Au-delà de la peinture
29 June – 17 November 2019
https://www.fondation-maeght.com/
Du 29 juin au 17 novembre 2019, dans la lignée de l’héritage de Marguerite et Aimé Maeght et de leur fils Adrien, éditeurs d’art et imprimeurs, la Fondation Maeght propose, pour sa grande exposition estivale, un hommage au génie créateur de Joan Miró.
L’exposition Joan Miró. Au-delà de la peinture, dont le commissariat est assuré par Rosa Maria Malet, directrice historique de la Fundació Joan Miró, à Barcelone, offre au public de découvrir une partie essentielle de l’oeuvre de l’artiste : son exceptionnel oeuvre graphique. Cette exposition fait également écho à la rétrospective présentée cet hiver au Grand Palais, à Paris.Le 12 juin 1925, le Tout-Paris assiste au vernissage de la première exposition personnelle de Joan Miró à la Galerie Pierre, récemment ouverte par le marchand d’art Pierre Loeb. Le lendemain, alors que la galerie est vide, Raymond Roussel va voir l’exposition avec Michel Leiris. Sachant combien Roussel était soucieux de préserver son intimité, Miró s’abstint de les accompagner, mais il fut extrêmement flatté lorsque son ami Leiris lui rapporta la réaction de l’auteur d’Impressions d’Afrique devant ses tableaux. « Ça va au-delà de la peinture », s’était exclamé le grand écrivain devant l’oeuvre difficilement classable de Miró1
1/ « Leiris m’a expliqué la réaction de Roussel. Il a dit à Leiris : “Ça va au-delà de la peinture.” J’ai beaucoup apprécié ce jugement. Il était très difficile de savoir ce que pensait Roussel », dans Joan Miró, Ceci est la couleur de mes rêves. Entretiens avec Georges Raillard, Paris, Seuil, 1977, p. 23.
Mais Miró ne bouscule pas les conventions qu’en peinture. Il passe outre quel que soit le champ dans lequel il intervient, qu’il s’agisse de la céramique, de la tapisserie, du théâtre ou, bien entendu, de la gravure : « Penser que le champ de possibilités qu’offre la gravure est aussi large que celui de la peinture – une erreur technique peut, par hasard, conduire à une découverte précieuse. Penser au choc magique qui s’établit lors du contact de l’outil avec le Miró a laissé une empreinte indélébile dans le domaine de l’oeuvre graphique. Il l’a révolutionné à tel point que l’on pourrait paraphraser Raymond Roussel en disant que son oeuvre graphique va au-delà des limites propres aux techniques de reproduction, allant jusqu’à les porter à de nouveaux sommets. Ni abstrait ni figuratif, Miró n’a eu de cesse de développer un langage résolument neuf et poétique, autant dans sa peinture que dans tous ses modes d’expression artistique, dont l’oeuvre graphique reste un domaine très important. Miró écrit dans son cahier : « Baudelaire disait que la gravure était l’écriture |
Cosmonaute – maquette, 1969. Encre de Chine, Gouache et Pastel sec sur eau-forte originale. © Successió Miró, Adagp Paris 2019. Photo Claude Germain / Archives Fondation Maeght. |
Beyond Painting 29 juin - 17 novembre 2019 |
Building on the legacy of Marguerite and Aimé Maeght and their son Adrien, art publishers and printers, the Fondation Maeght pays tribute to the creative genius of Joan Miró for its major summer exhibition, which will run from 29 June to 17 November 2019. The exhibition Joan Miró. Beyond Painting, curated by Rosa Maria Malet, former director of the Fundació Joan Miró in Barcelona, gives visitors the opportunity to discover an essential aspect of the artist’s work: his exceptional graphic work. The show also echoes the retrospective exhibition presented last winter at the Grand Palais in Paris. On 12 June 1925, the fashionable and influential members of Parisian society attended the opening of Joan Miró’s first solo exhibition at the Galerie Pierre owned by the dealer Pierre Loeb. The day after, when the gallery was empty, Raymond Roussel – accompanied by Michel Leiris – went to see the exhibition. Miró wanted to respect the writer’s privacy so he did not attend, but he was deeply flattered when his friend Leiris told him about the author of Impressions of Africa’s reaction to his works: “That goes beyond painting,” exclaimed the great writer on seeing Miró’s hard-to-classify work1 1/ Leiris told me about Roussel’s reaction. ‘That goes beyond painting,’ he said to Leiris. I really However, it was not only Miró’s