Laura Callaghan : soft lesbian power
par Jean-Paul Gavard-Perret
Laura Callaghan dessine au présent sa propre histoire sans entrer dans les détails. N'en surgit que la mystique et sensuelle moelle. Son présent est riche de tout un passé et s'engrosse encore d'avenir. Ce présent à la fois poétique et réaliste actualise des scènes quotidiennes afin pour nous réfléchissions sur le sens de notre propre existence et sur nos a-priori. En effet Laura Callaghan explore par ses dessins les frontières, les limites du féminin et son incessant devenir. L'intimité est toujours traitée de manière allusive et sous forme narrative. L'homme est exclus d'un tel univers : cela évite tout "épapillonnement" . Et si la créatrice flaire lèche croque des grains de peau, si elle accroche aux cheveux de ses copines ses grains de folies, cela se montre sous forme d'aporie.
La graphiste anglaise habite dans le Sud de Londres et ses dessins sont créés avec un mélange de peinture à l'eau, d'encre indienne et les traits sont tracés à l'isographe. La jeune artiste a été l'illustratrice de "Oh Comely Magazine" de 2010 à 2013 et a participé à des revues tels que « Riposte Magazine » ou encore « Nylon Magazine ». Son travail rappelle que chacun garde manière de vivre. Ses « frangines » et ses « noire sœurs » ne se prennent pas la tête : elles vivent le quotidien. Il se trouve métamorphosées par les couleurs douces et la précision de trait des dessins. Toute sinistrose disparaît comme le prouve sa récente série « Pick me up ».. |
L'artiste « apprend » sans le moindre didactisme aux femmes l'indépendance avec plus de jovialité que de gravité et sans la moindre provocation de façade. Son érotisme très larvée dit l'indicible. Il passe par le visage et les poses où la femme s'empare des attitudes du mâle pour les faire siennes de la manière la plus simple qui soit. Preuve (implicite) que le présent sera féminin et poétique ou ne sera pas. Restent dans ces dessins une succession de petits, une fraîcheur d'air et de lumière, de spectacles, d'amour ou d'amitié. Chaque dessin illustre une soif d'errer à la rencontre de toutes et dont la créatrice s'assure qu'elles la maintiennent en communication mystérieuses avec les autres femmes comme si elles étaient appelées à se retrouver toujours. Jean-Paul Gavard-Perret |