La Galerie Caroline tresca présente "Le plus simple appareil"
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www.galerie-caroline-tresca.frRobin GOLDRING
IL n'y a plus rien, ou si peu, seulement quelques éclats sombres dont l'ensemble pourrait constituer une nuit sans lune. Un ciel noir a envahi l'espace de ces petites peintures sur bois. À moins que ces ténèbres imposent leur domination pour mieux révéler les lumières orphelines de quelques corps, puisque seuls et nus des corps subsistent. C'est un peu la bure du mendiant de Victor Hugo « ... Son vieux manteau tout mangé des vers, et jadis bleu, Étalé largement sur la chaude fournaise, Piqué de mille trous par la lueur de braise, Couvrait l'âtre, et semblait un ciel noir étoilé... »
Une nudité tranquille et sans pudeur, donc, quasi exemplaire dans ce quelle témoigne de notre état originel, ordinaire et commun. Une nudité de bon aloi, accessible mais sans provocation pour autant. Unique lueur d'un monde à la clôture définie, à la périphérie certaine ; nudité issue d'un néant circonscrit par la main du peintre, suspendue dans un vide spatial et déterminé. Elle s'offre. Au fond obscur du support qu'elle ordonne d'abord, à notre regard ensuite. Un corps, une peinture, ou l'inverse. Est-ce un écrin ? Drôle d'univers que celui composé de ces corps anonymes croqués dans la nuit, étoiles fixées, étoiles endormies, allongées, arquées, voutées, cambrées, alanguies, somme de corps, masse et tension, chair neutre et poids courbe... Que disent de notre humanité ces corps en flottement suspendu, ordonnés et pliés sur eux-mêmes ? Peut-être témoignent-ils de notre fragilité impavide, de cette première parole que notre corps incarne. |
Pour cette série, Robin Goldring a aimé les polygones réguliers aux formats limités. 30 cm, 35 cm, guère plus. Une géométrie libérée du grand format, ou presque (5 tableaux présentent un grand format sur la trentaine proposée). Saynètes, instantanés. Le peintre se fait photographe, chorégraphe, poète et astronome. Une étoile à la fois dans la prunelle du maître. Discret, il surprend l'intimité dans ce qu'elle a de plus simple, de plus naturel. Pas de pathos, ici, une mise en scène minimale. Chaque personnage croqué semble livré à lui-même, son attitude banale, la pose, s'il y en a une, familière. On est assis ; on dort ; on se tient à genou ; on se tient droit ; on se redresse ; on se penche. Sont-ils rêveurs, danseurs ou pugilistes ? Certaines peintures, il y en a peu, sur lesquelles se laissent deviner plusieurs personnages dévoilent une tension des corps. Une densité contenue qui équilibre la quiétude affichée ailleurs. Partout, la facture réaliste au trait précis donne un résultat surprenant, c'est que Robin Goldring tient sa méthode, un stratagème ingénieux qui renforce l'impression de flottement. Il peint sur un film adhésif transparent avant de l'appliquer sur le bois. Ainsi, comme le dit la conférencière et historienne d'art, Pascale Guiony, « les premières touches de pinceau disparaissent sous les suivantes... jusqu'au marouflage, instant où l'arrière redevient l'avant, faisant triompher les premiers coups du pinceau. », et de poursuivre « C'est par le truchement de l'adhésif que la magie opère (...) Dans son atelier, le film adhésif est partout, sur ses œuvres mais aussi sur ses meubles, nombre de repentirs, de ratés de collage ont fini sur son fauteuil fétiche, momifié par ces épaisseurs de film, chacune comportant un élément d'une œuvre, une trace de ses créations, la mémoire de son travail, de ses doutes, de ses tâtonnements. » puisque, précise-t-elle « c'est le côté collant du film qui reçoit et fixe aussitôt les traits du pinceau qui vont devenir figures, ces figures si saillantes, qui semblent minutieusement détaillés une à une tout en flottant sur le vide du fond ». Voilà ! Nous sommes dans un poème magique de la nudité où s'épanouit l'humanité des personnages ou bien est-ce la sagesse du peintre, puisque, nous le savons bien, comme renoncement au vêtement, qui de son côté peut signifier notre attachement au monde, la nudité est aussi symbole de l'ascèse. Robin Goldring est né en 1963 à Paris. Diplômé de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris (1986), il vit et travaille à Paris. Jean-Pierre Delest |
Sylvie FALCONNIER |
Diplômée de CAMONDO en 1982, Sylvie FALCONNIER débute comme designer de mobilier urbain. Puis, crée pendant trois ans, des objets pour des entreprises de verreries. Elle poursuit son activité dans le graphisme et définit des panels de couleurs et de matériaux pour une équipe d'architectes. En parallèle, elle reprend une formation aux Beaux Arts et commence un travail personnel de peinture et de dessin. Elle s'attache alors au mouvement, aux silhouettes et aux ciels. À Beyrouth, elle découvre le feu et l'émail, ses couleurs et sa lumière. Viendront la terre, le modelage et la sculpture. Ses dessins, corps, visages, mouvements, prennent vie. Un univers apparaît : feu, bronze et patines. Née en 1958 à Paris, Sylvie Falconnier vit et travaille aujourd'hui à Paris. « Observer, chercher, fouiller, faire ce que l'on voit, ce qu'on laisse surgir en toute liberté. Transformer des blessures, des cris. Se servir du vertige, vers un lâcher prise, une sincérité, l'invisible, l'inexplicable. Finalement aller vers l'inconnu avec ce que l'on croit connaître. L'infini détail d'un visage laisse remonter une « émotion enfouie », les modèles sont plein de mystères, de vie, de mort. À la fin d'une journée de travail, on trouvera la paix ou la panique. À la force des pouces, des coudes, des bosselages et des creux qui accrochent la lumière et la nuit, les surfaces mouvementées de la sculpture conservent les marques des accidents, des peurs, du vertige, des joies survenues au cours du travail. » Sylvie Falconnier |