Paul Gauguin Fondation Beyeler

MUSEES - FONDATIONS - INSTITUTIONS

Paul Gauguin
8 février – 28 juin 2015

FONDATION BEYELER
Baselstrasse 101
CH-4125 Riehen/Bâle
Tél. + 41 (0)61 645 97 00
Fax + 41 (0)61 645 97 19
http://www.fondationbeyeler.ch/fr/Home
E-Mail : info[at]fondationbeyeler.ch

Avec Paul Gauguin (1848-1903), la Fondation Beyeler présente l’un des artistes les plus importants etles plus fascinants de l’histoire de l’art. Offrant ainsi l’un des grands sommets culturels européens de l’année 2015, l’exposition de la Fondation Beyeler rassemble une cinquantaine de chefs d’oeuvre de Gauguin provenant de collections particulières et de musées de renommée internationale.
Il s’agit de l’exposition la plus remarquable consacrée aux chefs-d’oeuvre de cet artiste français exceptionnel et révolutionnaire à être montée en Suisse au cours des 60 dernières années. La dernière grande rétrospective organisée dans les pays voisins remonte à dix ans déjà.

 Paul Gauguin Fondation Beyeler

Ayant exigé plus de six ans de préparation, c’est le projet qui a exigé le plus  d’investissement de toute l’histoire de la Fondation Beyeler. Nous nous attendons donc à un chiffre de visiteurs record dans notre établissement.
Cette exposition montre aussi bien les autoportraits très divers de Gauguin que les tableaux visionnaires et d’empreinte spirituelle datant de son séjour en Bretagne. Mais surtout elle accorde une place prépondérante aux toiles connues dans le monde entier que Gauguin a réalisées à Tahiti. L’artiste y célèbre son idéal d’un monde exotique intact liant nature et culture, mysticisme et érotisme, rêve et réalité dans une parfaite harmonie. En complément à ces peintures, l’exposition présente également une sélection de mystérieuses sculptures de Gauguin, qui font revivre l’art largement disparu des mers du Sud.

Paul Gauguin
Aha oe feii?, 1892
Eh quoi! tu es jalouse?
Huile sur toile, 66 x 89 cm
Musée d’État des Beaux-Arts Pouchkine, Moscou
Photo : © Musée d’État des Beaux-Arts Pouchkine, Moscou - Courtesy Fondation Beyeler

