JANE EVELYN ATWOOD EXPOSITION A LA MAISON DE LA PHOTOGRAPHIE ROBERT DOISNEAU GENTILLY

MUSEES - FONDATIONS - INSTITUTIONS

Jane Evelyn Atwood Histoires de prostitution Paris 1976-1979

EXPOSITION PRÉSENTÉE DU 25 JANVIER AU 21 AVRIL 2019
Maison de la Photographie Robert Doisneau
1, rue de la Division du Général Leclerc
94250 Gentilly, France
www.maisondoisneau.agglo-valdebievre.fr 

EXPOSITION CONÇUE À PARTIR DE LA SÉRIE RUE DES LOMBARDS
RÉALISÉE ENTRE 1976 ET 1977 ET LA SÉRIE PIGALLE PEOPLE
RÉALISÉE ENTRE 1978 ET 1979.
L’EXPOSITION PIGALLE PEOPLE A ÉTÉ PRÉSENTÉE UNE PREMIÈRE
FOIS À ARLES EN 2018 ET A ÉTÉ PRODUITE DANS LE CADRE DE
L’ÉDITION 2018 DES RENCONTRES DE LA PHOTOGRAPHIE, ARLES, FRANCE.
VERNISSAGE JEUDI 24 JANVIER 2019 À 18H

Cela a commencé comme cela, en 1976, sans expérience et sans idées préconçues. Il y avait là sous ses yeux un monde inconnu et pourtant familier. Elle a eu envie de savoir et de connaître de près ces hommes, ces femmes ou ces transgenres qui vendaient leurs corps sur les trottoirs de la capitale.
En 1976, Jane Evelyn Atwood, pas encore photographe, habite depuis cinq années à Paris. Elle achète un premier «vrai appareil et rencontre Blondine ainsi que les autres prostituées de la rue des Lombards, dans le quartier du futur Beaubourg.

JANE EVELYN ATWOOD EXPOSITION A LA MAISON DE LA PHOTOGRAPHIE ROBERT DOISNEAU GENTILLY
Série Rue des Lombards © Jane Evelyn Atwood
Série Rue des Lombards © Jane Evelyn Atwood

Quelques mois plus tard, elle croise Barbara, Miranda, Nouja ou Ingrid et tout ce peuple battant les pavés de Pigalle. Par bribes photographiques, elle entre progressivement dans la vie de ces personnages et dans l’univers de la prostitution. C’est dans la rue, dans les bars et les chambres de passes qu’elle écrit ses premières histoires en images, rendant compte d’un quotidien en marge.
Sans le savoir, Jane Evelyn Atwood signe alors ses premiers reportages et débute une oeuvre magistrale et poignante, guidée par les rencontres et la nécessité de «capter la dignité humaine».

Michaël Houlette

Au  cours  de  l’année  1976,  Jane Evelyn Atwood fait la connaissance de  Blondine  qui  se  prostitue  au  19 rue  des  Lombards,  une  des rues «chaudes»  de  Paris.  Elle  se  lie d’amitié  (une  amitié  qui  va  durer jusqu'au décès de Blondine, en 2013) avec celle qui dès lors la guide dans un  univers  inconnu.  Travaillant  le jour  à  la  Poste,  Jane  Evelyn  passe pendant près d’un an toutes ces nuits en  compagnie  de  Blondine  et  des autres femmes de l’immeuble.
«La  nuit  était  devenue  confortable pour  moi  et  je  me  sentais  décalée pendant le jour. J’étais introvertie et timide  à  l’époque,  mais  l’immeuble était  devenu  mon  monde.  Les femmes   étaient   extraordinaire...
C'était comme si je me trouvais pour la  première  fois  dans  les  coulisses, assez  près  pour  toucher  la  magie.
Blondine    était    la    plus impressionnante  :  une  poitrine  qui donnait envie d'y plonger et un rire qui partait comme un grondement de tonnerre.  J'ai  voulu  connaître  les prostituées et la photographie devint un moyen d'y parvenir."

C’est   par   l’intermédiaire   de Blondine que Jane Evelyn rencontre Barbara, transgenre de Pigalle : « La relation avec les trans, n’était pas le même  qu’avec  Blondine  et  les prostituées de la rue des Lombards.
Les  trans  étaient souvent droguées tandis  que  les  prostituées,  pas  du tout et j’avais avec elles de vraies conversations.
Les  relations  entre  elles  m’ont semblé aussi très aléatoires, je n’ai pas ressenti la même solidarité qu’à la  rue  des  Lombards,  peut-être  à cause  de  la  complication  que  cela donne  de  vouloir  être  une  femme dans un corps d’homme ».
« En photographiant Pigalle en 1978 et 1979, j’ai découvert un mélange de  prostituées,  de  transgenres,  de sans-logis,  d’habituées  du  quartier, de  petits  commerçants  vivant  au-dessus  de  leur  boutiques  et  de touristes.
Barbara  était  grande,  blonde  et presque  toujours  bourrée.  Elle fréquentait   assidûment Chez Sylvain, un minuscule bar. Je la vois en fin de matinée dans un pyjama d’homme,  pas  rasée  et  voûtée, commandant un double Ricard pour le  petit  déjeuner.  Plus  tard,  elle mettait  sa  perruque,  minijupe  et talons hauts. Chaque trans cultivait son personnage qui s’exprimait dans sa façon de s’habiller. Raymonde et Caline jouait dans un spectacle de  cabaret.  Miranda,  c’était  la beauté  fatale,  provocante.  Nouja, c’était  la  féministe,  l’intello, langue  de  vipère  et  humour cinglant. Ingrid était la STAR ».