painting that went beyond conventional boundaries. He also surpassed them when working in other art forms, be it ceramics, tapestry, theatre or, of course, graphic work: “to think that the field of possibilities in engraving is as broad as that of painting – a mistake in technique can accidentally lead to a valuable discovery. To think about the magical impact that occurs when the tool comes into contact with the metal, and to Miró left an indelible mark on the field of graphic work and generated a profound renewal of it. Indeed, in terms similar to those used by Raymond Roussel, it could be said that his graphic work transcended the very boundaries of printmaking techniques and took the field to a whole new level. Neither abstract nor figurative, Miró constantly developed a resolutely new, poetic language in both his painting and all his other modes of artistic expression, among which his graphic work remains a very important field. In his notebook, Miró wrote that: “Baudelaire said that engraving was pure writing from the spirit.”2 |
Coquillages – maquette, 1969. Lithographie rehaussée d'encre de Chine, gouache, craies de couleurs. © Successió Miró, Adagp Paris 2019. Photo Claude Germain / Archives Fondation Maeght. |
Joan Miró. Au-delà de la peinture présente plus de deux cents oeuvres, dont un ensemble de gouaches inédites. Maquettes, affiches, gravures, lithographies originales, planches de tirage, bons à tirer et ouvrages de bibliophilie complètent l’exposition pour mettre en lumière cette prodigieuse création. Un grand nombre de ces pièces a été généreusement donné par Adrien Maeght à la Fondation Marguerite et Aimé Maeght. C’est, en effet, à l’imprimerie ARTE, fondée par Adrien Maeght en 1964, que Joan Miró réalisa la plupart de son abondant oeuvre graphique. L’étroite complicité qui l’unissait à son imprimeur lui a permis de se lancer dans des expériences, de tâtonner, d’être L’exposition permet de découvrir l’évolution, l’importance et la richesse de l’oeuvre graphique de Joan Miró dans un accrochage autour de quatre concepts principaux : le rapport de Joan Miró avec les poètes, le concept « collage », les possibilités combinatoires et la découverte des techniques. |
Joan Miró. Beyond Painting presents over 200 works, including a number of unseen gouaches. Artist’s proofs, posters, prints, original lithographs, printing plates, final proofs and rare books complete the exhibition and shed light on this prodigious creative work.
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Affiche « Tokyo – Kyoto » – maquette. Gouache et Encre de Chine sur carton. © Successió Miró, Adagp Paris 2019. Photo Claude Germain / Archives Fondation Maeght. |
La gravure, ou, tout au moins, l’incision, est attestée depuis la Préhistoire. Elle atteindra à la Renaissance un niveau conceptuel et technique remarquable, notamment avec Dürer, puis, plus tard, Rembrandt. Elle permet d’obtenir une reproduction fidèle d’une image et de la diffuser. Grâce à elle, des artistes comme Goya ou Gustave Doré ont pu traiter des sujets que la peinture traditionnelle leur aurait difficilement permis d’aborder. Puis, avec l’apparition de la lithographie à la fin du XIXe siècle, surgit un nouveau mode de vulgarisation de l’art, notamment de la main de Toulouse-Lautrec avec des affiches où, à la valeur informative, vient s’ajouter une indéniable valeur plastique. C’est à son amitié avec des poètes que Miró doit de s’être lancé dans l’aventure de l’oeuvre graphique, une aventure qui commence en 1927, lorsqu’il fait huit pochoirs pour illustrer le recueil Il était une petite pie, de Lise Hirtz, qui paraîtra l’année suivante. Dans les années 1930, Miró apprend à maîtriser les outils et les techniques de la gravure à l’eau-forte et à la pointe sèche. Après quelques autres « expériences » dans le monde de l’édition, ce sont 3/ Joan Miró. Écrits et entretiens : Choisis, présentés et annotés par Margit Rowell, Paris, Daniel Lelong éditeur, 1995 (FJM 4398-4437. 1941-42 4401 b [annotations]). |