Il n’existe de par le monde aucun musée d’art exclusivement consacré à l’oeuvre de Gauguin. Aussi les précieuses oeuvres qui nous ont été prêtées proviennent-elles de treize pays : de Suisse, d’Allemagne,de France, d’Espagne, de Belgique, de Grande-Bretagne, du Danemark, de Hongrie, de Norvège, de Tchéquie, de Russie, des États-Unis et du Canada.
Elles appartiennent aux plus grandes collections mondiales d’oeuvres de Gauguin, parmi lesquelles des institutions aussi prestigieuses que Musée d’Orsay de Paris, l’Art Institute de Chicago, les Musées Royaux des Beaux Arts de Belgique, à Bruxelles, la National Gallery of Scotland, à Edimbourg, le Museum Folkwang d’Essen, la Gemäldegalerie Neuer Meister der Staatlichen Kunstsammlungen de Dresde, le Wallraf-Richartz-Museum de Cologne ; la Tate de Londres, le Museo Thyssen-Bornemisza de Madrid, le Museum of Modern Art de New York, la Galerie nationale de Prague et bien d’autres encore.
La Fondation Beyeler a notamment réussi à obtenir pour cette exposition un groupe d’oeuvres de Gauguin  conservées dans les légendaires collections russes du musée de l’Ermitage de Saint- Pétersbourg et du musée Pouchkine de Moscou.
« Paul Gauguin est un personnage absolument fascinant, sur le plan artistique aussi bien qu'humain.
Nous sommes heureux d'avoir réussi à rassembler à Bâle des chefs-d'oeuvre du monde entier. C'est un événement sensationnel, même pour la Fondation Beyeler, connue dans le monde entier pour la remarquable qualité de ses expositions » explique Sam Keller, le Directeur de la Fondation Beyeler.
Les créations uniques de Gauguin parlent de la quête d’un paradis terrestre perdu, elles évoquent la vie mouvementée d’un artiste à cheval entre plusieurs cultures, définie par la passion et la soif d’aventure.
Aucun artiste à la recherche de soi et d’un art inédit ne s’est engagé sur des voies aussi aventureuses, aucun ne s’est rendu dans des contrées aussi lointaines que Paul Gauguin. Après son enfance au Pérou, une carrière dans la marine marchande qui l’a conduit à sillonner les mers, des expériences de courtier en bourse puis une vie de bohème dans le Paris fin de siècle qui lui a permis d’être l’ami et le mécène des impressionnistes, il a été membre de la communauté d’artistes de Pont-Aven et compagnon de Van Gogh à Arles. Sa quête insatiable d’une île des Bienheureux, qu’il espérait trouver à Tahiti puis en ermite sur les îles Marquises, a fait de lui le premier nomade moderne, le premier marginal critique à l’égard de la civilisation occidentale. Gauguin a découvert une nouvelle forme de sensualité, d’exotisme, d’authenticité et de liberté pour l’art moderne. Un grand nombre de ses plus beaux chefs-d’oeuvre en provenance du monde entier peuvent être admirés à Bâle.
Ainsi s’est exprimé Guy Morin, le président du gouvernement du canton de Bâle-Ville : « Paul Gauguin est un des très très grands artistes ! La prochaine présentation de ses chefs-d'oeuvre légendaires à la Fondation Beyeler constitue un événement marquant pour la population de Bâle et de toute la région.
Une exposition de cette importance et de cette qualité exceptionnelles témoigne également de l'excellente réputation de Bâle, ville artistique. Sa renommée de pôle magnétique de l'art est soutenue depuis longtemps par la passion et l'enthousiasme de ses citoyens et citoyennes. Le remarquable programme d'expositions de la Fondation Beyeler contribue depuis de longues années à maintenir cette tradition à un niveau international. Je me réjouis tout particulièrement de pouvoir admirer de près les merveilleuses toiles que Paul Gauguin a réalisées en Bretagne et à Tahiti et je suis convaincu que cette expérience artistique restera pour beaucoup un événement inoubliable. »
Aussi Daniel Egloff, directeur de Basel Tourismus déclare : « Nous sommes très heureux du grand moment artistique qu'offre la Fondation Beyeler à travers cette exposition ; en effet, ce genre de manifestations, très attractives pour le public, soutient la réputation de Bâle comme capitale culturelle de la Suisse. Et nous sommes convaincus que cette exposition attirera de nombreux touristes. »
Un élargissement des services de médiation couronnera le caractère exceptionnel de cet événement : pour la première fois, une salle multimédia de médiation sera ouverte dans le cadre de cette exposition autour des thèmes de la biographie de l’artiste et de son oeuvre. La salle multimédia a été réalisée par compte de et en coopération avec la Fondation Beyeler par iart. En plus du catalogue scientifique, une deuxième publication d’accompagnement sera proposée à un vaste public.
Pour pouvoir accueillir le grand nombre de visiteurs attendu, la Fondation Beyeler optimisera ses services. Une Boutique Gauguin aménagée pour l’occasion offrira de nombreux articles nouveaux et intéressants rattachés à la vie et à l’oeuvre de l’artiste.
Cette exposition a pu être réalisée grâce à l’exceptionnel soutien de :
Hansjörg Wyss, Wyss Foundation
Beyeler-Stiftung
Walter Haefner Stiftung
L. + Th. La Roche Stiftung, Novartis, Stavros Niarchos Foundation, Dr. Christoph M. und Sibylla M.Müller

