Jean-Pierre Sergent Sex & Rituals

Exposition d'art

A-1068, 1972 Aquarelle sur papier Signée en bas à droite 63,4 x 49,7 cm Courtesy Galerie Applicat-Prazan, Paris Photos Art Digital Studio © Adagp, Paris 2013

GALERIE OMNIBUS
18 rue de la Bibliothèque
25000 Besançon / France
omnibus-galerie.com
TEL : 03 81 50 88 46

Du 02 mars au 18 avril 2013, les grandes œuvres sur papier de Jean-Pierre Sergent seront présentées lors de son exposition : Sex & Rituals à la galerie Omnibus.

OMNIBUS est un nouvel espace d'exposition de 150 m2 ouvert depuis un an et demi, en plein centre ville du Besançon historique. L'objectif de la Galerie est de s'implanter comme un espace majeur de présentation d'art contemporain sous toutes ces formes artistiques actuelles. Sa vocation est de représenter et de défendre des artistes ayant un engagement artistique signifiant, profond, et parfois provocateur comme peut l'être parfois le travail de Sergent.

 

 

 
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 JEAN-PIERRE SERGENT Large Paper, acrylique sérigraphiée sur papier Rives BFK, 1,20 x 1,07 m, 2007-2011
Les directeurs de la galerie, Eve et Pascal Bertrand sont donc très fiers et honorés de présenter Sex and Rituals, un travail unique d'œuvres sur papier, qui amène le spectateur à s'interroger sur sa propre condition humaine, en ouvrant quelques pistes de réflexion. En effet, on peut s'interroger sur les sources multiples du contenu iconographique exubérant et de provenance multiculturelle des œuvres de Jean-Pierre. Le public s'interrogera sur les rapports que lui-même entretient avec la nature, les différentes pratiques rituelles, sur le retour aux sources, à la beauté et il pourra ainsi réintégrer le monde sensible de l'humain.
 
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JEAN-PIERRE SERGENT Sky Umbilicus, encre de Chine et acrylique

sérigraphiée sur papier Rives B.F.K., 76 x 56 cm, 2006

JEAN-PIERRE SERGENT est un artiste peintre Franco-Américain. Son travail a été présenté ces deux dernières années à deux grandes expositions monographiques : en 2011, au musée des Beaux-Arts de Mulhouse et en 2012, à la Ferme Courbet de Flagey. Il expose régulièrement sur la scène de l’art contemporain international.    
L’artiste présente vingt-deux œuvres sérigraphiées sur papier, monochromes à tirage unique et de grand format : 1,20 x 1,07 m, sélectionnés spécialement pour les thèmes de cette exposition parmi sa série des Large Papers, commencée à New York en 1999. Ces travaux sont réalisés en parallèle de sa production sur Plexiglas. Il s'en dégage une énergie, une sensualité, une douceur, une vitalité et une présence féminine lunaire qui leurs sont propres. Les thèmes invoqués sont, comme le titre de l'exposition l'indique, une réflexion iconographique autour d'images sexuelles et de rituels provenant de cultures et d’époques différentes. dans différentes cultures.
 
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 JEAN-PIERRE SERGENT Large Paper, acrylique sérigraphiée sur papier Rives BFK, 1,20 x 1,07 m, 2007-2011
Pour les rituels, il choisit souvent des images issues des civilisations méso-américaines, traitant de la transe et de la métamorphose chamanique, comme lorsque le chaman maya rencontre le Serpent cosmique.
Pour les images dépictant des scènes érotiques, il utilise largement des dessins de mangas japonais, en symbiose avec des textes érotiques écrits en anglais, au langage cru et obscène. Ce mélange faisant alors penser aux scènes d'orgies dionysiaques régénératrices des sociétés traditionnelles païennes ou antiques.
 
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 JEAN-PIERRE SERGENT Large Paper, acrylique sérigraphiée sur papier Rives BFK, 1,20 x 1,07 m, 2007-2011
Il faut venir voir, dans ce magnifique espace dédié à l'art contemporain, respirer et vibrer ces papiers aux couleurs uniformes, franches, vives, New Yorkaises, arborant des dessins linéaires, tracés comme à la hache et dégageant une force vitale indéniable. Douze petits travaux sur papier de la série des Mangas, Yantas & otras cosas, 2011, accompagne également cette exposition, ainsi que le superbe Bondage & Freedom, 1998, une immense œuvre sérigraphiée sur papier de 3 m de long par 1,50 m de haut.
 
