Agnès Varda deux expositions à Cannes
PLAGES, CABANES ET COQUILLAGES
8 juillet – 20 novembre 2022
Le Centre d’art La Malmaison, Cannes8 juillet – 18 septembre 2022
Cet été, la Mairie de Cannes présente dans deux espaces de son Pôle d’Art Contemporain une exposition consacrée à celle qui fut tour à tour cinéaste, photographe et plasticienne :
La Villa Domergue, Cannes
Agnès Varda.
Du 8 juillet au 20 novembre 2022 au Centre d’art la Malmaison et du 8 juillet au 18 septembre à la Villa Domergue, Rosalie Varda, directrice artistique et co-commissaire de l’exposition avec Hanna Baudet, directrice du Pôle d’Art Contemporain de Cannes, met à l’honneur l’univers d’Agnès Varda, dans la ville même qui l’a célébrée pour sa filmographie foisonnante, à travers une exposition estivale autour de la mer, de la plage et des cabanes, thèmes récurrents dans son travail de cinéaste et d’artiste plasticienne.Agnès Varda sur le tournage du film Les Créatures (1965). Photographie : Marilù Parolini © ciné-tamaris
Retour sur la Croisette |
« Cette exposition me fait revenir sur la Croisette autrement, car je ne connais Cannes que par son Festival. Remontons le temps : Agnès y est venue pour la première fois en 1962 avec son film Cléo de 5 à 7, en compétition. Dans son autobiographie, Varda par Agnès (1994), elle raconte : « On est tous allés à Cannes. Corinne Marchand avait l’air d’une starlette des années cinquante à Hollywood. Moi, je m’étais fait faire pour le grand soir de présentation une robe de cirque avec une cape transparente à paillettes, car on montait sur scène à l’époque. Notre succès à Cannes, vécu avec innocence et émerveillement, a fait connaître le film dans le monde entier et j’ai été invitée partout. » Ensuite, en 1964, Jacques Demy a gagné la Palme d’Or avec son film Les Parapluies de Cherbourg. Il a été membre du grand jury en 1977 ; Agnès en 2005. Treize des films d’Agnès sont allés en sélection officielle. Elle a reçu la Palme d’honneur en 2015 et a monté les marches en 2018, accompagnée de 81 autres réalisatrices. En cette année 2022, pour le 75e anniversaire du Festival, Thierry Frémaux a décidé de rendre hommage à Agnès en donnant son nom à la salle éphémère du Festival. Tous les ans elle sera là avec nous. |
Agnès Varda, installation Ping-pong, Tong et Camping (2005-2006), conçue pour l’exposition L’île et elle à la Fondation Cartier © succession Agnès Varda |
Je découvre La Malmaison, sur la Croisette face à la mer est un endroit rêvé pour une exposition joyeuse, d’été – « Agnès Varda – Plages, cabanes et coquillages » Le parcours de l’exposition montre qu’Agnès a su utiliser différents médiums pour partager des émotions et susciter le désir des spectateurs : la photographie, le cinéma et la création d’installations. Toute sa vie, elle a créé et repris des images pour inventer des oeuvres. On pourra aussi y découvrir sa passion pour la plage, la mer et le sable. Quelques tongs, la plus modeste des sandales, nous accueillent sur le parvis de cette belle maison, la malnommée Malmaison. C’est une entrée en matière, un clin d’oeil à l’installation Frise de tongs – présente dans l’exposition – avec laquelle Agnès nous présente mille et une façons de décorer ses pieds ! Dans la même salle, Ping-pong, tong et camping nous amuse avec ses éléments en plastique coloré. Cette salle joyeuse succède à la mélancolie du Dépôt de la cabane de plage, installation qui nous montre des actualités tristes du monde. Plus loin, nous découvrons le joli court-métrage Du côté de la côte, ainsi que des photographies de ce tournage de commande pour la promotion de la French Riviera. Agnès a tourné ce film pendant l’été 1958. J’avais quelques mois. La musique est de Georges Delerue, qui deviendra le célèbre compositeur de la bande originale du film Le Mépris réalisé par Jean-Luc Godard. La ville de Cannes, c’est aussi la somptueuse Villa Domergue, sur les hauteurs. Propriété qui fait rêver… Installer des cabanes dans cette belle demeure m’amuse ! Il y en a mille sortes : celles que font les enfants dans leur chambre, celles que les parents fabriquent pour leurs enfants, et puis celles que l’on fait dehors, dans les bois, sur la plage... Agnès les aimait tellement ! Les visiteurs-spectateurs pourront découvrir à la Villa Domergue un montage de tous les extraits de ses films dans lesquels il y a des cabanes. Elle les aimait tellement qu’elle m’en avait fait construire une dans notre maison de famille. Une petite cabane en bois, peinte d’un joli bleu vert qui a enchanté mon enfance, puis celle de mes trois garçons et maintenant celle de mon petit-fils Maurice. Hanna Baudet et moi avons eu envie d’installer dans le beau salon de la Villa Domergue une série de photographies de cabanes prises par Agnès en 2005 et 2006 pour le catalogue de son exposition « L’Île et Elle » à la Fondation Cartier pour l’art contemporain et, en face, une nouvelle cabane : La Tente de Sans toit ni loi. Cette installation, que nous venons de produire est constituée de pellicules de film 35 mm. En guise de cabane, Mona, le personnage du film Sans toit ni loi, réalisé par Agnès en 1985, avait une modeste tente de camping. |