 
 Paul Gauguin
D’où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous?, 1897/98
Huile sur toile, 139,1 x 374,6 cm
Museum of Fine Arts, Boston, Tompkins Collection, Arthur Gordon Tompkins Fund
Photo : © 2015 Museum of Fine Arts, Boston Courtesy Fondation Beyeler
 « Je pars pour être tranquille, pour être débarrassé de l’influence de la civilisation. Je ne veux faire que de l’art simple ; pour cela j’ai besoin de me retremper dans la nature vierge, de ne voir que des sauvages, de vivre leur vie, sans autre préoccupation que de rendre, comme le ferait un enfant, les conceptions de mon cerveau avec l’aide seulement des moyens d’art primitifs, les seuls bons, les seuls vrais. »
Paul Gauguin en conversation avec Jules Huret, 1891
Paul Gauguin (né en 1848 à Paris ; mort en 1903 à Atuona sur l’île d’Hiva Oa, Polynésie française), le peintre d’un monde exotique et radieux, doit sa place dans l’histoire de l’art à ses représentations somptueusement colorées des îles des mers du Sud. Ses oeuvres novatrices comptent parmi les icônes de l’art moderne. Par leurs couleurs « pures » et éclatantes et par leurs formes planes, elles ont révolutionné l’art et joué un rôle déterminant pour les artistes modernes de la génération suivante.
Avant Gauguin, aucun artiste ne s’était consacré à une quête aussi acharnée du bonheur et de la liberté, tant dans sa vie que dans son art. C’est également une des raisons de son immense popularité, demeurée intacte jusqu’à ce jour.
Gauguin a déjà 35 ans quand il décide de renoncer à son existence de courtier en bourse et en assurances pour se consacrer entièrement à la peinture. Le bourgeois se transforme alors en bohème.
Au cours de la petite vingtaine d’années qui suit, il produit une oeuvre d’une richesse et d’une diversité extrêmes, où peintures et sculptures côtoient dessins, gravures et écrits.
À travers des chefs-d’oeuvre uniques provenant des plus grands musées et des plus remarquables collections particulières du monde, l’exposition de la Fondation Beyeler se concentre sur la période de maturité de Gauguin, celle où l’artiste a trouvé son style personnel. Après les oeuvres novatrices réalisées en Bretagne, le parcours se poursuit par les célèbres tableaux qu’il peint en Polynésie –d’abord à Tahiti, puis dans l’archipel des Marquises. Ce sont ces oeuvres qui font découvrir, mieux que toutes autres, les innovations formelles et la diversité de contenu du langage pictural expressif de Gauguin. Si la peinture unique de Gauguin occupe le centre de cette exposition, sa sculpture inspirée de la culture maohie se voit également accorder une place importante, un certain nombre d’oeuvres clés engageant ainsi un dialogue avec ses célèbres toiles. Sur le plan du contenu, l’accent est porté sur le traitement novateur de la figure et du paysage, lesquels entretiennent une interaction harmonieuse dans l’univers pictural de Gauguin.
Dégoûté par les milieux artistiques parisiens, Gauguin décide d’explorer la Bretagne, plus proche de la nature, espérant y trouvant de nouvelles impulsions artistiques. Lors de son deuxième séjour dans le village breton de Pont-Aven, au début de 1888, il met au point son style personnel, dénommé « synthétisme ». Il y utilise des couleurs pures et lumineuses qui entretiennent de puissants contrastes,
et juxtapose des formes clairement délimitées, accentuant la planéité du tableau. À la différence des impressionnistes, Gauguin ne cherche plus à reproduire la surface perceptible de la réalité : il se met en quête d’une vérité plus profonde, au-delà du visible. Un groupe d’artistes, connu sous le nom d’« École de Pont-Aven », se rassemble alors autour de lui. En Bretagne, Gauguin peint des paysages idylliques et des scènes de la vie rurale, des représentations sacrées véritablement novatrices et des autoportraits complexes, qui révèlent l’artiste sous diverses facettes.
 