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 JEAN-PIERRE SERGENT Mangas, Yantras & Otras Cosas, acrylique sérigraphiée
sur papier Rives B.F.K., 42 x 41 cm, 2011


NB : Dû au contenu érotique de certaines œuvres, cette exposition est déconseillée aux mineurs.

Exposition ouverte du mardi au vendredi de 10h à 12h30 & de13h30 à 19h et le samedi de 10h à 19h

CONTACT PRESS
Directeur : Pascal Bertrand / TEL : 06 23 68 12 67 / Email : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. /

Web : omnibus-galerie.com

Visitez le site de l'artiste :  www.j-psergent.com - Patrick Reynolds vous recommande particulièrement la qualité de ce site d'un artiste au talent reconnu immense.

JEAN-PIERRE SERGENT LE RUPESTRE par Jean-Paul Gavard-Perret

« JE FAIS UN ART VIVANT DANS UNE SOCIETE SPIRITUELLEMENT MORTE »

(J-P Sergent)
 
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 Jean-Pierre Sergent portrait par Yves Petit
Tout en s’élevant contre la notion de chef d’œuvre Jean-Pierre Sergent ne brade pas pour autant la peinture et ne néglige pas ce qui  - hélas - désormais passe en second : le beau. Sous prétexte qu’il est affaire de goût, cette notion au fondement de l’esthétique serait désormais vide de sens. Voire… L’artiste le prouve sans pour autant chercher à cette acception une vision passéiste. Tant s’en faut. Cette beauté trouve comme parfait synonyme dans le travail du créateur le terme d’énergie.  Celle-ci devient à la fois l’élan et la résultante du dessin et de la peinture capables de la cristalliser moins pour l’arrêter que pour la faire jaillir plus fortement.  Ainsi à l’attirance « rationnelle » que provoque une ressemblance se superpose un attrait irrationnel. L’œuvre en conséquence précipite dans un inconnu par retour à des fondements qu’on qualifiera de rupestre ou de brut.
Le traitement des formes entraîne une compréhension charnelle. Le désir n’est jamais très loin. Mais un désir qui s’intéresse à une sensualité particulière et cosmogonique. L’acte sexuel est donc transformé en un rite où l’amour devient inséparable du sens de l’être qui est bien autre chose qu’un simple libertin. L’artiste l’évoque dans un texte programme d’une de ses expositions :

« La nuit est juste l'ombre de la terre

Les femmes Gaia et Nout font le lien entre le rationnel et l'irrationnel

Des vulves, des matrices et des étoiles

Des étoiles, des matrices et des vulves

La vie se créer, se répète, se repousse

Le sacré nous observe

Équilibre du coquillage ouvert

La maison bascule

La nuit est là où repose l'ombre de la terre ».

 
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 Jean-Pierre Sergent Suites Entropiques, 2011, techniques mixtes sur Plexiglas, 2011, 1,40 x 1,40 m
Surgit de cette évocation la présence d’un sacré puisque l’art devient l’organe de révélation. A la chair voyance se substitue une claire voyance. Elle dirige vers la solarité en dépit des menaces que l’époque contemporaine fait passer sur l’individu.

Chez Jean-Pierre Sergent le sombre appelle la clarté et la mort la vie comme le souligne un autre de ses textes fondateurs de son esthétique. Le peintre franco-américain l’écrivit pour l’exposition « Nomads Territories » à la  DFN Gallery de New York (2000). Il y scande de manière nominale  ce qui est à la base de ses métamorphoses :

« La couleur, l'esprit, le réel

La transformation, l'assimilation

Le pouvoir, le rêve, la bravoure

L'interconnexion Nature-Homme-Culture-Univers

La force, la tendresse, la poésie

La violence de la vie

L'identité

Les étoiles, les nuages

Les cercles, l'innocence

La non-appartenance aux lois surnuméraires

La plénitude, la liberté, la couleur

L'offrande

Le mot sans le verbe

La chose, l'animal, l'arbre, le tonnerre

La Femme, la rivière, les cailloux

Le feu, l'ombre, le sang

La matrice, l'Univers »