Evidence of engraving or incising techniques can be found as far back as pre-historic times. It was from the Renaissance that engraving attained a notable conceptual and technical level, with artists like Albrecht Dürer and, later on, Rembrandt. Engraving allows an accurate copy of an image to be made and disseminated. It enabled artists like Francisco de Goya and Gustave Doré to address topics for which there was little room in traditional painting. With the advent of lithography in the late 19th century, a new way of disseminating topics of popular interest emerged, with significant artistic quality. This was the case for Toulouse-Lautrec’s posters, in which an undeniable artistic value was added to their informative value. Miró’s graphic work venture began in 1927 as a result of his relationships and friendships with a number of poets. It was at that time that he produced eight pochoirs for the book Il était une petite pie (Once There Was a LittleMagpie) written by Lise Hirtz and published the following year. In the 1930s, Miró learnt to master the use of etching and drypoint tools and techniques. After a number of other ‘experiments’ in the world of publishing, the poets were again the ones who led Miró to engraving and to lithography to illustrate their writings. Then from 1932, Miró created numerous editions, including Portrait of Miró (with Marcoussis in 1938), the Black and Red Series (1932-1939) and the 3/ Joan Miró. Écrits et entretiens : Choisis, présentés et annotés par Margit Rowell. Paris: Daniel Lelong éditeur, 1995 (FJM 4398-4437. 1941-42 4401 b [Notes]). |
Le Hibou blasphémateur, 1975. Gravure originale en aquatinte et carborundum sur vélin d'Arches. Photo Germain Archives Fondation Maeght. |
C’est en 1947 que Miró réalise une première lithographie originale en couleurs pour Maeght Éditeur pour le frontispice du catalogue de l’Exposition internationale du surréalisme, dont il fait également l’affiche. La grande période de la production de l’oeuvre graphique de Miró commence en 1948 lorsqu’Aimé Maeght devient son marchand en Europe et lui consacre sa première exposition à la Galerie Maeght. Aimé Maeght ne conçoit pas sa galerie sans une politique novatrice d’édition, de lithographies et d’affiches. Miró répond avec délectation à ce voeu : désormais, chacune de ses expositions se verra accompagnée d’une affiche réalisée en lithographie originale. Passionné par l’imprimerie, Miró dessine par la suite de nombreuses lithographies, en noir, sur pierre, notamment pour des livres de ses amis poètes (André Breton, René Char, Tristan Tzara, Paul Éluard…). Aux affiches en lithographie originale s’ajoutent les collaborations à la revue Derrière le miroir, créée en 1946 par Aimé Maeght. It was in 1947 that Miró made his first original colour lithograph for Maeght Éditeur for the frontispiece of the catalogue of the Exposition internationale du surréalisme, for which he also produced the poster. |
Dormir sous la lune, 1969. Gravure originale en aquatinte, carborundum, eau-forte et pointe sèche sur Arches. Photo Claude Germain/Archives Fondation Maeght. |
Les années 1950 voient se développer le goût de l’estampe, l’édition de lithographies et de gravures originales devient l’une des principales activités de Maeght : en 1959 les ateliers d’Aimé Maeght ouvrent à Levallois. « Avec tout ce que j’ai en projet, nous pourrons bâtir un monument à l’oeuvre graphique du XXe siècle 4 4/ Lettre de Joan Miró à Aimé Maeght, 14 mai 1962. », écrit Miró à Aimé Maeght en 1962. En 1964, Adrien Maeght crée l’imprimerie ARTE rue Daguerre, dans le XIVe arrondissement de Paris. Joan Miró n’imagine plus l’édition sans ARTE, à tel point que même ses catalogues et affiches pour les musées du monde entier y sont réalisés. Lithographie, eaux-fortes et livres de bibliophilie offrent les possibilités les plus variées et les plus grands défis à Joan Miró : il utilise des plaques perforées par l’acide (Les Géants, 1960), imprimées sur des papiers préalablement préparés à d’autres fonctions (Défilé de mannequins, 1969), il incorpore des images photographiques (La Demoiselle du téléphone, 1971) ou l’empreinte d’objets (Le Bijou, 1969). Parallèlement, les éditions de bibliophilie, auxquelles Miró a toujours voulu accorder une place privilégiée, deviennent dans les années 1940 des projets très puissants : Parler seul avec Tristan Tzara (Maeght Éditeur, 1948-1950), À toute épreuve avec Paul Éluard (Cramer, 1958), Album 19 (Maeght Éditeur, 1961) ou Fissures avec Michel Leiris (Maeght Éditeur, 1969) en sont quelques exemples.
