Le domaine des sciences nous apporte sa contribution. Trois est lié à la forme la plus élémentaire d’une surface : un point n’existe que par et pour lui-même, deux points engendrent une ligne qui bien que se prolongeant à l’infini manque de consistance alors que trois points donnent naissance au triangle pourvu quant à lui d’une aire réelle. Quatre points se perdent dans les carrés, les rectangles, les trapèzes et les figures où deux triangles sont couplés par un sommet commun… Un pan des mathématiques se nomme la trigonométrie… Ses fonctions sont au nombre de trois : le sinus, le cosinus et bien sûr, la tangente !… Le triangle représentait pour Pythagore le chiffre « 3 » et il pensait que sa connaissance provenait du divin. Les grandes pyramides de l’Egypte ancienne sont au nombre de trois et leurs façades sont des triangles. Cette figure géométrique s’avère un probable archétype. Le nombre « Pi » qui a passionné tant de savants depuis l’Antiquité commence par un trois et ses décimales se perdent dans l’infini. La biologie voit s’inscrire le chiffre « 3 » dans sa réalité. L’unité de base des chaines d’ADN contenant le message génétique, le codon, est un triplet de nucléotides variables. La cellule, l’unité de base des tissus vivants, a trois structures principales que sont le noyau, le cytoplasme et la membrane. Tout organisme biologique connait le déroulé de ces trois états que sont la formation, la vie et la décomposition. La jeunesse, l’âge adulte et la vieillesse correspondent à l’inéluctable trajectoire de l’existence humaine. La matière , comme l’eau qui est si nécessaire à la vie, a ses trois états que sont le solide, le liquide et le gazeux, bien que les avancées de la physique ouvrent maintenant le champ des connaissances sur une réalité plus complexe. Le temps, si précisément mesuré par l'horloge atomique de l'Observatoire de Paris, est évoqué dans son flux par le passé, le présent et le futur... Le domaine philosophique est riche depuis l’Antiquité de la notion de dialectique, éminemment ternaire. Zénon d’Elée (né en 490 avant JC) en aurait été l’inventeur. C’est l’image même de la pensée en mouvement. Fondée sur le dialogue entre deux interlocuteurs aux avis différents qui cherchent à se convaincre et parviennent à une vérité supérieure, son champ d’application a évolué dans le temps. Elle est chez Fichte définie par ces trois moments que sont la thèse, l’antithèse et la synthèse et chez Hegel, elle est entre autre le cheminement de la conscience qui ne peut se construire qu’en s’opposant à d’autres consciences déjà conscientes d’elles-mêmes. Gaston Bachelard, le philosophe poète de la rêverie, décrivait trois états dans la formation d’un esprit scientifique: concret, concret-abstrait et abstrait allant de l’âme puérile à la conscience scientifique douloureuse en passant par l’âme professorale… Dans son propos, la linguistique indique clairement que la communication ne se réalise que par l’existence d’un émetteur, d’un message « et » d’un récepteur. La défaillance d’un de ces termes l’annule. Dans l’interprétation psychanalytique des rêves, le chiffre « 3 » représente les attributs sexuels de l’homme et de la femme. Il symbolise aussi la situation œdipienne impliquant une interrelation profonde entre l’enfant, la mère et le père. Un courant de la psychanalyse définit les trois registres de l’expérience analytique que sont le réel, le symbolique et l’imaginaire... Le « Trois» est un symbole sacré dans le domaine des religions. Le christianisme a pour dogme essentiel la Trinité qui fait exister dans une même entité le Père, le Fils et le Saint Esprit. Les vertus théologales sont au nombre de trois avec la Foi, la Charité et l’Espérance. Saint Pierre a renié Jésus trois fois. Trois Mages sont de loin venus vénérés Jésus après sa naissance. Le Judaïsme a pour rite les trois prières quotidiennes introduites par les trois Patriarches Abraham, Isaac et Jacob. Dans l’Hindouisme, Le Trimurti (« trois formes » en sanscrit) est la manifestation de la divinité suprême se faisant triple pour présider aux différents états de l’univers. Celle-ci se décline avec Brahma, puissance associée à la création , Vishnu associé à la préservation et Shiva à la destruction. Les trois Moires de la mythologie grecque régissent la destinée humaine : la première tisse les fils de la vie, la deuxième les déroule et la troisième les coupe. Elles deviennent les Parques dans la mythologie romaine. Les trois Grâces (ou les trois Charites), quant à elles, étaient les déesses de la beauté, du charme et de la créativité…. Le Sphinx avec une tête de femme, un corps de lion et des ailes d’oiseau posa à Œdipe la question fatidique pour eux, puisqu’il y répondit, de dire qui le matin marche sur quatre pattes, le midi sur deux pattes et, le soir venu sur trois. L’enfance, l’âge adulte et la vieillesse… Le triskel (ou triskèle) est un symbole qui existait déjà dans la culture celte où il aurait représenté ces trois points remarquables du mouvement du soleil que sont le lever, le zénith et le coucher. Il symbolisait aussi dans une unité les trois castes de la société celte : les bardes et les druides, les rois et les paysans. On retrouve le symbole sous le nom de triskelion, mot d’étymologie grecque signifiant « trois jambes »… Les régimes démocratiques sont fondés sur l’existence de trois pouvoirs séparés : législatif, judiciaire et exécutif. L’ancien régime avait ses trois Etats. Le langage courant et les expressions proverbiales sont riches de références au « trois ». Nous évoluons dans un monde à trois dimensions où nous sautons, comme le dit la comptine, à trois : « Un , deux, trois, sautez !... », « Jamais deux sans trois !… », « Il n’a pas dit trois mots… », « C’est trois fois rien… », « En trois coups de cuiller à pot… », « Ne pas connaitre trois mots d’une langue… », « Il l’a fait en deux temps, trois mouvements… », « Je vais vous le dire en trois mots… », « Faire trois petits tours et s’en aller… » « Trois fois hélas !… », « Haut comme trois pommes… », « Marcher sur trois pattes… » etc.… « Il n'y a ni si ni peut-être, un trépied doit avoir trois pieds. » « Trois déménagements valent un incendie… », « Pouvoir, vouloir, savoir, trois mots qui mènent le monde… » (V. HUGO), « Si les triangles faisaient un Dieu, ils lui donneraient trois côtés… » (MONTESQUIEU), « Un jour en vaut trois pour qui fait chaque chose en son temps… », « Ce que trois personnes savent est public… » etc… Il y a les trois coups au théâtre , le chapeau tricorne, le costume trois pièces et les Trois Mousquetaires, le podium et la règle de trois. N’oublions pas les Trois glorieuses… Cette « compilation » est à considérer comme une tentative d’étayer l’hypothèse que le chiffre « TROIS » est remarquable dans notre existence, qu’il est structurant et possède en lui-même une cinétique. Il est semble-t-il présent de façon dominante relativement aux autre chiffres ou nombres dans bien des domaines. Ne pourrait-on envisager que son concept possède dans notre cerveau un site privilégié qui nous le fait reconnaitre d’emblée ? Que sa localisation soit un jour précisée de la même façon que l’aire spécifique de la reconnaissance des visages, par exemple, est établie ? Enfin que d’autres investigations confirmeront que sa présence dans l’œuvre dessinée, gravée, peinte ou sculptée génère une impression familière d’unité, d’harmonie et de dynamique ? Hervé Le Goaréguer Contactez l'artiste : herve.le-goareguer(at)wanadoo.fr |
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