 
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 Jean-Pierre Sergent Suites Entropiques, 2011, technique mixte sur Plexiglas, 2011, 1,40 x 1,40 m
Sortant des pensées monothéistes à l’occidentale Jean-Pierre Sergent opte pour une forme de don comparable à celui de la matrice féminine. Elle est dans l’œuvre de plus en plus importante au moment où, science aidant, certains rêvent de la remplacer par la « matrix » comme ils rêvent aussi à une nouvelle évolution de la procréation. Face aux apprentis sorciers l’artiste franco-américain rappelle le besoin d’une vie sensée, c’est-à-dire d’un croisement harmonieux entre l’appétit du désir de reproduction et l’appétit du besoin d’expression. Toute l’œuvre est là : son créateur tranche, dévoile, force pour atteindre la nudité de l’art sous les oripeaux culturels, religieux et moraux qui la cache. Cette nudité n’est pas seulement sexuelle : elle est celle de la « vraie » vie comme du « vraie » corps lié à celui du cosmos.  Dès lors ses figures ne sont jamais libertines ou fantasmatiques. L’érotisation proposée est là pour faire jaillir une substance énergétique saisissable par le regard qui s’ouvre ainsi non à l’alcôve mais à l’espace illimité.
L’œuvre devient l’expression de la puissance de la féminité. Sa  matrice incommensurable  (autant force dynamique que  foyer philosophal)  trouve une « image » dans les grandes installations murales de l’artiste. Thèmes, couleurs,  énergies  s’y mélangent dans un foisonnement. Il permet de retourner vers le mystère de la création par delà les dualités. Surgit le « corps » secoué par l’instinct comme par la pensée à travers la charge érotique aussi rupestre que vitale. L'impression de lumière que cherche à créer le plasticien  est un moyen d'affaiblir les indices de réalité phénoménale ou plutôt les illusions réalistes dans un seuil d'émergence « minoré » par la stylisation des formes. En montrant moins elles montrent plus car elles forcent à regarder avec une attention accrue.
 
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 Jean-Pierre Sergent Large Paper, acrylic hand silkscreened on Rives BFK paper, 1,22 x 1,07 m, 2001
L’éloignement du réel  fait donc le jeu d'une autre proximité. Et cette proximité fait le jeu de l'éloignement du leurre réaliste.  Pour reprendre un terme de la préhistoire du cinéma se crée un effet de "dissolving views". L'objectif  d'un tel choix paraît donc  évident : voir ce n'est plus percevoir mais d'une certaine façon un "perdre voir"  (tout autant un « sur voir ») puisqu'un tel choix viole les lois de la représentation et le matérialisme pour rétablir l’origine de la pensée dans une chair tellurique et mystique comparable à celle qu’Artaud rêva de trouver en territoire Tarahumaras. Bref une chair rédemptrice totalement ignorée par un certain art contemporain dévalorisé par la consommation et la mort. Cet art transforme le sujet un objet, édulcore tout véritable dialogue temporel et spirituel. Face à ce déficit Jean-Pierre sergent retrouve un lyrisme particulier. Celui qui renoue avec les forces non seulement primaire de vie et de mort mais ave celle que l’art lorsqu’il n’est pas dévoyé peut proposer et en premier lieu cette fameuse beauté convulsive que l’époque a fini par oublier.
 
