Fondation Beyeler Paul Klee La dimension abstraite

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Paul Klee – La dimension abstraite
1er octobre 2017 – 21 janvier 2018
Fondation Beyeler,
Beyeler Museum AG,
Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen
www.fondationbeyeler.ch 

Du 1er octobre 2017 jusqu’au 21 janvier 2018, la Fondation Beyeler présentera une exposition complète sur l’artiste Paul Klee, l’un des peintres les plus importants du XXe siècle. Pour la première fois dans le cadre d’une exposition sera mise en lumière la relation de l’artiste à l’abstraction, exploit majeur de la peinture moderne.

Comme bien d’autres artistes européens, Paul Klee releva le défi de l’abstraction. Sa riche production compte de magnifiques exemples de renoncement à la figuration jusqu’à l’élaboration d’univers iconographiques abstraits, aussi bien dans ses travaux de jeunesse que ses oeuvres tardives. Nature, architecture, musique et signes graphiques sont, chez lui, des thèmes majeurs et récurrents. À travers les 110 oeuvres issues de 12 pays, l’exposition se concentre sur cet aspect du travail de Klee, jusqu’alors ignoré.

L’exposition rétrospective présente divers groupes d’oeuvres chronologiques à partir de 1912, permettant de suivre les étapes déterminantes du développement de l’artiste: l’exposition se déploie sur sept salles et s’ouvre sur les débuts de Klee en tant que peintre dans les années 1910 à Munich puis sur son célèbre voyage à Tunis en 1914, aborde ensuite le thème de la Première Guerre mondiale et s’intéresse à la décennie du Bauhaus de 1921 à 1931 avec ses célèbres compositions en damiers, aquarelles en couches ainsi que des oeuvres qui font référence à l’abstraction géométrique, thème dominant des années 1930. Les peintures réalisées suite aux voyages en Italie et en Égypte à la fin des années 1920 et au début des années 1930 préfigurent les signes picturaux présents dans les travaux tardifs du peintre ainsi que ses conceptions picturales qui mèneront à l’art de l’après-guerre.

Paul Klee Park bei Lu, 1938, 129 Parc près de Lu Huile et peinture à la colle sur papier journal sur jute, 100 x 70 cm Centre Paul Klee, Berne, Courtesy Fondation Beyeler

Paul Klee Park bei Lu, 1938, 129
Parc près de Lu
Huile et peinture à la colle
sur papier journal sur jute,
100 x 70 cm
Centre Paul Klee, Berne,
Courtesy Fondation Beyeler
Paul Klee Zeichen in Gelb, 1937, 210 signes en jaune Pastel sur coton sur peinture à la colle sur jute sur châssis original 83,5 x 50,3 cm Fondation Beyeler, Riehen/Bâle, Collection Beyeler Photo : Robert Bayer Courtesy Fondation Beyeler
Paul Klee
Zeichen in Gelb, 1937, 210
signes en jaune
Pastel sur coton sur peinture à la colle sur jute sur châssis original 83,5 x 50,3 cm
Fondation Beyeler, Riehen/Bâle, Collection Beyeler
Photo : Robert Bayer Courtesy Fondation Beyeler
Pour cette exposition de grande envergure, la Fondation Beyeler a réussi à obtenir un large éventail de prêts de grande valeur issus de 35 musées et collections publiques de renommée internationale, dont le Metropolitan Museum et le Museum of Modern Art de New York, le Centre Pompidou à Paris, l’Albertina à Vienne, les Staatliche Museen de Berlin – Collection Berggruen, la Collection d’art de Rhénanie-du-Nord-Westphalie à Dusseldorf, la Collection Rosengart à Lucerne, le Kunstmuseum Basel et le Centre Paul Klee à Berne. En outre, l’exposition présentera 52 oeuvres provenant de collections privées d’Europe et d’outre-mer qui sont, par ailleurs, rarement accessibles au public. 13 peintures proviennent du centre Paul Klee et 10 oeuvres sont tirées de la collection de la Fondation Beyeler.
Parmi les points forts de l’exposition figurent les ensembles de motifs en damiers, en particulier Arbre en fleurs, 1925, 119 du Musée national d’art moderne de Tokyo, En fleur, 1934, 199 du Musée d’art
de Winterthour ainsi que des aquarelles en couches. Autre point culminant de l’exposition, la composition à bandes horizontales Feu, le soir, 1929, 95 du Museum of Modern Art de New York.
D’autres oeuvres importantes sont les peintures pointillistes, telles que Clarification, 1932, 66 prêtée par le Metropolitan Museum à New York, ainsi qu’une autre oeuvre jusqu’à présent très rarement montrée, Au mouillage, 1932, 22.
Paul Klee Blühendes, 1934 ,  199 En Fleur Huile sur toile 81,5 x 80 cm Musée des Beaux-Arts de Winterthour, legs de M. et Mme. Emil et Clara Friedrich-Jezler, 1973 Photo: © Institut Suisse pour l'étude de l'art, Zurich, Philipp Hitz
Paul Klee
Blühendes, 1934 ,  199
En Fleur
Huile sur toile 81,5 x 80 cm
Musée des Beaux-Arts de Winterthour, legs de M. et Mme. Emil et Clara Friedrich-Jezler, 1973
Photo: © Institut Suisse pour l'étude de l'art, Zurich, Philipp Hitz
Avec 20 oeuvres, Paul Klee est, avec Pablo Picasso, l’artiste le plus représenté dans la collection Beyeler. Pour Ernst Beyeler, Klee a été l’un des peintres les plus importants du XXe siècle. L’une des premières expositions de la Galerie Beyeler, alors installée dans la Bäumleingasse, fut consacrée à Paul Klee en 1952; elle fut suivie de plusieurs autres, mettant en lumière divers aspects du travail de l’artiste. Ernst Beyeler a négocié près de 570 oeuvres de Paul Klee. La passion de collectionneur du fondateur de notre musée portait principalement sur l’oeuvre tardive de Klee, qu’il appréciait particulièrement pour «sa qualité chromatique et sa force expressive». Au fil des ans, Beyeler a réussi à constituer une collection prestigieuse comprenant notamment des oeuvres clés telles que Étoile naissante, 1931, 230 ainsi que Signes en jaune, 1937, 210 que l’on pourra tous deux admirer lors de l’exposition.
Paul Klee Die Vase, 1938, 122 Le Vase Huile sur toile forte sur jute 88 x 54,5 cm Fondation Beyeler Riehen/Bâle, Collection Beyeler Photo : Peter Schibli
Paul Klee
Die Vase, 1938, 122
Le Vase
Huile sur toile forte sur jute 88 x 54,5 cm
Fondation Beyeler Riehen/Bâle, Collection Beyeler
Photo : Peter Schibli
«Découvrir un nouvel aspect dans le travail pourtant largement étudié de Klee fut aussi surprenant que passionnant», souligne Anna Szech, commissaire de l’exposition. «En mettant l’accent sur la contribution de Klee à l’abstraction, restée largement ignorée jusqu’à présent, nous montrons qu’une place honorable et proéminente dans l’histoire de la peinture abstraite du XXe siècle lui revient tout naturellement.»
«Paul Klee est, avec Picasso, l’artiste, le plus représenté dans la collection Beyeler», ajoute Sam Keller, directeur de la Fondation Beyeler. «Je me réjouis tout particulièrement que la Fondation Beyeler consacre, à l’occasion de son 20e anniversaire, une vaste exposition dédiée à cet artiste moderne remarquable comme jamais cela n’avait été fait jusqu’à présent.»