Agnès Varda, maquette de La tente de Sans toit ni loi, 2017 © succession Agnès Varda |
Il s’agit d’une des Cabanes de cinéma conçues par Agnès, car elle aimait tellement les cabanes qu’elle en a créé une série aux parois constituées de bandes de film 35 mm, support argentique devenu obsolète avec l’arrivée du numérique. Les cinémas diffusent maintenant les films en fichiers numériques, les fameux DCP. Les Cabanes de cinéma : – 2006 : La Cabane de l’échec/de cinéma, avec son film Les Créatures (1966). – 2012 : My Shack of Cinema, la cabane de Lions Love (… and Lies) (1969). – 2018 : La Serre du Bonheur (film de 1965). Et en 2022, nous avons donc fait construire la cabane du film de Sans toit ni loi, d’après les plans et la maquette créés par Agnès en 2017. Agnès a également conçu quatre maquettes : de La Cabane de l’échec/de cinéma, de La Serre du Bonheur, de La Tente de Sans toit ni loi et du Bateau de La Pointe Courte (pas encore réalisée en grande version). Toutes sont montrées à la Villa Domergue. » Rosalie Varda, mai 2022 « Pour moi la nostalgie du cinéma en 35mm s’est transformée en désir de recyclage... Je bâtis des cabanes avec les copies abandonnées de mes films. Abandonnées parce qu’inutilisables en projection. Devenues des cabanes, maisons favorites du monde imaginaire. » |
Agnès et Rosalie devant la cabane de son enfance à Noirmoutier, Les Plages d’Agnès (2008) © ciné-tamaris |
Centre d’art de La Malmaison © Mairie de Cannes |
À propos du Centre d’art la Malmaison |
Créé en 2000, le Centre d’art la Malmaison a pour vocation de présenter des expositions d’art moderne et contemporain en présentant des expositions monographiques d’artistes des XXe et XXIe siècles. Chaque exposition rassemble en moyenne une centaine d’oeuvres provenant de collections privées ou publiques. Le bâtiment, construit en 1863 était à l’origine un pavillon annexé au Grand Hôtel, établissement d’un luxe inouï pour l’époque. Une première villa servant d’annexe accompagnait alors l’hôtel. Elle est remplacée en 1901 par un bâtiment plus grand, baptisé en 1929 du nom de « Malmaison » pour une raison inconnue à ce jour, siège de l’Union-Club de Cannes créé par Michel de Russie. La Malmaison est le seul pavillon qui subsiste de l’ensemble initial du Grand Hôtel, démoli puis reconstruit en 1963. Il semble que le destin de la Malmaison épouse celui de l’art moderne à Cannes. En 1945, le célèbre Aimé Maeght y organise une exposition de Matisse. La propriété est acquise par la Ville en 1969 et devient dès lors le cadre de grandes expositions d’art contemporain. Dressée face à la mer telle le symbole de la Côte d’Azur, la Malmaison accueille au fil des années les oeuvres des artistes de légende qui ont marqué ce territoire (Picasso, Chagall, Max Ernst ou encore César) et dont l’histoire est liée au bassin cannois, mais également d’artistes émergents de la région (Moya, Pierre Theunissen, etc.). Un projet de restructuration du bâtiment a été engagé pour les prochaines années afin que la Malmaison devienne un phare de l’art moderne et contemporain dans la région. |
À propos de la Villa Domergue |
Le peintre Jean-Gabriel Domergue, né en 1889 à Bordeaux, achète en 1926 un terrain à Cannes, au bas de la Californie, pour y faire édifier une demeure semblable à celles qu’il avait pu voir à Fiesole, petite cité des environs de Florence. Il conçoit lui-même les plans de l’édifice et des jardins, son épouse, Odette Maugendre, réalisant les sculptures qui ornent les allées. La Villa Fiesole est inaugurée en 1936 et devient le théâtre de fêtes prodigieuses dont Jean-Gabriel Domergue, amoureux des beautés de la vie, est le premier acteur. Il y reçoit de grands artistes et les plus belles femmes de son temps venues poser pour lui, telles Gina Lollobrigida et Brigitte Bardot. Jean-Gabriel Domergue, auteur en 1939 de l’affiche du premier Festival International du Film qui n’aura jamais lieu, s’éteint dans cette demeure en 1962. Mme Domergue le rejoint pour l’éternité en 1973. Dans un recoin du jardin, un tombeau d’inspiration étrusque sculpté par Odette Domergue accueille les deux époux aux regards tournés vers la mer. La propriété, léguée à la Ville de Cannes par le peintre en même temps qu’une série remarquable de ses oeuvres, prend le nom de Villa Domergue. Elle accueille désormais les hôtes de marque du monde entier, et des expositions prestigieuses d’art moderne et contemporain de juillet à septembre qui sont l’occasion d’ouvrir au public ce lieu magique dédié à la création et à la beauté. |
Informations pratiques |
Commissariat : Rosalie Varda et Centre d’art la Malmaison 47, la croisette, 06400 Cannes Horaires : Ouvert du mardi au dimanche de Renseignements pour le public : Mairie de Cannes au 04 97 06 45 21 Villa Domergue 15 avenue Fiesole, Impasse Horaires : Ouvert de 10 à 19h, tous les jours Renseignements pour le public : 04 97 06 44 90 |