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 Jean-Pierre Sergent Suites Entropiques, 2011, technique mixte sur Plexiglas, 2011, 1,40 x 1,40 m
La peinture « sacrée » de Jean-Pierre Sergent a pour visée de sortir de l’enfer terrestre et de lutter contre la part du corps martyrisé par son absence de spiritualité première. Pour lui comme pour Artaud déjà cité « L’âme de Lucifer a envahit le monde ». Mais contre ce succube ou ce succédané (ou succès damné) l’artiste invente une peinture rituelle et à valeur de quasi exorcisme. Il bataille contre divers magister  en faisant appel à des dieux (païens mais dieux tout de même) oubliés. Le spectateur est dès lors subjugué par ce que l’artiste lui-même nomme une « débauche érotique où les surfaces carrées, aux multiples facettes, scrutent l'intérieur des âmes comme l'œil des insectes, conscience évoluée, reflet et fusion des corps dans le vortex du magma cosmique au présent universel ».
Les œuvres deviennent des zones de fouilles capables d’atteindre le vortex de la machinerie de l’être par le réel et sa transfiguration. Reprenant Bataille et l’injonction de sa Madame Edwarda au bordel lorsqu’elle intime à son client de regarder son sexe (« Regarde car il est dieu »), l’artiste montre l’importance de cette figure originaire. Courbet l’osa le premier ouvrant ainsi la voie – par delà les siècles qui avaient caché une telle image -  à tout le XXème siècle de  Duchamp à Picasso, de Jasper John à Pollock. Sergent la reprend en précisant toute l’importance de l’audace de Courbet  (qu’il lie avec les évocations de Zola dans « Les Paysans ») : « une saillie est une saillie et il n'y a rien de moral ni d'immoral dans cet acte, juste un acte de plaisir, de procréation et de multiplication des générations ». Le sexe féminin est pour lui le signe de l’ordre de la régénérescence comme celui du chaos. Bref le lieu où tout commence. Pour  figurer ce jaillissement  et soulever cet abîme de feu l’artiste récupère diverses traditions. Il prend donc à rebours la tradition occidentale qui a assoupi ce feu ou l’a déporté selon des postulations issues de censures morales ou à l’inverse  de feintes d’exposition dans la pornographie et ses leurres qui ne sont qu’un dépositoire de néant à la sauce close.
 
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Vue de l’Installation murale monumentale de Nature, Cultures, L’Origine Des Mondes, 2011.
Ferme de Flagey - Musée Courbet | France
18 peintures acrylique sérigraphié sur Plexiglas de 1,05 x 1,05 m, dimension totale : H 3,15 m, L 6,30 m
Jean-Pierre Sergent propose ce qu’on pourrait nommer une suite de pictogrammes. Ils permettent de replonger au fond même de l’expérience primitive de l’émotion et du sentiment amoureux au sens le plus large. De sa beauté, sa force et sa douleur aussi.  Généralement on réduit le corps à parler l’amour au sens étroit du terme et la peinture à l’  « ornementer ».  Ici à l’inverse le corps - saisi de la violence de l’affect - est en jeu. Sa mentalisation ne passe plus par un code purement abstrait. Le jeu des lignes prouve un retour sur une expérience hélas perdue. Elle lie le sensuel au spirituel et renvoie à une nostalgie brûlante. Elle va de la terre vers le ciel. Prenant  parfois  racine dans le bas de l’image, sa fondation n’a rien de confuse : tout est net et précis.  Si bien que ce qui est de l’ordre de l’image devient le verbe poussé au paroxysme. Il échappe au logos. L’image devient langue entre la langue. C’est la fin des littératures. Ou leur commencement. C’est une histoire de caverne.  Celle sur laquelle Platon a fait l’impasse.
L’artiste propose toute  une suite de déambulations reprises, analysées et surtout  métamorphosées où s’ouvrent le souffle et le cri. Finies les vieilles répliques, finies les représentations romantico-sentimentalistes de l’amour. A cheval entre le signe et une forme d’abstraction l’œuvre « sauvage » dit tout sans l’intrusion  L’art parle une langue primitive et nouvelle. Elle ébranle nos systèmes de représentation et ceux de la reproduction. Surgit une autre domination. Naturelle que sophistiquée l’œuvre reste donc  la plus proche de la sensation cosmiques au moyen des formes et de codes qu’il faut réapprendre à « lire ».
 
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 Jean-Pierre Sergent Suites Entropiques, 2011, techniques mixtes sur Plexiglas, 2011, 1,40 x 1,40 m
Le pictogramme devient l’acte de faire non un discours mais un corps qui bouge, sort, s’use, recommence. S’y éprouve l’action de l’action du sens et de l’émotion. S’y ressent différents degrés d’ouvertures ou d’étranglements.  Les œuvres de Jean-Pierre Sergent parlent sans phonèmes pour sortir les états de  douleur et de damnation en un système de lignes polyphoniques symboles d’un trajet vital, animal et mental. Le langage est devenu graphique, gestuel, musicien. En ses images de fond il  est si loin, il est si proche. Et voici le voyeur désormais seul parmi les décombres du temps aux prises avec cette bouche de lumière, cette coque ouverte susceptible de donner forme au désir, de l’  « éduquer ». La compétence jubilatoire du créateur  traque la figure jusqu’aux limites extrêmes du temps. Parvenu à son terme il épanouit sa plénitude par ce retour amont. La surface plane se commue en profondeur au point d’apparaître comme une invention d’une présence ineffable soustraite  aux repères convenus de l’espace-temps où la femme surgie de l’ombre répand la lumière en d’invisibles essaims.
 