« Environ deux semaines avant de se donner la mort, Ingrid m’avait laissée la photographier nue. C’est une  photo  qui  est  tellement étrange.  La  moitié  du  corps  est celui  d’une  femme  extrêmement belle, elle avait une belle chevelure rousse  longue  et  ondulante,  et l’autre moitié du corps montre un beau sexe d’homme. On dirait un photomontage,  on  ne  pouvait  pas croire  quand  on  la  voyait  que c’était  une  seule  et  même personne.
Je me souviens que lorsque je lui ai demandé  de  poser  nue  pour  moi, elle a d’abord refusé puis, des mois plus  tard,  elle  m’a  donné  son accord.  J’ai  compris  ensuite  que cette  photo  résumait  sa  personne tout  entière.  Cette  image  dit  le «pourquoi» d’Ingrid.
Au  moment  de  son  suicide,  je photographiais  les  prostituées  de Pigalle depuis plus d’un an. Avec sa  mort,  j’ai  senti  que  j’avais bouclé  la  boucle  des  histoires  de leurs vies.»

Série Pigalle People © Jane Evelyn Atwood
Série Pigalle People © Jane Evelyn Atwood
BIOGRAPHIE DE JANE EVELYN ATWOOD

1971
Jane Evelyn Atwood, américaine
née à New York, arrive à Paris.

1976-1977
Reportage    sur    les prostituées de la rue des Lombards. Elle rencontre alors Blondine. Nait une amitié
qui va durer jusqu’à la mort de Blondine, le 23 février 2013.

1978-1979
Reportage  sur  les  gens  de Pigalle.

1980
Publication  du  premier  livre  de Jane Evelyn Atwood, sur les prostituées de  la  rue  des  Lombards,
Nächtlicher Alltag chez   Mahnert-Lueg   Verlag, Munich.

1980
Jane  Evelyn  Atwood  reçoit  une boursede la fondation W. Eugene Smith qui lui permet de produire un document
de fond sur les enfants aveugles.
Le  livre Extérieur  nuit paraît  dans  la collection Photo Poche Société en 1998.
Elle réalise à la même époque un sujet sur  la  légion  étrangère.  Elle  publie Légionnaires
aux éditions Hologramme en 1986.

1987
Elle  signe  une  chronique  de  4 mois sur Jean-Louis, le premier malade du  sida  en  Europe  à  accepter  d’être
photographié pour une publication. Elle l’accompagne jusqu’à son décès.

1989
Elle débute une recherche sur les femmes  incarcérées.  Il  lui  faudra  10 années  pour  achever  ce  document
monumental qui reste le travail définitif sur  l'incarcération  féminine  et  qui rassemble des images prises aux USA et
en Europe de l’Ouest ou de l’Est.
Trop de peines, Femmes en prison paraît en 2000  aux  éditions  Albin  Michel  ainsi que Too Much Time, women in prison,
aux editions Phaidon Press, Ltd

2001
Elle  parcourt  le  Cambodge, l’Angola, le Kosovo, le Mozambique et  l’Afghanistan  pour  un  reportage
sur   les   victimes   de   mines antipersonnel. Elle publie Sentinelles de l’ombre, au Seuil, en 2004.

2005-2006
Avec  Annette  Lucas, Jane Evelyn Atwood suit 15 femmes françaises  “confrontées  dans  leur intimité à la violence”. Les éditions
Xavier  Barral  publient À  contre-coups en 2006.

2005-2008
Elle part en Haïti et fait de la photographie de rue en couleur. Elle publie
le  livre Haïti en  2008  aux éditions Actes Sud

2010
Actes Sud publie Jane Evelyn Atwood dans la collection Photopoche Monographie.

2011
Rue  des  Lombards,toute nouvelle  maquette  de  son  premier travail sur les prostituées est publié aux éditions Xavier Barral.

2015
Publication des conversations Jane Evelyn Atwood (par) Christine Delory  Momberger  aux  Editions AndréFrère.

2018
Publication de Pigalle People,1978-1979 par les éditions le Bec en l’air.
Fatima Soualhia-Manet adapte Too Much  Time,  livre  de  Jane  Evelyn Atwood sur les prisons de femmes,
pour  le  théâtre.  Textes  et  photos Jane Evelyn Atwood.
Jane Evelyn Atwood a enseigné à l’école ETPA (Toulouse), à EFTI (Escuela de Fotografia) Madrid et à
l’ICP à NYC. Elle a reçu de nombreux prix et bourses et de commandes

Maison de la Photographie Robert Doisneau
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94250 Gentilly, France
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