klee catalogLe catalogue de l’exposition publié par les éditions Hatje Cantz, mérite une mention spéciale. Outre les historiens de l’art et spécialistes de Klee Fabienne Eggelhöfer et Regina Prange, nous avons l’honneur de compter des sommités dont les noms ne sont habituellement pas associés à la recherche sur l’oeuvre de Klee mais qui maîtrisent leur sujet dans leurs champs de travail respectifs et qui se sont engagés à examiner attentivement et donner leur propre analyse sur les oeuvres de Klee. Ainsi, le chef d’orchestre gréco-russe Teodor Currentzis, par exemple, nous livre ses réflexions concernant l’aspect musical; l’artiste américaine Jenny Holzer traite des signes dans les peintures de Klee; et l’architecte suisse Peter Zumthor consacre son expertise aux éléments architecturaux visibles dans les oeuvres de Klee.

Paul Klee (1879–1940) is one of the most influential painters of European modernism. With an oeuvre comprising nearly ten thousand works, numerous solo and group exhibitions of his work have been mounted well beyond his lifetime. To this very day, the intense interest in his work has not waned. And yet there has never been an exhibition that has extensively examined Klee’s relationship to abstraction. The show at the Fondation Beyeler—along with the accompanying catalogue, which is “underscored” by insightful texts from well-known authors—is closing this gap.

Four groups of themes—nature, architecture, painting, and graphic characters—make up the golden thread through Klee’s body of work whose formal repertoire repeatedly oscillates between the semirepresentational
and the absolute abstract, and which are examined here in separate chapters. Thus one not only gains in-depth insight into Klee’s involvement with abstraction—new references to his contemporaries, as well as to artists of later generations, are unveiled. (German edition ISBN 978- 3-7757-4330-3)

 

 

 

Ed. Anna Szech for the Fondation Beyeler,
Riehen/Basel
Texts by Teodor Currentzis, Fabienne Eggelhöfer,
Jenny Holzer, Regine Prange, Anna Szech, and Peter
Zumthor, graphic design by Uwe Koch

English
2017. 200 pp., 161 ills.
Hardcover, 24.50 x 30.50 cm
CHF/EUR 62.50
ISBN 978-3-7757-4331-0

Concept d’installation

Paul Klee compte parmi les peintres modernes européens les plus originaux et les plus influents. Au cours de sa vie, il a été reconnu grâce à de nombreuses expositions individuelles et collectives, dont le nombre n’a cessé d’augmenter depuis sa mort. Encore aujourd’hui, des expositions ont lieu chaque année dans le monde entier, mettant en lumière divers aspects de son travail.