4/ Letter from Joan Miró to Aimé Maeght, 14 May 1962. wrote Miró in a letter to Aimé Maeght in 1962. In 1964, Adrien Maeght set up the Imprimerie ARTE in rue Daguerre, in Paris’s 14th arrondissement. Joan Miró could no longer imagine publishing without ARTE, to the extent that his catalogues and posters for museums worldwide were produced there. Lithographs, etchings and rare books gave Joan Miró the most varied possibilities and the greatest challenges: he used acid-etched plates (Les Géants [The Giants], 1960) and made prints on types of paper that had been prepared beforehand for other purposes (Défilé de mannequins [Mannequin Parade], 1969), and he incorporated photographic images (La Demoiselle du téléphone [The Young Lady on the Phone], 1971) and the imprint of objects (Le Bijou [The Jewel], 1969). Alongside the above, the publication of rare books – to which Miró had always wanted to pay special attention – became very powerful projects in the 1940s: Parler seul (Speaking Alone) with Tristan Tzara (Maeght Éditeur, 1948-1950), À toute épreuve (Proof against All) with Paul Éluard (Cramer, 1958), Album 19 (Maeght Éditeur, 1961) and Fissures with Michel Leiris (Maeght Éditeur, 1969) are but a few examples. |
Les Mains sales – maquette, 1974. Gouache et Collage de journaux sur papier. © Successió Miró, Adagp Paris 2019. Photo Claude Germain / Archives Fondation Maeght. |
À la fin des années 1960, Miró découvre, grâce à Adrien Maeght, les possibilités que lui offre la technique du carborundum, utilisée par Henri Goetz. « L’artiste peut s’exprimer avec davantage de richesse et de liberté, […] je me rends de plus en plus compte de la richesse et des nouveaux horizons que votre procédé apporte à la gravure. Jamais on n’avait obtenu des matières avec une puissance pareille. 5/ Lettre de Joan Miró à Henri Goetz, 18 janvier 1968, reproduite dans Henri Goetz [postface de Joan Miró], Gravure au carborundum : nouvelle technique de l’estampe en taille douce, Paris, Maeght éditeur, 1974, p. 70.», écrit Miró dans une lettre à Henri Goetz en 1968. À partir de ce moment, le noir joue un rôle essentiel dans les gravures de Miró. Cependant, loin de nous approcher des ténèbres, le noir vibrant de Miró rapproche ses gravures de l’oeuvre unique plutôt que du multiple. In the late 1960s, and thanks to Adrien Maeght, Miró discovered the possibilities made available to him by the carborundum printmaking technique used by Henri Goetz. “An artist can express himself with greater richness and freedom, […] I’m beginning to realise more than ever that your procedure brings richness and new horizons to engraving. Never before have we had such powerful materials. For me personally, it means that I can express myself unhindered, in one go, without being paralysed or slowed down by an outdated technique that would compromise free expression and the purity and freshness of the final result. An engraving can have the beauty and dignity of a 5/ Letter from Joan Miró to Henri Goetz, 18 January 1968, reproduced in Henri Goetz [afterword by Joan Miró], Gravure au carborundum : Nouvelle technique de l’estampe en taille douce. Paris: Maeght éditeur, 1974, p. 70. wrote Miró in a letter to Henri Goetz in 1968. From that moment on, black would play an essential role in Miró’s engravings. However, rather than bringing us darkness, Miró’s vibrant black makes his engravings more like single, unique works than multiple ones. |
L’importance de la relation entre l’artiste et l’imprimeur est primordiale. Elle permet d’apporter à Joan Miró des solutions techniques à ses demandes et ainsi atteindre les résultats voulus. Ces aspects techniques dans son oeuvre graphique (relief, matière, intégration d’objets, réutilisation de motifs, etc.) prennent toute leur ampleur et se traduisent par la cohérence de l’oeuvre de Miró dans des correspondances entre oeuvre graphique et sculptures ou céramiques. La complicité sans faille entre Joan Miró et Adrien Maeght leur a permis de se lancer dans des projets très risqués, voire révolutionnaires. Le « projet pour une lithographie de 50 mètres » qui sera montré dans l’exposition illustre à merveille cette parfaite entente. L’exposition Joan Miró. Au-delà de la peinture sera également l’occasion de voir, pour la première fois en Europe, le film de Thomas Bouchard Miró Makes a Color Print (1947-1948), dans lequel on voit