 Paul Gauguin
Parau api, 1892 Quelles nouvelles? Huile sur toile, 67 x 91 cm
Staatliche Kunstsammlungen Dresden, Galerie Neue Meister, Dresde
Photo : Jürgen Karpinski - Courtesy Fondation Beyeler
Toujours en quête d’authenticité et bien décidé à poursuivre sa démarche artistique, Gauguin décide d’émigrer à Tahiti en 1891. Il croit trouver sur cette île du Pacifique un paradis tropical intact, où il pourra se développer librement en tant qu’artiste. Mais il constate rapidement que la réalité tahitienne est loin de correspondre à ses images idéalisées ; en effet, la colonisation et la christianisation ont déjà largement détruit le « paradis » qu’il espérait trouver. Gauguin cherche à compenser cette déception à travers son art, dans lequel il célèbre la beauté exotique rêvée des paysages polynésiens et de leur population indigène dans des toiles aux couleurs somptueuses et dans des sculptures remarquablement expressives, s’inspirant également des mythes et du langage iconographique des peuples océaniens.
Des raisons financières et des problèmes de santé obligent Gauguin à quitter Tahiti en 1893 pour regagner la France. Cependant, le public parisien ne lui accordant pas le succès espéré, il décide de regagner Tahiti dans le courant de l’été 1895. Il y réalise de nouvelles oeuvres marquantes dans lesquelles il célèbre son image idéale d’un monde intact et en même temps mystérieux, accédant ainsi à une perfection suprême. Accablé par les difficultés de l’existence et par son état de santé délabré, et désespéré par la mort prématurée de sa fille Aline, Gauguin fait une tentative de suicide dont les conséquences le feront longtemps souffrir. Pendant ce temps, le monde artistique commence enfin à prêter attention à son oeuvre, ce qui lui permet de conclure en 1900 avec le galeriste parisien Ambroise Vollard un contrat lui assurant un certain revenu.
Gauguin se sent de moins en moins à l’aise à Tahiti : il trouve l’île trop européenne et la vie y est devenue trop chère. Il recherche également de nouvelles impressions artistiques. Il se rend alors en 1901 sur l’île d’Hiva Oa dans l’archipel des Marquises, à 1500 kilomètres de Tahiti, et qui passe pour plus sauvage encore. Malgré sa santé délabrée, sa profonde désillusion et des déconvenues de toutes sortes, il réalise encore au cours de ce deuxième séjour dans le Pacifique des oeuvres qui célèbrent la richesse culturelle et la beauté naturelle de la Polynésie dans une perfection suprême allant jusqu’à la transfiguration. Aux Marquises, comme il l’avait déjà fait à Tahiti, Gauguin prend également fait et cause pour la population indigène, ce qui lui vaut des démêlés avec l’administration coloniale, qui aboutissent à sa condamnation à une amende et à une peine de prison. Avant que ce jugement ait pu être appliqué, Paul Gauguin meurt, le 8 mai 1903, à 54 ans, malade, solitaire et démuni sur l’île d’Hiva Oa, où sa tombe se trouve encore aujourd’hui.
Associant sérénité rayonnante et sombre mélancolie, les tableaux de Paul Gauguin sont tout à la fois séduisants et énigmatiques. Ils nous livrent un récit fascinant de l’aspiration à un paradis terrestre perdu, d’une vie d’artiste tragique, mouvementée, toujours en voyage entre les cultures, déterminée par la joie et le désespoir, la passion et l’esprit d’aventure. Tiraillé entre une utopie rêvée et la dure réalité,
Gauguin était sans doute condamné à l’échec, mais son refus de tout compromis et la singularité absolue de son oeuvre ont fait de lui un mythe intemporel.
 
 Paul Gauguin
Contes Barbares, 1902
Huile sur toile, 131,5 x 90,5 cm
Museum Folkwang, Essen
Photo : © Museum Folkwang, Essen - Courtesy Fondation Beyeler
 