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 Jean-Pierre Sergent Mangas, Yantras & Otras Cosas,
acrylique sérigraphiée sur papier Rives B.F.K.,  42 x 41 cm, 2011

L’image joue avec la permanence rétinienne en montrant quelque chose qui ne s’effacera jamais et se répandra en échos presque sonores. Des courbes sont offertes mais restent inaccessibles aux caresses. Si on les caresse elles tombent en poussières pour mieux se solidifier, s’éterniser. Les corps ne sont pas académiques mais leurs formes pourtant évoquent  la perfection des peintures premières de bien de cultures traitées de sauvages.  En émane une  intimité qui se donne en se refusant  ou qui se refuse en se donnant. Le regardeur y est invité, mais tout crie : « Ne me regardez-pas plus que ce que  je veux vous en montrer ». Pas de familiarité déplacée. Offert le corps féminin est objet du culte et de l’occulte. Ses messages secrets sont dans les courbures et les plages de couleur. Surgit la collusion de la vie et de la mort, du mobile et de l’immobile entre mythe et réalité. Le regardeur est donc comparable à cet homme du « De naturae » de Lucrèce (que l’artiste cite). Il est projeté  « au milieu d'un songe, dévoré par la soif, il cherche à boire, et  ne trouve pas l'eau qui pourrait éteindre le feu de ses os ». Tout reste dans cette œuvre d’exception en bascule, un suspens. « Spiritualité, simplicité, merveilleux, violence, fragilité, impermanence du monde et de l'humain » écrit Jean-Pierre Sergent, lui-même pris entre équilibre et déséquilibre dans sa création d’un univers de métamorphoses. C’est le prix à payer pour atteindre la beauté en tant que force et énergie primitives au sein du « chaosmique ». L’œuvre en crée l’envoûtement par sa puissance d’immanence. Une immanence terrestre venue du fond des temps contre le peu que l’homme est, et face au moindre auquel le monde d’aujourd’hui se soumet. Il est donc temps de revenir à une peinture du rupestre. Elle seule est la primitive du futur.


Jean-Paul Gavard-Perret

BIOGRAPHIE DE JEAN-PIERRE SERGENT

 
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Jean-Pierre Sergent devant son installation "Mayan Diary 20",  2,10 m x 10,50 m,
Musée des Beaux-Arts de Mulhouse, 2011
AUTRES ACTUALITÉS RECENTES DE JPS
 
Nouvelle page web consacrée aux actualités artistiques : nouvelles œuvres réalisées, expositions, nouvelles séries de photos et de vidéos etc... : Nouveautés
Prochaine exposition collective : "Pays de Courbet, Pays d'artistes", 16 décembre 2017 - 1 avril 2018 | Centre d'art Le Manoir | Mouthier-Haute-Pierre | France
Article par Simona Manlio :Opere d'arte in Plexiglas: intervista a Jean-Pierre Sergent (English / Italian), Artspecialday, Italie, août 2016
Article par Kayleigh Moreno, Interview with French Artist Jean-Pierre Sergent: Art, Sex and Subconscious, Culture Trip, UK, juillet 2014
 
1958 Naissance à Morteau (France).
 
1978-81 Etudie l'architecture à Strasbourg et la peinture à l'école des Beaux-Arts de Besançon.
 
1983-91 Travaille l'abstraction géométrique sur panneaux d'Isorel. Parallèlement à son activité de plasticien, il élève et entraîne des chevaux américains dans le Doubs.
 
1991 Déménage à Montréal pour se consacrer exclusivement à la peinture. Travail sur Plexiglas, matériaux industriels, coupures de presse et photos; début des sérigraphies.
 
