, et sera utilisée à plusieurs reprises dans les œuvres ultérieures de Joan Miró. Symbole fort, il fut ensuite souvent utilisé par les peintres abstraits, dont Jackson Pollock. En 1936, pour illustrer la couverture du catalogue de l’exposition qu’il consacra à Miró dans sa galerie New-Yorkaise, Pierre Matisse a reproduit le détail de cette main.
 « J’ai beaucoup fréquenté les poètes, car je pensais qu’il fallait dépasser la chose plastique pour atteindre la poésie… Vivre avec la dignité d’un poète », déclare Miró.
« La poésie c’était pour lui l’étincelle qui allumait le feu, la peinture de la révolution. Mais il disait qu’il fallait casser la guitare de Picasso pour aller au-delà du domaine plastique. Donc, Miró a atteint le subconscient et le monde de rêve, le monde onirique grâce à la poésie. » Joan Punyet Miró
C’est Tristan Tzara qui lui présente Aimé Maeght en 1947. Sa première exposition chez Maeght a lieu dès 1948. L’artiste et son marchand-éditeur ne se quitteront plus. Au cours de toutes ces années, Miró séjourna plusieurs mois par an à Saint-Paul, où il travaillait dans les ateliers de céramique et de gravure créés par Marguerite et Aimé Maeght. Il s’investit intensément dans la création de la Fondation. Le Labyrinthe qui porte son nom, peuplé de son bestiaire étrange et poétique, ainsi que le vitrail de la cour Miró voient chaque année se presser des milliers de visiteurs venus du monde entier pour les admirer.
Si les relations que Pierre Matisse entretenait en tant que marchand d’art avec beaucoup de ses artistes, et notamment avec Giacometti, Calder, Dubuffet, Balthus, et Chagall, étaient bien connues, celle qui le liait à Miró était, elle, légendaire et dura plus d’un demi-siècle. Embrassant toute l’époque héroïque du modernisme, elle commença en 1932 puis continua après la disparition de Miró, le jour de Noël 1983, jusqu’à celle de Pierre Matisse en 1989, date à laquelle la galerie ferma ses portes.
 
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 Joan Miro La Funambule, 1938
Aquarelle, encre de chine, crayon et pastel sur papier perforé 41 x 33 cm Courtesy Galerie Jean-François Cazeau
 Pierre Matisse n’a jamais perdu de vue et cessé de croire que Miró demeurait l’un des plus grands maîtres de l’Art Moderne ainsi que l’un des artistes mythiques qui devaient marquer le XXe siècle. Sa conversion à Miró ne fut pas chose immédiate puisque ce fut Pierre Loeb qui lui offrit une de ses toiles, afin qu’il s’en fasse une idée (1). C’est alors que Pierre Matisse a réellement compris l’importance du Maître. Il signa un contrat pour la représentation exclusive de Joan Miró en Amérique du Nord en 1934. Il décida de présenter les oeuvres de Miró dans la galerie qu’il avait récemment ouverte dans le Fuller Building sur la 57e rue, et de lui donner, plus qu’aux autres artistes présentés, la place centrale dans ses catalogues où l’on trouvait des essais introductifs rédigés de la main de Jacques Dupin, David Sylvester, Yvon Taillandier, John Russel, James Johnson Sweeney, Louis Aragon, Josep Lluis Sert, Rosamond Bernier, Margit Rowell, des extraits de textes d’Ernest Hemingway, ainsi que des écrits de Pierre Matisse lui-même.
La sélection d’oeuvres de Miró présentée par la Galerie Jean-François Cazeau, allant de 1933 à 1975, illustre les quarante années au cours desquelles l’artiste a su transcender ses humeurs, sa tranquillité ainsi que les images particulières qu’il s’appropria et qui devaient devenir la langue et l’expression même du modernisme.
De nombreux aspects de l’oeuvre de Miró qui l’ont accompagné durant toute sa carrière sont présentés dans cette sélection : la relation figure-fond ; les symboles et signes constamment répétés ; le jeu de couleurs toujours créatif et son pouvoir descriptif abstrait ;
et enfin, le dessin et le trait uniques lui ayant permis d’éviter les convenances et de faire place à la spontanéité. Le jeu particulier qu’opère Miró avec le papier apparaît de façon brillante dans La Funambule, dont le support a été perforé par l’artiste de manière délibérée et ordonnée - geste précurseur qui sera à la base des recherches menées sur le support par certains artistes majeurs des années 50 et 60.
 
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 Joan Miro Composition, 1970. Gouache (détail), 19 x 23 cm - Courtesy Galerie Jean-François Cazeau
Certaines de ses oeuvres peuvent s’apparenter à un rêve universel, d’autres révèlent une extraordinaire mise en scène des éléments propres au peintre, un jeu d’acteurs formel se livrant à une autocritique, et toujours cette simplicité poétique qui transcende immédiatement la tranquillité initiale de l’oeuvre. En réalité, une partie du génie de Miró reposait sur son aptitude à s’approprier et à rendre unique ce qui semblait universel, se servant des espaces peu profonds de la révolution cubiste pour en faire le théâtre d’une véritable intrigue où l’abondance, le faste et la menace sont accentués par la couleur. Et c’est en parvenant à faire siens tous ces éléments que Miró s’est vraiment réalisé et a élaboré son propre langage, celui qui devait le qualifier. Si Pierre Matisse et Aimé Maeght ont su voir très tôt que ces travaux resteraient intemporels et authentiques, ils ont également eu l’immense chance de les voir entrer dans l’histoire de l’art.
 
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 Man RAY, Portrait de Joan Miró, Paris 1933
© Man Ray Trust / ADAGP, Paris, 2005 - Courtesy Galerie Jean-François Cazeau
« La peinture, c’est étudier la trace d’un petit caillou qui tombe sur la surface de l’eau, l’oiseau en vol, le soleil qui s’échappe vers la mer ou parmi les pins et les lauriers de la montagne... Pour moi, conquérir ma liberté, c’est conquérir la simplicité. À la limite, une ligne, une couleur suffisent à faire le tableau. » Ces mots de Miró résument bien la trajectoire du peintre-poète. Cet homme qui éprouvait le « besoin d’échapper au côté tragique » de son tempérament, reste l’inventeur d’une nouvelle calligraphie où les choses les plus simples, reconnaissables ou non, par la grâce du geste pictural, entrent dans la danse.
(1) Pierre Loeb, personnage unique en son genre, possédait la Galerie Pierre, 12 rue Bonaparte, très connue des cercles artistiques initiés de Paris et d’ailleurs. Pierre Loeb offrit à Miró sa première exposition individuelle du 12 au 27 juin 1925, avec ouverture des portes à minuit.
Galerie Jean-François Cazeau
8 rue Sainte-Anastase - 75003 PARIS
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