Curieusement, aucune exposition ne s’était pleinement jusqu’ici attachée à montrer la relation de Klee à l’abstraction. L’abstraction est l’une des réalisations centrales de la peinture moderne. Dans la première moitié du XXe siècle, le renoncement à l’objet et le développement de l’art abstrait deviennent un thème clé pour de nombreux artistes européens. Les protagonistes du modernisme classique, tels que Vassily Kandinsky, Robert Delaunay, Kasimir Malevitch et Piet Mondrian, ont offert des solutions artistiques à la question d’une nouvelle réalité picturale. Paul Klee ne fut pas en reste: parmi sa production qui couvre près de 10 000 pièces, on compte des exemples passionnants du développement des univers picturaux abstraits ainsi que des processus d’abstraction dans la peinture, aussi bien dans ses travaux de jeunesse que ses oeuvres tardives. Alors que certains de ses collègues artistes affrontaient radicalement le sujet et effrayaient le public avec leurs oeuvres non figuratives, Klee tentait de construire des ponts avec ses
images abstraites. Dans de nombreuses pièces, il conserve des éléments représentatifs ou propose des clés de lecture et d’interprétation à travers le titre de ses oeuvres. C’est peut-être l’une des raisons du
grand succès de cet artiste. «Abstraction. Le froid romantisme de ce style sans pathos est inouï», déclare Klee en 1915. Une autre citation sur l’abstraction dans l’art datant de la même année apparaît aujourd’hui encore plus pertinente que jamais et peut même être comprise comme métaphore de l’existence moderne: «Plus le monde devient effrayant (tel qu’il l’est aujourd’hui), plus l’art devient abstrait, alors qu’un monde heureux fait s’épanouir un art réaliste.»

Les aspects les plus importants des oeuvres abstraites de Klee revêtent une importance capitale dans tout son travail: la nature, l’architecture, la musique et les signes graphiques. À partir de ces réflexions et champs de référence pertinents pour la peinture européenne dès ses origines, l’artiste réussit à identifier l’essence du pittoresque. Les éléments fondamentaux de son art, la ligne et de la couleur, se combinent dans une richesse immense, révélant une diversité apparemment infinie de possibilités de mise en oeuvre: l’abstraction colorée des paysages enchanteurs d’Hammamet et de Kairouan, créés lors de son voyage tunisien de 1914, cède la place aux compositions explosives des jardins de l’époque de la Première Guerre mondiale, avec l’élément figuratif de l’éclair. La peinture de champs colorés de l’ère du Bauhaus évoque les arbres en fleurs, et les signes sombres sur les peintures des dernières années rappellent des plantes ou des symboles. Les tableaux de Klee peuplés de signes révèlent son intérêt pour les processus créatifs dans la nature et dans l’art, et peuvent dans le même temps être compris comme une référence à son autre passion – la langue et l’écriture. Paul Klee est, en effet, un artiste qui écrit. Les associations architecturales des villes européennes et arabes repérables dans ses premières aquarelles sont réduites de façon radicale aux éléments de base à l’époque du Bauhaus pour faire renaître sous nos yeux, au début des années 1930, les bâtiments de l’Égypte ancienne sous forme d’images en bandes colorées. En tant que musicien passionné, il était aisé pour Klee de créer des compositions abstraites rythmiquement variées. Les arbres en boules de ses jardins des années 1920 sont plantés linéairement côte à côte comme des notes sur une partition. Mélodies et tons musicaux résonnent littéralement dans de nombreux travaux, notamment: Fugue en rouge, 1921, 69, Ouverture, 1922, 142, ainsi que Harmonie de la flore nordique, 1924, 74 ou encore Résonance de la flore méridionale, 1927, 227.

Un tel éventail d’images semi-figuratives et complètement abstraites permet d’examiner le travail de cet artiste polyvalent à partir d’une nouvelle perspective et d’acquérir une connaissance plus approfondie de son intérêt pour l’abstraction. Cette analyse révèle également des références intéressantes à d’autres artistes de son époque ainsi que des générations ultérieures. À la lumière de ces connaissances, Paul Klee apparaît encore plus audacieux, ouvert, innovant et influent.

L’exposition rétrospective comprend 110 oeuvres de l’artiste issues de toutes ses périodes créatrices, à partir de l’année 1912, et regroupe de précieux prêts confiés par de nombreuses institutions renommées et collections privées en Europe et à l’étranger. Les travaux présentés donnent un aperçu des étapes décisives du développement biographique et artistique de Paul Klee: du dialogue productif des années 1910 avec des collègues artistes à Paris et à Munich sur le célèbre voyage à Tunis de 1914, en passant par son enrôlement en tant que soldat lors de la Première Guerre mondiale et la décennie Bauhaus de 1921 à 1931, jusqu’aux voyages en Égypte et en Italie à la fin des années 1920, et enfin, l’opulent travail tardif des années 1930.

Outre les travaux principaux, cette exposition présentera des objets rarement exposés et peu connus, ce qui permettra de jeter sur l’artiste une lumière aussi nouvelle que surprenante.

Commissaire de l’exposition: Dr Anna Szech

Anna Szech

Dr Anna Szech, née en 1975 à Saint-Pétersbourg en Russie, a étudié l’histoire de l’art, la slavistique orientale et la psychologie à l'Université de Hambourg avant d’être promue à l'Université de Bâle.

Ses axes de recherche comprennent le modernisme classique européen ainsi que l’art russe et, en particulier, l’avant-garde russe. De 2011 à 2013, elle a travaillé au Musée Tinguely en tant que collaboratrice scientifique sur le projet «Tatlin. Un nouvel art pour un monde nouveau». Elle travaille à la Fondation Beyeler depuis 2013. Elle a collaboré à l’exposition «Paul Gauguin» et «À la recherche de 0,10 – La dernière exposition futuriste de tableaux» en tant que conservatrice adjointe. De 2014 à 2015, elle a dirigé le projet d’exposition «Paul Klee. Pas un jour sans un trait» au Musée des Beaux-Arts Pouchkine à Moscou. La première rétrospective de l’artiste en Russie était un projet commun entre la Fondation Beyeler et le Centre Paul Klee à Berne. Depuis 2016, Anna Szech fait partie du groupe de commissaires d’exposition de la Fondation Beyeler en tant que conservatrice adjointe.