1993 Installe son Studio à New York. Travail sur objets trouvés, Peintures-sculptures et sérigraphies sur Plexiglas.
 
1998 Réalise une oeuvre monumentale Suspended Time, pour l'Alliance Française de New York. Travaille comme sérigraphe professionnel à la Drexel Press.
 
2001-03 Elaboration de Mayan Diary, série d'images au format unique carré (1,05 x 1,05 m) sérigraphiées au dos de Plexiglas permettant de réaliser de monumentales installations murales modulables. Mayan Diary est exposé dans plusieurs galeries et centres culturels new-yorkais. Développe son travail à partir de l'image numérique pour retravailler les images trouvées et découper les films sérigraphiques.
 
2005 Déménage son atelier à Besançon, France.
 
2007 Installe Mayan Diary 18, 3,15 x 6,30 m, pour le fond de scène du décor minimaliste de Didier Brunel pour l'opéra La Traviata de Giuseppe Verdi, Opéra Théâtre de Besançon, France.
 
2008 Installe Mayan Diary 24, 3,15 x 8,40 m, dans la Salle des Iles Basses en partenariat avec la ville d'Ornans, France.
 
2011 Exposition monographique Mayan Diary dans les sept salles du Musée des Beaux Arts de Mulhouse, France. Présentation de Mayan Diary 20, 2,10 x 10,50 m, et des travaux sur papier des séries : Large Paper et Mangas, Yantras Y Otras Cosas.
 
2012 Exposition monographique Nature, cultures, l'origine des mondes, installation murale de 3,15 x 6,30 m, à la Ferme Courbet de Flagey, France.
 
PRESENT Jean-Pierre Sergent travaille à une nouvelle série de peintures sur Plexiglas intitulée Suites Entropiques qui est la continuation de sa série précedente Mayan Diary.

EXPOSITIONS PERSONELLES (sélection)

2013
Sex & Rituals, Galerie Omnibus, Besançon, France
 
2012
Nature, Cultures, l'origine des mondes, Ferme Courbet, Flagey, France
 
2011
Mayan Diary, Musée des Beaux-Arts, Mulhouse, France
Banque Vontobel, Geneva, Suisse
MAG 2011, Montreux, Suisse
 
2010
Art Amazone Galerie, Neuchâtel, Suisse
MAG 2010, Montreux, Suisse
Galerie Mon Loup, Besançon, France
Banque La Société Générale, Dijon, France
Artbygenève, Galerie Artscademia, Lutry, Suisse
 
2009
MAG 2009, Montreux, Suisse
Kursaal, Besançon, France
 
2008
Gribouillis, Dionysos & Rythmes Cosmiques, Galerie Le Pavé dans la Mare, Besançon, France
Mayan Diary 6, Conseil Général du Doubs, Besançon, France
Mayan Diary 24, Salle des Iles Basses, Ornans, France
 
2007
L'Axe Bartholdi, Centre d'Art Mobile, Le cylindre, Besançon, France
Fond de scène de la Traviata, Opéra Théâtre de Besançon, France
 
2006
Œuvres de New York, Mairie de Besançon, France
Banque La Société Générale, Besançon, France
 
2004
La Tables des Halles, Besançon, France
 
2002
Mayan Diary, Taller Boricua Gallery, New York, USA
 
1999
Amana, York Square Gallery, New Haven, USA
Dionysos, Perpetual Orgy of Life, Gallery Juno, New York, USA
 
1998
Suspended Time, French Institute, New York, USA
 
1997
French Consulate, New York, USA
 
1993
Galerie Riverin-Arlogos, Eastman, Canada
 
1990
Galerie G, Besançon, France
 
1989
Yannef Gallery, Toronto, Canada
Galerie Transit, Strasbourg, France
Galerie Edition du Faisan, Strasbourg, France
 
1983
Galerie du Clos St-Amour, Besançon, France

EXPOSITIONS COLLECTIVES (selection)

2011
Souffles I & II, Galerie Le Pavé dans la Mare &  I.S.B.A. Besançon, France
Biennale des arts plastiques, Besançon, France
 