 Paul Gauguin : le déplacement de la peinture
 

Gauguin apporte un regard renouvelé sur le monde soumis soudain dans une autre clarté. Elle frappe à la vitre de la chimère avant de nous rendre au monde à travers l'intensité des couleurs, la puissance d'un monde visionnaire ou idyllique. Gauguin ose donner forme pour devenir qui on est. Il s'est dirigé pour cela  vers d'autres lieux pour échapper au sens du réel en passant par diverses phases. Surgit peu à peu une alchimie propre à suggérer le cristal du monde en sa simplicité. Contre le referment sur soi et l'angoisse demeure ainsi ce qui suinte par le langage pictural. Il oscille entre l'optimisme béat et les paliers du gouffre. Demeure une vision symbolique et sauvage  qui resserre l'essentiel de la vie, du besoin d'absolu. Gauguin a donc toujours voulu réinventer l'espoir derrière les épreuves de sa vie  dont même les dernières souffrances furent génératrices et bienfaisantes, ultime refuge de l'être qui n'a pu éviter ou vaincre les périls du rêve chimérique. L'exposition comme le catalogue permettent de se promener au milieu d'une œuvre qui fascine pour atteindre ce qui est doux et simple , épargné des plaies morales qui s'infiltrent en tout.

 

Refusant de renoncer Gauguin fait respirer ses figures lointaines. La femme tahitionne reste la nue et la nuée. Demeure son regard vers le néant qui gronde, plus loin, plus loin et si proche pourtant. Demeure la clarté profonde comme à venir, comme restée en suspens. Reste sa voix qui chante le temps, l'heure après minuit, l'heure en instance. Murmure, que murmure. La terre ne porte plus que sa lascivité puis s'ouvre comme un sexe. Afin d'y pervenir l'artiste n'a jamais suivi la logique de l'esprit ou du jugement de son époque. A travers ses allégories il a découvert le moyen de fondre périodes et civilisations  afin de donner une vie par delà la souci du vrai, du logique admissible et ce par une série  d'entrainements féconds qui l'ont poussé  vers la vérité du sentiment, la logique sublime de l'imagination pure si distante de la logique du bon sens et de la raison.

 

C'est pourquoi chez lui le mythe n'a rien d'  « historique ». Gauguin préféra inventer les siens sans les resserrer dans les moules de styles et d'époque. Existe dans son oeuvre - et encore aujourd'hui -  une étrange modernité qui relèvent de l'intimité, de la profondeur de l'être.  Gauguin n'aura donc  eu cesse d'outrepasser  le bien pensé, le « bien » peint des imbéciles dont l'intelligence en Art ne dépasse pas celle de faiseur.  L'intelligence (et la poésie) de l'artiste a permit à la peinture de devenir une prière supérieure profane qui l'emporte sur tout et qui l'emporte sur la simple dévotion religieuse ou académique afin d'emmener le regardeur  vers l'éther sensuel d'un art où l'être demeure saisi dans ses tensions existentielles et abyssales mais aussi ses aspirations d'absolu.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 Paul Gauguin – Biographie

1848
Naissance d’Eugène Henri Paul Gauguin le 7 juin à Paris. Son père, Clovis, est un journaliste républicain, sa mère, Aline Marie, est la fille du peintre André François Chazal et de Flora Tristan, femme de lettres socialiste aux racines péruviennes. Paul a une soeur, Marie.

1849
L’arrivée au pouvoir de Louis Napoléon incite la famille Gauguin à quitter la France et à émigrer au Pérou. Clovis Gauguin, cardiaque, meurt pendant la traversée.

1849–1854
Aline et ses deux enfants sont recueillis par un grand-oncle fortuné à Lima. Suite à l’éclat de la guerre civile au Pérou, la famille regagne la France où elle est hébergée par un oncle à Orléans.

1856–1864
Sa mère devant gagner sa vie, Paul fréquente un internat. En 1861, Aline déménage à Paris où elle travaille comme couturière. Gauguin la suit en 1862, mais retourne au lycée d’Orléans pour sa dernière année de scolarité, en 1864.

1865–1867
Gauguin s’engage comme novice dans la marine marchande et entreprend en 1866 un voyage d’un an autour du monde comme lieutenant en second. C’est pendant ce voyage qu’il apprend la mort de sa mère.

1868–1870
Entre comme matelot dans la marine de guerre où il fait son service militaire et voyage jusqu’au cercle polaire.

1871–1872
Déçu, Gauguin met fin à sa carrière de marin et trouve un poste à la banque Bertin de Paris, où il fait carrière comme conseiller financier tout en spéculant en Bourse avec succès. Il commence à peindre et à dessiner pendant son temps libre.
Gauguin découvre la peinture impressionniste et fréquente l’Académie Colarossi, un atelier libre.