Paul Klee Ludus Martis, 1938, 141 Huile et peinture à la colle sur coton sur bois 43 x 37,5/38,5 cm Collection StedelijkMuseum, Amsterdam c/o Pictoright Amsterdam 2004 Courtesy Fondation Beyeler
Paul Klee
Ludus Martis, 1938, 141
Huile et peinture à la colle sur coton sur bois 43 x 37,5/38,5 cm
Collection StedelijkMuseum, Amsterdam
c/o Pictoright Amsterdam 2004 Courtesy Fondation Beyeler
 
Parcours de l’exposition « Paul Klee – La dimension abstraite »

L’exposition «Paul Klee» se déploie sur sept salles et présente plusieurs ensembles d’oeuvres chronologiques, permettant d’explorer la confrontation de Klee avec l’abstraction. En outre, les ensembles d’oeuvres, regroupés selon certains éléments ou motifs stylistiques, mettent en lumière les étapes décisives du développement artistique et biographique de Klee.

L’exposition s’ouvre sur les débuts de Klee en tant que peintre dans les années 1910 à Munich. Tout juste majeur, Paul Klee s’installe dans la capitale bavaroise, métropole artistique, où il vivra avec quelques interruptions jusqu’en 1921. Cette période sera formative pour sa carrière artistique. Il se fraye une voie sur la scène artistique émergente munichoise et y fait, entre autres, la connaissance de Vassily Kandinsky. Ces années-là, il entreprend également des voyages déterminants pour son art. En 1905 et 1912, il visite Paris. La peinture avant-gardiste de Paul Cézanne, Henri Matisse, Pablo Picasso ou encore Robert Delaunay lui font une forte impression. Les approches développées par ces artistes, telles que la décomposition cubique de l’environnement figuratif sur des surfaces géométriques abstraites, ou la dissociation des couleurs par rapport au contenu, se retrouvent de façon unique dans les aquarelles de Klee telles que Das gelbe Haus [La Maison jaune], 1914, 26 confiée par la Fondation Merzbacher, Geöffneter Berg [Montagne ouverte], 1914, 95 issue d’une collection particulière ou encore mit dem roten X [avec le X rouge], 1914, 136 du Museum of Modern Art (MoMA) à New York.

Lors de son voyage en Tunisie qu’il entreprend avec ses amis artistes Louis Moilliet et August Macke en avril 1914, Klee développe une approche toute personnelle de la couleur et de la lumière. La peinture sur toile et papier devient, dès lors, une composante importante de son oeuvre. Dans une note de son journal, on peut lire la déclaration suivante: «La couleur me possède. Nul besoin de chercher à la saisir. Je suis à elle pour toujours, je le sais. Voilà le sens du bonheur: la couleur et moi, nous ne faisons qu’un. Je suis peintre.» Parmi les oeuvres remarquables, on trouve notamment les aquarelles suivantes: Aux portes de Kairouan, 1914, 216, réalisée lors de son voyage à Tunis et exposée au Centre Paul Klee à Berne, Avec un . brun, 1915, 39 du Kunstmuseum de Berne, ainsi que Abstraction sur un motif de Hamammet (sic.), 1914, 49 peinte à son retour de Munich, que Klee avait offerte à son ami Franz Marc, et que l’on peut désormais admirer dans la Collection Forberg au Musée Albertina à Vienne. Pour la première fois depuis plusieurs décennies, Aux portes de Kairouan (d’après une esquisse de i9i4) (sic.), 1921, sortira d’une collection privée de Riehen et sera montrée au public. [Nota: l’orthographie des titres est fidèle au catalogue des oeuvres.]

La salle suivante dévoilera les oeuvres réalisées durant la Première Guerre mondiale. La guerre représente pour Klee une profonde rupture. Ses amis August Macke et Franz Marc tombent respectivement en 1914 et 1916. Klee en est profondément affecté. À la même période, il fait le lien entre l’art abstrait et la situation politique, et déclare: «Plus le monde devient effrayant (tel qu’il l’est aujourd’hui), plus l’art devient abstrait, alors qu’un monde heureux fait s’épanouir un art réaliste.» Bien qu’il rejette la guerre, il se retrouve forcé, en tant que ressortissant allemand, de servir entre 1916 et 1918. Il n’est pas envoyé au front mais dans un régiment de réserve; épargné de prendre les armes, et peut ainsi consacrer ses heures libres à son art. Les oeuvres réalisées pendant cette période-là ne sont cependant pas entièrement abstraites. De nombreuses représentations naturelles et architecturales sont identifiables en tant que jardins, maisons privées ou églises, telles des refuges, des sanctuaires pour ainsi dire, créés par l’artiste lui-même, et pour lui-même. Parmi les oeuvres les plus remarquables, on peut citer l’aquarelle La Chapelle, 1917, 127 issue de la Collection de la Fondation Beyeler, ainsi que le petit format Himmelsblüten über dem Gelben Haus (Das auserwählte Haus) [Fleurs célestes audessus de la maison jaune (La maison élue)], 1917, 74, du musée Berggruen de Berlin. Par le choix même du matériau, ce tableau renvoie immédiatement à la guerre. À l’époque, Klee avait été stationné dans une école d’aviation en Bavière et avait utilisé la toile d’avion comme support de peinture.