l’artiste catalan travaillant dans l’Atelier 17, à New York, une plaque de cuivre qu’il utilisera quelques années plus tard pour la Série II, éditée par Maeght. The relationship between the artist and the printer was of fundamental importance. It gave Joan Miró technical solutions to his questions and helped him achieve the results he wanted. These technical aspects of his graphic work (relief, materials, incorporation of objects, re-use of motifs, etc.) show their full importance and reflect the consistency of Miró’s work in the connections between his graphic work and his sculptures and ceramics. Joan Miró and Adrien Maeght understood each other right up to the very end, devising risky and ground-breaking projects. On show at the exhibition is the “Project for a 50-metre lithograph”. The exhibition Joan Miró. Beyond Painting will also give visitors the opportunity to watch, for the very first time in Europe, the film Miró Makes a Color Print (1947-1948) by Thomas Bouchard, which shows the Catalan artist working at Atelier 17 in New York on a copper plate that, years later, he would use for Series II published by Maeght. |
Miró réalisant une affiche à l'imprimerie ARTE-Adrien Maeght à Paris. © Photo Clovis Prévost / Archives Maeght. |
Les oeuvres graphiques présentées révèlent la volonté de Joan Miró d’utiliser toutes les possibilités offertes : « Pour la lithographie et la gravure, penser qu’il n’y a qu’à dominer l’accident, et d’aucune manière être dominé : l’oeuvre en sera ainsi plus forte et plus puissante6 6/ Gaëtan Picon, Joan Miró. Carnets catalans…, op. cit., p. 81 (FJM 4464b). Cette exposition rend hommage à un artiste passionné tout en expliquant sa méthode de travail. Joan Miró a voulu expérimenter toutes les opportunités que pouvaient lui offrir les procédés traditionnels, ainsi que les nouveaux moyens comme le scanner. « L’action directe de l’artiste sur la plaque de cuivre ou sur la pierre, le moment magique de voir comment les graphismes qu’il y avait réalisés se transféraient sur le papier, l’envie d’obtenir une sorte de vibration avec les encres… The graphic work forming part of this project reveals Joan Miró’s desire to use every possibility on offer: “In lithography and engraving, elements of chance need to be tamed, but the individual certainly does not: only then will the work be stronger and more powerful.”6 6/ Gaëtan Picon, Joan Miró. Carnets catalans…, op. cit., p. 81 (FJM 4464b). This exhibition pays tribute to a great artist while explaining his method of work. Joan Miró wanted to try all the opportunities presented by traditional processes, as well as new systems such as scanners. “The direct action of the artist on the copper or stone plate, the magical moment of seeing how the markings he had made were transferred to paper, the desire to achieve a kind of vibration with the inks… All the possibilities offered by printmaking and lithography were a challenge for Miró. This active interest, lasting until the end of his life, was the source of a remarkable production, in terms not just of quantity but, above all, of quality,” states Rosa Maria Malet. |
Né en 1893 à Barcelone et mort en 1983 à Palma de Majorque, Joan Miró est l’un des artistes majeurs du XXe siècle qui ont révolutionné les codes de l’art moderne. Durant toute sa vie, l’artiste invente un monde onirique au service d’un vocabulaire de formes appliqué à toutes les techniques avec lesquelles il travaille. « Il me faut un point de départ, expliquait Miró, ne serait-ce qu’un grain de poussière ou un éclat de lumière. Cette forme me procure une série de choses, une chose faisant naître une autre chose. Ainsi un bout de fil peut-il me déclencher un monde. » Joan Miró was born in Barcelona in 1893 and died in Palma de Mallorca in 1983. He was one of the great 20th-century artists who revolutionised the codes of modern art. Throughout his life, the artist invented a dreamlike world to serve a vocabulary of forms applied to all the techniques he worked with. “I need a starting point,” explained Miró, “even if it is only a speck of dust or a beam of light. This form provides me with a series of things, each giving rise to the next. As such, a strand of thread can inspire a whole world.” |