1873
Il épouse la Danoise Mette-Sophie Gad, qui travaillait jusqu’alors comme gouvernante à Paris.

1874
Naissance d’Émile, l’aîné de leurs cinq enfants. Il sera suivi d’Aline (*1877), Clovis (*1879), Jean-René (*1881) et Pola (*1883). Gauguin fait la connaissance de Camille Pissarro.

1876–1879
Gauguin est admis au Salon d’Automne où il expose une toile. Il loue un atelier à Montparnasse.
Création de ses premières sculptures.

1879
Gauguin est invité par Degas et Pissaro à participer à la quatrième exposition des Impressionnistes. Il continue à spéculer en Bourse avec succès et investit ses gains dans des oeuvres de Pissarro, Manet, Cézanne, Renoir et Monet, entre autres.

1880–1882
Gauguin, qui travaille désormais dans un cabinet d’assurances, participe à d’autres expositions impressionnistes. Il passe ses vacances d’été à peindre avec Pissarro à Pontoise, où il fait également la connaissance de Cézanne. Premiers achats de la Galerie Durand-Ruel.

1883
Gauguin renonce à son activité de courtier en assurances pour se consacrer intégralement à la peinture.
La situation financière de sa famille se dégrade. C’est le début de la déchéance sociale.

1884
Gauguin s’installe avec sa famille à Rouen, où la vie est moins chère. Il espère pouvoir mieux vendre ses tableaux, mais c’est un échec. Mette insiste alors pour que toute la famille rejoigne ses parents à Copenhague. Gauguin y travaille sans succès comme représentant de commerce d’une entreprise de toile.

1885
Première exposition à Copenhague, fermée au bout de quelques jours. Gauguin se brouille avec ses beaux-parents et regagne Paris avec le petit Clovis. Il vivent dans des conditions misérables.

1886
Aspirant à un retour aux sources, Gauguin part en Bretagne, où il vit et travaille dans la colonie d’artistes de Pont-Aven. Ses premières céramiques voient le jour. À la mi-octobre, il rentre à Paris où il fait la connaissance de Vincent Van Gogh. Il commence à envisager un voyage sous les Tropiques.

1887
Mette ramène son fils Clovis à Copenhague. En avril, Gauguin embarque avec son ami le peintre Charles Laval pour Panama et la Martinique, où il réalise un certain nombre de toiles et de dessins. Il regagne Paris en novembre.

1888
Gauguin réside essentiellement à Pont-Aven et travaille avec d’autres peintres qui l’admirent et reconnaissent en lui un maître. Il se détache de l’impressionnisme et élabore un nouveau style pictural qualifié de « synthétisme », qui lui inspire ses premiers chefs-d’oeuvre caractéristiques. À l’automne, il rejoint Van Gogh à Arles, pour travailler avec lui. À la suite d’une querelle tragique, Gauguin regagne Paris dès le mois de décembre.

1889
En février, Gauguin repart pour la Bretagne, séjournant à Pont Aven et au Pouldu. Il réalise ses premières gravures. En mai, il expose au Café des Arts de Paris pendant l’Exposition universelle.

1890
Gauguin prépare la vente aux enchères de ses tableaux pour financer son émigration.

1891
Le produit de la vente de ses tableaux à l’Hôtel Drouot lui permet de partir pour le Pacifique. En mars, il se rend à Copenhague pour dire au revoir à sa famille. Après une fête d’adieux dans le cercle de ses amis peintres, Gauguin quitte Paris à la fin mars. En avril, il embarque à Marseille pour Tahiti où il arrive en juin. Il y vit modestement dans le village de Mataiea avec la jeune Polynésienne Teha’amana.
Si Gauguin ne trouve pas à Tahiti le « paradis » dont il rêvait, il y réalise un grand nombre de ses peintures et de ses sculptures majeures.

1892
Au printemps, victime d’une crise cardiaque, Gauguin est hospitalisé. Il envoie plusieurs tableaux à des expositions en Europe, mais sa situation financière s’aggrave.