2010
Lineart Gand, Art Gallery 826, Knokke-le-Zoute, Belgique
Galerie Esquisse, Nyon, Suisse
 
2009
Biennale des Arts Plastiques, Besançon, France
 
2007
Biennale des Arts Plastiques, Besançon, France

2006
Salon des Annonciades, Pontarlier, France
 
2005
Kunst 05 Zurich, Galerie Zéro, l'Infini, Zurich, Suisse
Biennale des Arts Plastiques, Besançon, France
Rapsida, Gallery 138, New York, USA
Desire Submerged into the Earth, Gallery 138, NYC
 
2004
Scope Art Fair, Yukiko Kawase, London, England
Europe Day, Dahesh Museum of Art, New York, USA
Artincubator, Ethan Cohen Fine Arts, New York, USA
 
2003
The Divided World, York Square Gallery, New Haven, CT, USA
Art Happens, Time Square Lobby Gallery, New York, USA
La France d'hier et d'aujourd'hui, Fire Patrol #5, New York, USA
Rapture, Gallery 138, New York, USA
 
2002
Desire + The Hurricane, Gallery 138 @ White Box, New York, USA
Independant Art Fair, T.A.B.A.K. Museum, Vienna, Autriche
Independent Art Fair, Plaza Hotel, New York, USA
 
2001
A Cry For Peace, Fire Patrol #5, New York, USA
 
2000
Trophy-ism, Idefine Art, Brooklyn, New York, USA
Opera Gallery, New York, USA
Nomad Territories, D.F.N. Gallery, New York, USA
 
1998
Fin de Siècle, Swiss Embassy Paris, France
Profusion, Galerie Edition du Faisan, Strasbourg, France
 
1997
Sous le Signe de Zorro, Galerie Vivas, Paris, France
 
1996
Body, Trace, Memory, Eight Floor gallery, New York, USA
 
1995
Interpellation, Sorbonne University, Paris, France
Conceptual Documents for Impossible Art, Eighth floor Gallery, New York, USA
Pier Show III, Brooklyn, New York, USA
68 J Art group Show, Brooklyn, New York, USA
 
1994
Burning Show, Patrice Landau Gallery, New York, USA
Pier Show II, Brooklyn, New York, USA
 
1992
L'Université de la Ruelle Propose, Montreal, Canada
 
1991
Gallery Moos, Toronto, Canada
Exposition Ardoise, Galerie Edition du Faisan, Strasbourg, France
 
1988
Galerie Edition du Faisan, Strasbourg, France
 
1987
Galerie G, Besançon, France
Bienniale de Besançon, France
 
1986
Galerie Edition du Faisan, Strasbourg, France
 
1985
Galerie Mathieu, Besançon, France
International Art Exhibition, Basel, Suisse
Galerie Jonas, Neuchâtel, Suisse
 
1984
Bienniale de Besançon, France
 
1983
Salon des Annonciades, Pontarlier, France
 
1982
Salon des Annonciades, Pontarlier, France

FILMS DOCUMENTAIRES

2012
ENTRETIEN AVEC THIERRY SAVATIER, film de 40 mn
LE PEINTRE ET LE PHILOSOPHE, film de 42 mn d'entretien avec Laurent Devèze
 
2011
ENTRETIEN AVEC LAURENT DEVEZE, film de 34 mn
 
2009
ENTRETIEN, film de 17 mn, réalisé par Jean-Luc Gantner
 
2008
INSOLATIONS ET AUTRES PUISSANCES SYMBOLIQUES, film de 15 mn, réalisé par Jean-Luc Gantner

PUBLICATIONS

2012
THE ARTBOOKGUY, mai, Jean-Pierre Sergent in living color, Michael Corbin
NATURE, CULTURES, L'ORIGINE DES MONDES, catalogue d'exposition à la Ferme Courbet
 
2011
POLY, mai-juin, Civilisations, Dorothée Lachmann
NOVO # 13, mars, Énergie Vitale, Adeline Pasteur
ART ABSOLUMENT # 40, Entretiens, Tom Laurent
MAYAN DIARY, catalogue d'exposition, musée des beaux-arts de Mulhouse
 