Joan Miró dates clés de sa biographie1893 Le 20 avril, naissance de Joan Miró à Barcelone. 1912 Miró entre à l’école des beaux-arts que dirige 1913 Il s’inscrit au Cercle Artístic de Sant Lluc. 1916 Il est présenté au marchand d’art Josep Dalmau. Il partage un atelier à Barcelone avec 1917 Par l’intermédiaire de la galerie de Josep 1918 Il intègre le groupe d’artistes connu Première exposition personnelle aux Galeries Dalmau. 1920 Premier séjour à Paris, où il retrouve Picasso. 1921 Il s’installe à Paris, au 45 de la rue Blomet, Première exposition personnelle à 1923 Le peintre André Masson, qui est son voisin 1925 Il fait la connaissance d’André Breton. Première exposition personnelle à la Galerie Pierre. 1926 Il installe son atelier au 22 de la rue Tourlaque, Il conçoit avec Max Ernst les décors et les costumes 1928 Parution d’Il était une petite pie, avec des textes 1929 Il épouse Pilar Juncosa à Palma de Majorque. Le 1930 Naissance de sa fille Maria Dolors. Il fait ses premières lithographies pour illustrer Premières oeuvres en trois dimensions. Première exposition aux États-Unis, à Portrait de Miró – Marcoussis, 1938. Gravure originale en eau-forte sur Photo Galerie Maeght Paris. Joan Miró key dates of his biography1893 Joan Miró was born in Barcelona on 20 April. 1912 He attended the school of art run by Francesc 1913 He joined the arts society called 1916 He met the art dealer Josep Dalmau. He shared a studio with Enric Cristòfol 1917 He met Maurice Raynal and Francis Picabia 1918 He was a member of the art group First solo exhibition at the Galeries Dalmau. 1920 First trip to Paris. He visited Picasso. 1921 He moved to Paris, staying and working in Pablo First solo exhibition in Paris, at the Galerie La Licorne. 1923 He met the poets Michel Leiris, Antonin 1925 He met André Breton. First solo exhibition at the Galerie Pierre in Paris. 1926 He moved to a studio at 22, rue Tourlaque, where Max He and Max Ernst created the sets and costumes 1928 The book Il était une petite pie written by Lise 1929 He married Pilar Juncosa in Palma de Mallorca. 1930 Their daughter Maria Dolors was born. He made his first lithographs to illustrate the book First three-dimensional works. First exhibition in the United States, at
Livre de bibliophilie illustré de 8 pochoirs de Miró, éditions Jeanne Bucher, Paris. Photo Archives Fondation Maeght.
Il réalise des « peintures-objet » 1932 Joan Prats le présente à Josep Lluís Sert. Il conçoit le rideau, les décors, les costumes et Il fait la connaissance de Louis Marcoussis, qui Christian Zervos lui présente Roger Lacourière. 1933 Pour la première fois, des eaux-fortes de Miró 1934 Pierre Matisse devient son 1936 Série de peintures sur masonite (Isorel). Début de la guerre d’Espagne. Son épouse 1937 Il fait le pochoir Aidez l’Espagne. Il réalise la peinture murale Le Faucheur 1938 Il fait la connaissance de Stanley William Série Noir et rouge. 1939 Il s’installe à Varengeville-sur-Mer avec sa famille. Il fait les premières lithographies qui 1940 Il entreprend la série des Constellations. 1941 Première rétrospective au MoMA, à New York, dont Il s’initie au monotype et à la pyrogravure. 1942 Miró retourne à Barcelone. 1944 Il termine sa Série Barcelone, qu’édite Joan Prats. Il commence à travailler la céramique 1947 Premier séjour à New York pour réaliser une Il participe à l’exposition Le surréalisme en 1947 : Il commence à travailler avec Paul Éluard 1931 During the summer in Mont-roig, he 1932 He met Josep Lluís Sert through Joan Prats. He designed the curtain, sets, costumes He met Louis Marcoussis, who introduced him to Christian Zervos introduced him to Roger Lacourière. 1933 The book Enfances written by Georges Hugnet was 1934 Pierre Matisse became Miró’s 1936 Series of paintings on Masonite. Miró was in Paris when the Spanish Civil War 1937 He created his Aidez l’Espagne pochoir. He created The Reaper, a large mural 1938 He met Stanley William Hayter at Marcoussis’s studio. Black and Red Series. 1939 He and his family moved to Varengeville-sur-Mer. He made the first lithographs that would 1940 He started working on the Constellations series. 1941 The first retrospective at MoMA in New York, He learnt monotype printing and 1942 He returned to Barcelona. 1944 He completed the Barcelona Series. It First ceramic works with Josep Llorens Artigas. 1947 First trip to New York to produce the commissioned He took part in the exhibition entitled Le He started working with Paul Éluard and
Photo Archives Fondation Maeght.