1893
Entièrement démuni, Gauguin obtient du gouvernement un rapatriement sans frais. Il arrive à Marseille en août. Un petit héritage lui permet de louer un appartement à Paris. D’autres grandes oeuvres voient le jour pendant cette escale en France, des gravures sur bois venant alors s’ajouter à ses peintures et à ses sculptures. Son  exposition à la Galerie d’Henri Durand-Ruel est un échec. Gauguin commence à travailler avec Charles Morice à la préparation de l’impression de son récit autobiographique Noa Noa, publié en 1897 dans La Revue blanche.

1894
Gauguin séjourne essentiellement en Bretagne. Au cours d’une bagarre, il se fracture la cheville et doit passer deux mois à l’hôpital. De retour à Paris, il constate que sa maîtresse Annah, une danseuse javanaise, a disparu après avoir pillé son appartement, à l’exception de ses tableaux.

1895
La deuxième vente aux enchères de ses oeuvres a lieu à l’Hôtel Drouot. C’est un fiasco. Déçu, Gauguinembarque en juillet à Marseille pour son second voyage en Polynésie. Il arrive à Tahiti en septembre et s’installe sur la côte ouest. Gauguin y réalise une nouvelle série de chefs-d’oeuvre.

1896
Gauguin vit avec la jeune Pauʼura. Il doit retourner à l’hôpital en été, atteint sans doute de syphilis.

1897
Mort de la fille de Gauguin, Aline, ce qui entraîne sa rupture définitive avec sa femme Mette. Après de nouvelles alertes cardiaques, l’état de santé de Gauguin s’aggrave. Il tente de se suicider à l’arsenic et est hospitalisé. Il ne se remet que lentement des conséquences de cet empoisonnement.

1898
Pour gagner de l’argent, il prend un poste de dessinateur au service du cadastre de Papeete.

1899
Pau’ura met au monde leur fils commun, Émile. Gauguin fonde un mensuel satirique, Le Sourire, et écrit pour un journal, défendant les intérêts des Maoris, ce qui lui vaut d’être rejeté par l’administration coloniale et par l’Église.

1900
Un contrat avec le marchand d’art parisien Ambroise Vollard permet à Gauguin de vivre de son art pour la première fois.

1901
En quête d’une nouvelle source d’inspiration et d’une vie meilleure, Gauguin s’installe en septembre sur l’île d’Hiva Oa, dans les Marquises, à 1500 km à l’est de Tahiti où il réalisera ses dernières oeuvres majeures. Il s’y construit une cabane, la « Maison du jouir », et s’établit avec une autre jeune femme.
Suivent de nouveaux conflits avec l’administration coloniale. Il peint rarement et s’enfonce de plus en plus dans l’alcool.

1902
En raison de sa mauvaise santé, Gauguin envisage de déménager en Espagne.

1903
En mars, Gauguin est condamné à une amende et à une peine de prison pour injures au gouvernement.
Le 8 mai, avant même le début de sa peine, il meurt, seul, dans sa cabane d’Atuona. Il est enterré le lendemain au cimetière catholique d’Hiva Oa.

 Citations de Paul Gauguin

« […] du reste l’artiste doit être libre ou il n’est pas artiste. »
« La nature a des infinis mystérieux, une puissance d’imagination. »
« La peinture est le plus beau de tous les arts; en lui se résument toutes les sensations. »
« J’aime la Bretagne, j’y trouve le sauvage, le primitif. »
« J'irai m'enfuir dans les bois sur une île de l'Océanie, vivre là d'extase, de calme et d'art. »
« Je pars pour être tranquille, pour être débarrassé de l'influence de la civilisation. »
« Au silence des belles nuits tropicales, écouter la douce musique murmurante des mouvements de
mon coeur. »
« Adieu, terre hospitalière, terre délicieuse, patrie de liberté et de beauté ! »
« Du reste, dans mon isolement ici on a de quoi se retremper. Ici la poésie se dégage toute seule. »
« La peinture est comme l’homme, mortel mais vivant toujours en lutte avec la matière. »
 

LE MUSEE PRIVE

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