La salle d’exposition suivante, la plus grande, est séparée en trois parties et s’intéresse à la décennie du Bauhaus à Weimar et Dessau, l’abstraction géométrique ainsi que les voyages de Klee en Italie et en Égypte à la fin des années 1920 et au début des années 1930.

Au début des années 1920, Klee est l’un des artistes les plus influents de son temps. Le Bauhaus lui propose un poste où il enseignera de 1921 à 1931. Au total, lors de la décennie du Bauhaus, Klee
réalisera plusieurs centaines d’oeuvres dont une série a été sélectionnée tout particulièrement pour cette exposition en raison de sa capacité à illustrer en première ligne le processus lié à l’étude des
couleurs. Il s’agit de tableaux dits «carrés» – des tableaux non figuratifs à la structure géométrique plus ou moins stricte présentant plusieurs carrés ou triangles de couleurs – ainsi que d’aquarelles semifiguratives
ou abstraites, en couches de couleurs, dans lesquelles Klee utilise, comme son nom l’indique, une technique particulière de superpositions de couches de peinture. En raison de leur sensibilité à la lumière, les aquarelles en couches seront présentées dans une salle d’exposition séparée. Dans toutes ces oeuvres, Klee accorde la prééminence absolue à la couleur en tant que médium artistique. Klee se meut de façon ludique entre les univers apparemment incompatibles de l’abstraction et du figuratif. Parmi les joyaux de cette partie de l’exposition figurent l’huile sur toile Blühender Baum [Arbre en fleur], 1925, 119 prêté par le Musée national d’art moderne de Tokyo, 1934, 199, ainsi que son homologue au format plus large, Blühendes [En fleur], 1934, 199 désormais conservé au Musée d’art de Winterthour. Entre les nombreuses aquarelles en couches les plus connues et les plus appréciées, on peut noter, par exemple: Polyphone Strömungen [Courants polyphoniques], 1929, 238 de la Collection d’art de Rhénanie-du-Nord-Westphalie à Dusseldorf, mais aussi Fuge in Rot [Fugue en rouge], 1921, 60 et Aquarium, 1921, 99, toutes deux issues de collections privées.

Dans les années 1920, de nombreux artistes, dont le Bauhaus de Dessau, les membres du mouvement artistique néerlandais De Stijl – avec Theo van Doesburg et Piet Mondrian – ainsi que les constructivistes russes proclament le formalisme géométrique strict. En réaction, Klee produira une série oeuvres qui verront le jour jusqu’à la fin des années 30. Le tableau Le rouge et le noir, 1938, 319 du Musée Von der Heydt à Wuppertal, Verspannte Flächen [Surfaces tendues], 1930, 125 de la Staatsgalerie Stuttgart ou encore Feuer bei Vollmond [Feu à la pleine lune], 1933, 353 du Musée Folkwang à Essen illustrent singulièrement la contribution extraordinaire et personnelle de l’artiste.

Les voyages ont eu une importance considérable pour Klee. L’art et la culture dans les pays étrangers ont été pour lui une immense source d’inspiration. Ainsi, ses impressions sur les voyages en Égypte et en Italie entrepris à la fin des années 1920 et au début des années 1930 aboutissent à deux séries d’oeuvres formidables: les tableaux dits «en couches» et les peintures pointillistes. Durant l’hiver 1928- 1929, Klee explore Alexandrie, Le Caire, Louxor et Assouan pendant tout un mois. L’impression de ces villes et de leurs paysages alentours se transforment en abstraction géométrique linéaire bariolée, auxquelles appartiennent les tableaux Feuer Abends [Feu, le soir], 1929, 95 du Museum of Modern Art (MoMA) à New York, ou encore Blick in das Fruchtland [Regard sur le pays fertile], 1932, 189 du Musée Städel à Francfort-sur-le-Main.

L’engouement de Klee pour les mosaïques paléochrétiennes byzantines, qu’il avait pu admirer principalement dans les villes italiennes de Ravenne, Palerme et Monreale, l’a poussé à développer une technique unique de peinture en mosaïque, et qu’il a utilisé dans le tableau grand format Klaerung [Clarification], 1932, 66 du Metropolitan Museum of Art (MET) à New York, et Vor Anker [Au mouillage], 1932, 22 issu d’une collection particulière, ou encore Klassische Küste [Côte classique], 1931, 285 du Musée Berggruen de Berlin.


Les tableaux carrés et en couches, aussi fragiles que précieux, ainsi que les peintures pointillistes et en mosaïque sont rarement présentés ensemble et en série: ils constituent le point culminant de notre exposition.

Les trois dernières pièces de l’exposition sont consacrées aux oeuvres tardives. Depuis décembre 1933, Paul Klee réside de nouveau en Suisse. En 1930, il accepte un poste de professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Dusseldorf, dont il sera congédié en avril 1933 par les nationaux-socialistes. Il est proclamé artiste dégénéré.

Parmi les plus de 2000 travaux de l’oeuvre tardive de Klee ont été sélectionnées les peintures dites à signes graphiques qui illustrent de façon exemplaire le processus d’abstraction à la fin de sa carrière artistique ainsi qu’une série d’oeuvres dans lesquelles Klee fournit des conceptions prophétiques pour l’art de l’après-guerre. La Seconde Guerre mondiale devait être le point de départ de nombreux
processus artistiques dans le monde occidental. Dans ses travaux des années 1930, cependant, de nombreux éléments de cette conception picturale déterminante pour l’art de l’Europe et des États-Unis d’après-guerre sont déjà présents. Sturm durch die Ebene [Tempête à travers la plaine], 1930, 54 conservée à Paris, au Centre Pompidou, Bergrücken [Croupe de montagne], 1930, 53 ou encore Schwere Botschaft [Message pesant], 1938, 119 issue d’une collection privée possèdent, par exemple, une gestuelle et des procédés picturaux qui rappellent l’expressionnisme abstrait.