Aimé Maeght devient son représentant en Europe. Il fait 78 lithographies originales pour Parler seul, de 1949 Mise au point de la conception du livre Miró travaille la lithographie à l’imprimerie 1950 Exposition de Parler seul et de l’Album 13 1954 Il se remet à travailler avec Josep Llorens Artigas. Il expose à la Biennale de Venise et y 1956 Exposition Miró/Artigas à la Galerie Maeght. Il s’installe à Palma de Majorque, où il s’est fait 1958 Inauguration au siège de l’Unesco, à Paris, 1961 Publication de l’Album 19. 1962 Début du projet de la future Fondation Marguerite 1964 Inauguration à Saint-Paul-de-Vence de la Fondation Adrien Maeght crée à Paris l’imprimerie 1966 Miró se rend pour la première fois au Japon, en Rétrospective Joan Miró au musée 1967 Henri Goetz l’initie à la gravure au carborundum. Il reçoit le grand prix de peinture 1948 Aimé Maeght became Joan Miró’s representative in He produced 78 original lithographs for the book 1949 The conception of the book À toute épreuve was He worked on the lithographs at the Imprimerie Mourlot 1950 Exhibition of Parler seul and Album 13 at the Galerie 1954 Second period of collaboration He took part in the Venice Biennale. He was 1956 Miró/Artigas exhibition at the Galerie Maeght. He moved to the new studio in Palma de Mallorca, 1958 Wall of the Sun and Wall of the Moon murals 1961 Publication of Album 19. 1962 Start of the project for the future Fondation 1964 Opening of the Fondation Maeght in Saint-Paul-de- Adrien Maeght created the Imprimerie 1966 First trip to Japan. He went there with Aimé Retrospective exhibition at the National 1967 He discovered the carborundum printmaking He was awarded the Carnegie International
1968 Il reçoit les insignes de docteur honoris Exposition à l’Hospital de la Santa Creu, à Barcelone. 1969 Exposition Miró autre au siège de l’Ordre Second voyage au Japon. 1972 Il décide de créer la Fundació Joan Miró, à Barcelone, 1974 Rétrospective Joan Miró, consacrée à sa 1975 Ouverture au public de la Fundació 1976 Inauguration officielle de la Fundació 1977 Il peint les marionnettes, les masques et les 1979 Inauguration des vitraux qu’il a Il reçoit les insignes de docteur honoris 1980 L’État espagnol lui décerne la 1983 Joan Miró décède le 25 décembre ANGLAIS 1968 He was awarded an honorary doctorate Exhibition at Hospital de la Santa Creu in Barcelona. 1969 Miró the Other exhibition at the Architects’ Second trip to Japan. 1972 He decided to create the Fundació Joan Miró 1974 Opening of the Joan Miró retrospective exhibition 1975 Opening of the Fundació Joan Miró in Barcelona. 1976 Official opening of the Fundació 1977 He painted the puppets, masks and sets for Mori el 1979 Unveiling of the stained-glass windows at He was awarded an honorary doctorate 1980 He was awarded the Gold Medal for 1983 He died on 25 December in Palma de Mallorca. |