Des premières actualités généralistes, projetant un regard parfois condescendant ou amusé sur l’art et les artistes, jusqu’aux émissions spécialisées « de qualité » proposées au cours des années 1960 et 1970 par des critiques d’art, cet ouvrage mesure ce que fût initialement la prise en compte par la télévision, de ce nouveau média entré rapidement au cœur de l’intimité des téléspectateurs et consommateurs, de l’art en tant qu’enjeu culturel. À partir des années 1990, de l’éducation à la promotion, du respect de la parole de l’artiste au reality show, l’art à la télévision a épousé toutes les variations de styles et les innovations commerciales, aussi bien des programmes télévisés que des œuvres. Il n’a cependant pas pu, su ou voulu s’adapter à une forme de « porno-isation », celle aujourd’hui à l’œuvre dans certains talk-shows ou programmes de télé-réalité. Le fait est que la plupart des émissions de ce genre consacrées à l’art n'ont jamais trouvé leur public, quel que soit le pays où elles ont été proposées. L’art contemporain a ainsi démontré, pour son malheur ou son bonheur, qu’il ne faisait pas bon ménage avec la chasse à l’audience, devenue cruciale à partir des années 1980 et surtout 1990. |
Dès lors, la représentation de l’art à la télévision s’est comme scindé en deux : d’un côté des « gros titres », traitant de records du marché ou d’évènements culturels n’ayant qu’un lointain rapport avec la création artistique elle-même ; de l’autre, quelques émissions réservées à un public restreint, presque de professionnels, diffusées à des heures tardives ou sur des chaînes spécialisées. Cette inadaptation de l’art contemporain au média télévisé a progressivement entraîné la disparition de programmes ambitieux destinés à toucher un large public, au profit d’émissions « de niche », repoussées en fin de grille. Il n’en reste pas moins que la télévision, miroir de l’évolution des goûts et des mœurs, continue de proposer des émissions culturelles tandis que le marché de l’art semble de façon croissante adopter certains codes médiatiques, la communication faisant ainsi désormais partie intégrante de la carrière d’un artiste. L’étude revêt dès lors une importance cardinale pour tenter de comprendre, face aux évolutions de la société, la transformation concomitante des liens entre spectacle, art contemporain et représentation télévisée. Comment concilier l’ambition de la compréhension, de l’analyse et de l’éducation avec l’immédiateté, l’efficacité, l’accessibilité et la popularité inhérentes au temps médiatique contemporain - notamment celui que met en scène la télévision ? Si les acteurs du champ artistique ont souvent su s’adapter aux réseaux sociaux, à l’image ou aux messages qu’ils permettent de véhiculer, aucun n’a su réellement apprivoiser en revanche ce qui aurait pu constituer un outil privilégié de démocratisation et de vulgarisation intelligente de l’art.Les cinquante ans d’histoire que retrace ce livre offrent un regard acéré sur le déclin d’une certaine télévision, celle à visée éducative qu’avaient conçue ses pionniers, et sur la perte progressive de capacité de contextualisation et d’analyse de ce médium. Reste que la télévision elle-même est actuellement traversée par de très profonds bouleversements. Face à la multiplication du nombre des chaînes et à l’irruption de grandes plateformes digitales mondialisées offrant un vaste choix de programmes à la demande, telles YouTube, les grilles de programmation linéaires traditionnelles apparaissent de moins en moins attractives. Un nouveau monde audiovisuel et numérique naît sous nos yeux qui pourrait, si les artistes et les acteurs du monde de l’art savent s’en emparer, offrir aux arts plastiques une nouvelle audience. « Lorsque Laurent Vallet, président de l’INA, a porté à mon attention le travail de Clémence de Montgolfier, l’idée d’en faire un livre co-publié avec le Comité professionnel des Galeries d’art s’est immédiatement imposée. Le regard inédit porté par une auteure à la fois artiste et chercheure invite en effet, de façon particulièrement stimulante, à s’interroger sur une nouvelle et nécessaire appréhension de la télévision par les professionnels du monde de l’art - créateurs et galeristes mais aussi conservateurs ou critiques d’art », déclare Georges-Philippe Vallois, président du Comité Professionnel des Galeries d’Art. |
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À propos de Clémence de Montgolfier |
Récompensée en 2018 par le prix de la Recherche de l’Ina Thèque, Clémence de Montgolfier a analysé les archives des émissions télévisées sur l’art contemporain des années 1960 aux années 2000, dressant un portrait édifiant de l’évolution de la représentation de l’art à la télévision. Artiste plasticienne diplômée de l’ESAD à Angers en 2011, Clémence de Montgolfier est docteure en sciences de l’information et de la communication (CMI-CEISME, Université de Paris 3). Sa thèse, ici publiée, a été soutenue en 2017 sous la direction de François Jost, professeur des universités à l’Université Sorbonne Nouvelle Paris 3. |
À propos du Comité Professionnel des Galeries d’Art |
Le Comité Professionnel des Galeries d'Art représente les galeries et défend leurs intérêts depuis 1947. Porte-parole des principaux acteurs du marché de l'art auprès des autorités politiques et administratives, des représentants institutionnels et des acteurs privés, il est un interlocuteur respecté et écouté. C'est ainsi qu'il prend part à l'élaboration des réglementations du marché de l'art et contribue aux politiques culturelles propices à l'ensemble du secteur. Il s'attache à promouvoir le rôle central des galeries dans le milieu artistique et culturel. Il s'appuie de fait sur leur spécificité, expertise, promotion des artistes ou des courants artistiques et sur la pérennité des relations entretenues avec l'ensemble des acteurs privés et publics du marché. Le Comité Professionnel des Galeries d'Art joue un rôle de conseil et de soutien auprès de plus de 280 galeries adhérentes. Grâce à son expertise et à une veille sectorielle continue, il renseigne ses membres sur les réglementations du secteur. Il favorise les relations interprofessionnelles et informe ses adhérents de leurs droits et devoirs en veillant notamment au respect du code de déontologie propre aux galeries d'art. Depuis quelques années, il est impliqué dans des événements culturels majeurs afin de construire une meilleure visibilité des galeries d'art, véritables partenaires de la création artistique. |