Les caractères et les signes graphiques jouent un rôle déterminant en tant que médium stylistique dans les oeuvres tardives de Paul Klee. Dans ces travaux, il remanie des systèmes d’écriture picturale tels que les anciens hiéroglyphes égyptiens, l’ancienne écriture orientale ou la calligraphie; il effectue également un travail d’abstraction pour extraire des signes à partir de plantes, de lettres et de chiffres.
À travers la représentation de corps et de visages humains fortement abstraits, pour autant parfaitement reconnaissables, Paul Klee définit, de manière consciente ou inconsciente, le seuil de la peinture abstraite en devenir, et dans laquelle la disparition de la figure humaine est l’un des motifs artistiques les plus importants. Parmi les travaux les plus représentatifs de ce processus figure l’oeuvre
préférée de Ernst Beyeler, Ohne Titel [Gefangen, Diesseits – Jenseits/Figur] [Sans titre [Captif, En deçà – Au-delà]], vers 1940, ainsi que Ludus Martis, 1938, 141 du Musée Stedelijk à Amsterdam ou encore Park bei Lu. [Parc près de Lu.], 1938, 129 du Centre Paul Klee à Berne.

Citations

«La couleur me possède. Nul besoin de chercher à la saisir. Je suis à elle pour toujours, je le sais. Voilà
le sens du bonheur: la couleur et moi, nous ne faisons qu’un. Je suis peintre.»
Paul Klee, 1914

«Plus le monde devient effrayant (tel qu’il l’est aujourd’hui), plus l’art devient abstrait, alors qu’un
monde heureux fait s’épanouir un art réaliste.»
Paul Klee, 1915

«Abstraction. Le froid romantisme de ce style sans pathos est inouï.»
Paul Klee, 1915

«L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible.»
Paul Klee, 1920

Paul Klee avec son chat Fripouille, Possenhofen, 1921 Photo : Félix Klee Zentrum Paul Flee, Bern, donation de la famille Klee © Klee-Nachlassverwaltung, Bern   
Paul Klee avec son chat Fripouille,
Possenhofen, 1921
Photo : Félix Klee
Zentrum Paul Flee, Bern, donation de la famille Klee
© Klee-Nachlassverwaltung, Bern
PAUL KLEE BIOGRAPHIE

1879

Second enfant de Hans Klee (1849-1940) et de Ida Klee (1855-1921), née Frick, Paul Klee vient au
monde le 18 décembre à Münchenbuchsee, près de Berne. Sa soeur Mathilde était née trois ans
auparavant (1876–1953). Son père est professeur de musique à l’Institut de formation des enseignants
de Hofwil/Berne, et sa mère est cantatrice.

1880

La famille déménage et s’installe à Berne.

1898

Klee commence à tenir un journal. La première entrée porte la date du 24 avril. Il passe son
baccalauréat en septembre au lycée municipal. À peine un mois plus tard, le 13 octobre, il s’installe à
Munich où il se forme à l’école privée de dessin de Heinrich Knirr et, à partir de l’automne 1900, à
l’académie de Franz von Stuck.

1899

À une soirée musicale, Paul Klee fait la connaissance de la pianiste Lily (Karoline) Stumpf (1876-
1946) qui deviendra plus tard son épouse.

1901

Il quitte la classe de peinture de Stuck. Le 22 octobre, Klee entreprend avec le sculpteur bernois
Hermann Haller un voyage d’études de six mois en Italie. Il passe par Gênes et Livourne pour gagner
Rome, où il loue une chambre. Devant l’écrasante richesse de l’art classique qu’il découvre à Rome,
Klee traverse une profonde crise artistique.

1902

Fiançailles avec Lily Stumpf. Klee retourne vivre chez ses parents à Berne où il séjournera pendant les
quatre années suivantes: son activité artistique ne lui permet pas de subsister à ses besoins de manière
indépendante. Sa principale source de revenus à cette époque consiste dans des engagements comme
violoniste auprès de la Société bernoise de Musique.

1905

Klee entreprend un voyage de deux semaines à Paris en compagnie de ses amis de jeunesse Hans
Bloesch et Louis Moilliet.

1906

En avril, Klee séjourne deux semaines à Berlin. Le 15 septembre, il épouse Lily Stumpf à Berne. Puis,
deux semaines plus tard, le couple s’installe à Munich.

1907

Le 30 novembre, Felix († 1990), enfant unique de Paul et Lily Klee, voit le jour.

1910

En juillet a lieu la première exposition personnelle de Klee, avec 56 oeuvres. Elle s’ouvre au
Kunstmuseum de Berne, est reprise au Kunsthaus de Zurich, puis à la Kunsthandlung zum Hohen
Haus de Winterthour et à la Kunsthalle de Bâle.

1911

En février, Klee commence à relever tous ses travaux dans un catalogue manuscrit. Désormais, et
jusque peu avant sa mort, il tient minutieusement le livre de sa production artistique. En automne, il
fait la connaissance de Vassily Kandinsky par l’intermédiaire de Louis Moilliet et se familiarise avec les
objectifs du Blauer Reiter (Cavalier bleu). Dans la revue mensuelle Die Alpen (Les Alpes), publiée en
Suisse par son ami Hans Bloesch, il fait le compte-rendu des expositions et des événements culturels
qui se tiennent à Munich.

