Ecrits sur l'art
Précisions d'un de ses fils Blaise Patrix au sujet de Michel Patrix - Décembre 2019
Etablies en prévision de l’exposition rétrospective 1941-1973 intitulée "La liberté de peindre" qui aura lieu du 27 Mars au 26 Avril 2020 à Mers-les-bains, les notes qui suivent mêlent considérations historiques et confidences privées. Elles vous familiariseront avec cet artiste dont la vivacité d’esprit, la culture étendue, la perpétuelle inquiétude, l’humour dévorant, la générosité de cœur, mais aussi les aspects les plus sombres de son tempérament, ont fortement impressionné ses amis et proches.
Difficile en effet d’évoquer cette personnalité complexe, férue de philosophie, d’anthropologie, d’archéologie, de musique, d’histoire et de poésie. Michel Patrix disait avoir été marqué par le fait de porter la version masculine du prénom de sa soeur ainée Micheline décédée en bas âge d’une méningite. Peut être est-ce dans le défi que sa naissance a représenté pour ses parents qu’il faut chercher les tendances héroïques de celui que ses collègues de la jeune peinture Parisienne des années 50 surnommait ‘l’increvable”?. |
Oleg GOUDCOFF par Lydia HARAMBOURG
Oleg GOUCOFF par Lydia HARAMBOURG © Historienne de l’art Comment passe t-on de la sculpture à la peinture ? Formé à la discipline des techniques de sculpture, de la taille directe et du modelage, le respect du passé, ses acquis traditionnels auprès de ses maîtres Marcel Gimond aux Beaux-Arts de Paris et de Gustave Seitz à ceux de Berlin Est, le préparent au langage de la forme, de l’expression, du choix des matériaux et des effets visuels. |
Oleg Goudcoff La vierge sage 1967 Fonds National d'art Contemporain |
Oleg GOUDCOFF par Pierre LITAISE
Jean Paulhan écrivait à propos de l'informel : « Les anciens peintres commençaient par le sens, et lui trouvaient des signes. Mais les nouveaux commencent par des signes, auxquels il ne reste plus qu'à trouver un sens ». . Il était normal qu'il y eut, parmi les signes orphelins de la débandade du brouhaha et du rififi, de l'informel. Mais sans doute on-t-ils depuis réfléchi sur leur dynastie, puisque voici Oleg Goudcoff et devant ses œuvres l'on peut reprendre aux orties la vieille question que comme un froc on y avait jetée : « Qu'est ce que cela signifie ? ». De ce verbe signifier il faudrait parler. Qu'on n'attende pas en tous cas l'explication claire, habitable, clefs en mains. Il est dans la nature de cette oeuvre que son sens ne soit pas citable, explicitable : ses figures le dessinent et ne s'effacent, parfois devant lui, que comme la matière d'un mot dans un discours en résonnant lointainement à travers lui et en occupant longuement l'arrière pensée, l'arrière pays de l'esprit. Nous ne pouvons employer pour en parler que des images, ces receleuses de sens multiples. La première qui s'impose à moi est celle de l'arbre. ARBRE, cela rend compte d'un soulèvement puissant à partir de graines infimes, de l'insurrection de jachères visibles dans ce mouvement qui porte le plâtre vers les hauteurs. De la même manière l'arbre prend de la matière, l'éduque, la structure, l'élève et lui assure en haut ce déploiement victorieux de feuilles qui est celui de Cœur à corps, avec une lenteur paysanne il extrait, comme méditant un sens jamais clair bien qu'il apparaisse dans l'éclat de ces feuilles, ces oreilles consacrées à l'air. Et en même temps l'arbre reste splendidement matière obtuse dans son sarrau d'écorce. Puissante est cette poussée immobile, capable de disjoindre le roc et qui reste attachée à la terre ( Earthbound a-t-on écrit dans le New York Herald Tribune) . Elle est sombre comme un mur et elle est autre chose encore. Un jour l'on demandait à Oleg Goudcoff ce qu'est pour lui une forêt. La réponse fût instantanée : « Un mur transparent ». |
Oleg Goudcoff sculpture "A coeur ouvert" |
Erik Purienne et les attentes
Erik Purienne, « Purienne »
par Jean-Paul Gavard-Perret
Avec le photographe sud-africain Erik Purienne chaque modèle reste la Sibylle énigmatique. Elle rappelle à l'innommable puisque c'est à partir de l'insensé de sa rencontre que le miracle optique se propage en emportant les nuits noires. Reste la tiédeur dans un mouvement de la marée. Erik Purienne bouscule la solitude, réveille - mais à peine - le corps tout en caressant le désir. Chaque photographie donne corps à une attente en clôturant chaque foi et provisoirement une forme, un espace : ils deviennent des interstices. Le corps cherche sa gravité pour ne pas totalement se volatiliser. Ou se volatilise pour révéler une présence. Une main parfois furète, détourne, gravite, descend presque jusqu'à nacre rose. Le photographe suggère des émergences, des gémissements, le vibrato des bouches, leurs prières. Mais tout demeure en suspens de ce qu'on nomme luxure.