2009
D'AILLEURS, # 1, revue de l'Ecole Régionale des Beaux Arts de Besançon, dirigée par Laurent Devéze
 
2007
KEE MAGAZINE, The Alchemy of Desire, Sooni Schroff- Gander, Hong Kong
 
1998
NEW YORK NEWS, Suspended Time, Céline Curiol, New York, USA
 
1996
FRENCH TELERAMA n 2438, Le Pari New York, Olivier Pascal-Moussellard
 
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 Vue de l'exposition Jean-Pierre Sergent, Sex & Rituals, Galerie Omnibus, mars 2013

JEAN-PIERRE SERGENT : « DU BOK BLEU DE L’ESPRIT »

Par Jean-Paul Gavard-Perret, février 2013

A la recherche d'un monde perdu et pour répondre à l'appel du néant des temps actuels Jean-Pierre Sergent est à la recherche d'un lieu originel. Il ne s’agit ni d’entrer dans la peinture, ni dans la sexualité mais d’en sortir. Ou plutôt de les métamorphoser. Contre les pseudo-provocateurs en montagnes coloriées qui ne font que s’affaisser dans l’orthodoxe de l’art et du sexe le créateur percute les images reconnues dans son langage en flux. Un flux de feu tissé en torsades d’images venues de cultures ancestrales et des miroitements de la matrice de la terre. Elle bâille de sa blessure ouverte que certains croient obscène mais qui porte en elle la source capable d’apaiser toutes les soifs. A-t-elle pour autant ce « goût de miel et de sucre » dont parlait Artaud ? Pas forcément : elle a une saveur bien plus amère. Et Jean-Pierre Sergent l’a bien repéré au fil de l’histoire des arts et des littératures. Il n’empêche que pour le peintre l’art accouche cette matrice aussi mentale que charnelle. C’est pourquoi d’une certaine manière l’artiste copule avec elle. Ses images brisent en conséquence les images chrétiennes et leur logos sanctifiant. Elles font surgir un inconscient  qui découle d'étapes antérieures. Elles diffusent et infusent des "xylophonies", des syllabes inventées sorties d’une masse d'esprit et de corps enfouie quelque part.

Plutôt que de quitter la peinture il s'agit d'imaginer des images de feu, de signes, des formes, d’effigies naturelles issues de bien des genèses et des chaos. L’artiste crée des imageries mystérieuses et archaïques mastiquée par une énorme bouche-sexe qui parle le conscient et l'inconscient non  plus "envoûtés" mais  soudain libres. Face à la langue écrite, cet  « utérus dont je n'avais que faire » dont parlait Artaud il propose un coït tellurique au sein non d'une mère mais de la MERE cosmique dont l’œuvre devient l’hymne sauvage et ample créé dans bouillonnement sourd de formes afin de quitter l'ici du temps présent pour se fondre dans l’ailleurs. Se fondre et se libérer, détacher la dernière petite fibre rouge de spectre phallique afin de se désenclaver de la loi des puissances politiques, économiques, religieuses et se dégager de l’asservissement. L’œuvre est à ce titre une expérience viscérale, sismique, organique. Elle cherche l’image absolue agie et vécue quelque part. Elle permet de retourner à la terre première. Celle qui ne se retrouve qu'en s’arrimant à la membrane matricielle. Elle seule évite de tomber au néant et permet de raffiner l'être de l'être loin de la crapulerie du peu qu’il est devenu.

Cette matrice rêvée serait celle d’une terre sur laquelle aucune civilisation n'aurait d’emprise. La terre vierge par excellence : la terre plus que virginale et qui échappe à la séparation des genres. Pour l’atteindre, l’œuvre de Jean-Pierre Sergent crée un langage capable de briser les liaisons que la civilisation contemporaine dans sa mondialisation confondante impose. Face à l’inertie, la crapulerie du monde « enculé de viande » (Artaud) le créateur cherche à réanimer des blocs originels de spiritualité afin de pouvoir sortir le monde de son suicide organisé. C’est pourquoi une telle œuvre ouvre et ferme, comble et creuse. Elle transforme le théâtre de la cruauté du monde vers un espoir de liberté reconquise. Contre les vrombissements du jouir de tous les quêteurs d’honneur qui, lorsque leur coupe est pleine, la remplissent encore, le créateur fait surgir une langue neuve comme celle qu’Artaud tenta d’inventer depuis :
"bok du bleu de l'esprit
Orangate oravire
Oravire talire"

Jean-Paul Gavard-Perret

 

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