1912

Klee est invité par Franz Marc et Vassily Kandinsky à participer à la deuxième exposition du Blauer
Reiter à la librairie de Hans Goltz à Munich. Il y est représenté avec 17 oeuvres. En avril, il se rend à
Paris pour la deuxième fois et rend visite, dans leurs ateliers, aux artistes Robert Delaunay, Henri Le
Fauconnier et Karl Hofer.

1914

Avec ses amis artistes August Macke et Louis Moilliet, Klee se rend en Tunisie où il y séjournera du 8
au 19 avril. Ce voyage le conduit à Marseille, Tunis, St-Germain, Hammamet et Kairouan. À son retour,
Klee expose avec Marc Chagall à Der Sturm (L’Orage), galerie berlinoise de Herwarth Walden. En
octobre, il présente ses récentes aquarelles tunisiennes dans le cadre de la Nouvelle Sécession de
Munich, dont il est l’un des membres fondateurs. Début de la Première Guerre mondiale. Le 26
septembre 2014, Macke tombe à Perthes-lès-Hurlus, en Champagne.

1915

À Munich, Klee rencontre le poète Rainer Maria Rilke. Il passe l’été à Berne. Sur le chemin qui le
ramène vers Munich, il fait une halte à Goldach, en Suisse, près du lac de Constance, où s’est installé
Kandinsky, forcé de quitter l’Allemagne après le déclenchement de la guerre à cause de sa nationalité
russe.

Paul Kleee dans son atelier, Kistlerweg 6, Berne, avril 1938 Photo : Félix Klee Zentrum Paul Flee, Bern, donation de la famille Klee © Klee-Nachlassverwaltung, Bern
Paul Kleee dans son atelier,
Kistlerweg 6, Berne, avril 1938
Photo : Félix Klee
Zentrum Paul Flee, Bern, donation de la famille Klee
© Klee-Nachlassverwaltung, Bern

1916

Le 4 mars, son ami Franz Marc est tué au front près de Verdun. Le 11 mars, il est lui-même mobilisé
en tant que réserviste de l’armée territoriale allemande. Il se retrouve d’abord au dépôt de recrues de
Landshut. Le 20 juin, il est transféré à Munich au Second régiment de réserve d’infanterie, puis, en
août, à Schleissheim dans la compagnie des chantiers d’aviation, section des pièces de remplacement.

1917

En janvier, Klee est transféré à l’École d’aviation royale V de Bavière à Gersthofen, où il est affecté aux
écritures de l’administration comptable. Son exposition avec Georg Muche à la galerie Der Sturm est
une réussite commerciale.

1918

En décembre, Klee rentre en permission, et le reste jusqu’à sa démobilisation définitive en février
1919. Plus aucune nouvelle entrée dans son journal à partir de ce moment-là. Cependant, Klee
retravaillera son journal et le rédigera au cours des années suivantes.

1919

Après sa démobilisation, Klee loue un atelier au petit château Suresnes, dans la Werneckstrasse à
Munich. Pendant la République de Bavière, il adhère au Conseil des artistes plasticiens de Munich et
au Comité d’action des artistes révolutionnaires. Oskar Schlemmer et Willy Baumeister cherchent en
vain à faire nommer Klee à l’Académie de Stuttgart. Le 1er octobre, Klee signe un contrat de
représentation avec la galerie Hans Goltz à Munich.

1920

En mai et juin, Hans Goltz présente dans sa galerie la plus grande exposition sur Klee jamais réalisée
jusque-là, une rétrospective comportant 362 oeuvres. Le 29 octobre, Klee est nommé par Walter
Gropius au Bauhaus de Weimar. Dans l’anthologie de Kasimir Edschmid, Schöpferische Konfession
(Confession créatrice), paraît un premier et fondamental essai théorique de Klee. Leopold Zahn et Hans
von Wedderkopp publient les premières monographies consacrées à Klee.

1921

En mai 1921, Klee débute son enseignement au Bauhaus avec un cours de composition. Il est
également artiste à l’atelier de reliure.

1922

Klee remplace Johannes Itten à la direction artistique de l’atelier d’orfèvrerie, poste qu’il échange à
l’automne avec Oskar Schlemmer contre l’atelier de peinture sur verre.

1924

Du 1er janvier au 7 février se déroule la première exposition Klee aux États-Unis, organisée par
Katherine S. Dreier à la Société Anonyme, New York. Le 31 mars, à l’initiative d’Emmy (Galka) Scheyer
est créé le groupe d’artistes Blaue Vier (Quatre bleus), qui expose principalement aux États-Unis. Outre
Klee, en font partie Lyonel Feininger, Vassily Kandinsky et Alexeï Gueorguievitch Iavlenski. En
septembre et octobre, Paul et Lily Klee séjournent en Italie, principalement en Sicile. Le 26 décembre,
par suite d’intenses pressions politiques, la direction du Bauhaus déclare la dissolution de l’école de
Weimar à partir du mois d’avril suivant.

1925

En mars, le conseil communal de Dessau décide la reprise en main du Bauhaus. Klee résilie le contrat
qui le lie à la galerie Hans Goltz renforce ses contacts avec le galeriste Alfred Flechtheim. Du 21
octobre au 11 novembre, Klee expose pour la première fois en France, à la galerie parisienne Vavin-
Raspail. En novembre, des tableaux de lui figurent également dans la première exposition des
surréalistes à la galerie Pierre, à Paris.