Interview Gilda Richet par Patrick Reynolds
Tyler Shields
Tyler Shields : le réel ludique et l'érotisme ironique par Jean-Paul Gavard-Perret
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Tylers Shields Courtesy Andrew Weiss Gallery Santa Monica |
Arnaud Cohen
Arnaud Cohen : révision du système des images
par Jean-Paul Gavard-Perret
Arnaud Cohen, « Rémission + Rétrospection » Palais Synodal, Sens,14 juin- 20 septembre 2015, « A l'ombre d'Eros - une histoire d'amour et de mort», Monastère Royal de Brou, Bourg-en-Bresse, 19 juin 2015 - 4 janvier 2016.
Dans la salle synodale du Palais de Sens (redessiné par Viollet-le-Duc) Arnaud Cohen convoque à travers ses mises en scènes et ses sculptures une critique de notre époque Dans « Rémission » l'artiste cultive deux ambitions ou espérances qu'il définit lui-même : « celle d'un sursaut vital et d'une rémission du cancer qui nous ronge, celle d'une rémission de nos pêchés à l'heure du jugement dernier ». Entre préoccupations physiques et métaphysiques le créateur montre en filigrane comment « une Europe malade de ses doutes et de ses peurs roule à tombeau ouvert vers un suicide collectif ». L'œuvre est ambitieuse, profonde, habitée mais non sans humour. Un Saint Sébastien est fléché de seringues et dans un hôpital de campagnes les opérations en cours ou passées font surgir divers monstres et hybrides.
Nadia Lee Cohen
L'Eden et après
Nadia Lee Cohen par Jean-Paul Gavard-Perret
Provocantes, mélancoliques parfois effrayantes les poupées US de l'anglaise Nadia Lee Cohen portent plus loin les critiques qu'un art féminin a déjà illustré avec Nan Goldin et Cindy Sherman. Ne semblant pas aimer ce qu'on a fait d'elle, ces femmes subissent une beauté fabriquée qu'elles doivent assumer. Filles de tous elles deviennent filles de rien mais restent sauvées par le regard de la jeune anglaise qui épouse leur désarroi silencieux. Non seulement ses clichés viennent percuter les murs de la mémoire par nostalgie (des années 60) mais celui-ci permet la critique d'un présent ravagé mais qui dans ces mises en scènes enfoncent dans les arcanes de l'étrange.
Laura Callaghan
Laura Callaghan : soft lesbian power
par Jean-Paul Gavard-Perret
Laura Callaghan dessine au présent sa propre histoire sans entrer dans les détails. N'en surgit que la mystique et sensuelle moelle. Son présent est riche de tout un passé et s'engrosse encore d'avenir. Ce présent à la fois poétique et réaliste actualise des scènes quotidiennes afin pour nous réfléchissions sur le sens de notre propre existence et sur nos a-priori. En effet Laura Callaghan explore par ses dessins les frontières, les limites du féminin et son incessant devenir. L'intimité est toujours traitée de manière allusive et sous forme narrative. L'homme est exclus d'un tel univers : cela évite tout "épapillonnement" . Et si la créatrice flaire lèche croque des grains de peau, si elle accroche aux cheveux de ses copines ses grains de folies, cela se montre sous forme d'aporie.