1926

Le 10 juillet, Klee emménage avec sa famille à Dessau, où il partage, avec Vassily et Nina Kandinsky,
l’une des trois maisons bi-familiales construites par Gropius pour les professeurs du Bauhaus.

1927

À partir du mois d’avril, Klee enseigne au Bauhaus, à l’atelier libre de peinture, également appelée
«classe libre de peinture». Puis, à partir d’octobre, il donne un cours de théorie des formes à l’atelier
de tissage.

1928

Le 17 décembre, Klee entreprend un voyage de quatre semaines en Égypte.

1929

Klee négocie un poste de professeur à Académie publique des Beaux-Arts de Dusseldorf. Il est à
l’apogée de son succès et compte parmi les artistes allemands mondialement reconnus. La
Nationalgalerie et la galerie Alfred Flechtheim à Berlin organisent de grandes expositions à l’occasion
des cinquante ans de l’artiste.

1930

L’exposition de la galerie Flechtheim est présentée sous forme réduite par le Museum of Modern Art à
New York.

1931

Le 1er juillet, Klee prend son poste de professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Dusseldorf. Il loue
une chambre dans cette ville, mais conservera son logement à Dessau jusqu’en avril 1933. Cet été-là,
il entame avec Lily un voyage en Sicile.

1933

Les dernières élections libres en mars donneront un succès écrasant aux national-socialistes. S’ensuit
pour Klee, mi-mars, une fouille de sa maison à Dessau. Le 21 avril, Klee reçoit un congé sans préavis
de son emploi de professeur à l’Académie de Düsseldorf. Par suite de la loi sur la restauration de
l’administration («Gesetz zur Wiederherstellung des Berufsbeamtentums»), il est officiellement licencié
le 1er janvier 1934. Le 24 octobre, il conclut un contrat de représentation avec Daniel-Henry
Kahnweiler qui possède une galerie à Paris. Le 23 décembre, il émigre – comme sa femme deux jours
avant lui – en Suisse, et il s’installe dans un premier temps dans la maison de ses parents à Berne.

1934

Paul et Lily Klee s’installent en janvier dans un petit logement au 6, Kollerweg. Le 1er juin, ils
emménagent dans un appartement de trois pièces au 6, Kistlerweg. En novembre, paraît la
monographie rédigée par Will Grohmann, Paul Klee. Handzeichnungen 1921–1930 (Paul Klee. Dessins
1921-1930) qui sera saisie par les nazis en avril de l’année suivante.

1935

Les premiers signes d’une maladie grave sont perceptibles. Rétrospective Klee à la Kunsthalle de
Berne.

1936

La maladie force Klee à suspendre ses travaux pendant environ six mois. Par la suite, il travaille
difficilement. Sa production ne dépasse pas 25 oeuvres cette année-là – un plancher record. Sa
maladie se révèle être une sclérodermie systémique.

1937

Kandinsky rend visite à Klee à Berne. L’état de santé de Klee se stabilise, ce qui lui permet de
reprendre un rythme de travail plus soutenu. Le 19 juillet s’ouvre à Munich l’exposition «Entartete
Kunst» (Art dégénéré), qui sera présentée sous une forme réduite et itinérante, jusqu’en 1941, dans
douze autres villes. Dix-sept oeuvres de Klee figurent dans l’exposition de Munich. Les nazis saisiront
par la suite 102 oeuvres de Klee appartenant à des collections publiques et les vendront pour la plupart
à l’étranger. Le 27 novembre, Klee reçoit la visite de Pablo Picasso. 264 oeuvres réalisées en 1937:
Klee a pratiquement retrouvé sa productivité des années précédant sa maladie.
 
1938

Le galeriste J.-B. Neumann, parti d’Allemagne pour s’installer aux États-Unis en 1923, ainsi que Karl
Nierendorf et Curt Valentin, tous deux marchands d’art allemands émigrés respectivement en 1936 et
1937, organiseront désormais régulièrement des expositions Klee à New York et dans d’autres villes
des États-Unis.

1939

En avril, à deux reprises, George Braque rend visite à Klee à Berne. Le 24 avril, Klee dépose une
demande de naturalisation suisse. Du vivant de l’artiste, les autorités suisses ne réussiront pas à
répondre favorablement à sa demande. Avec 1253 oeuvres enregistrées, des dessins pour la plupart,
1939 est l’année la plus productive de toute sa carrière.

1940

En mai, Klee entre dans un centre de cure tessinois. En juin, son état de santé s’aggrave brutalement.
Il meurt le 29 juin à la Clinica Sant’Agnese de Locarno-Muralto.


Bibliographie aimablement fournie par le Centre Paul Klee à Berne.

Paul Klee Städtische Komposition mit Gelben Fenstern, 1919, 267 Composition urbaine aux fenêtres jaunes Gouache sur papier vergé sur carton 29,5 x 22,3 cm Musée d'Ulm, Ulm - Courtesy Fondation Beyeler
Paul Klee
Städtische Komposition mit Gelben Fenstern, 1919, 267
Composition urbaine aux fenêtres jaunes
Gouache sur papier vergé sur carton 29,5 x 22,3 cm
Musée d'Ulm, Ulm - Courtesy Fondation Beyeler

Informations complémentaires:

Silke Kellner-Mergenthaler

Head of Communications

Téléphone: + 41 (0)61 645 97 21, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser., www.fondationbeyeler.ch

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