Gilda Richet : la lutte contre la surface par Jean-Paul Gavard-Perret Gilda Richet décompose le géométrisme fixe pour donner à son univers – comme au notre – plus de légèreté. Si bien que la surface plate est dépassée : elle devient épaisseur diaphane et temps soulevé. Chaque toile ressemble à un aquarium d’air. L’acte de peindre représente un étirement dans l’espace là où se crée la débandade des horizons afin de montrer les confins où s’amorcent la fragilité d’une danse. Tout bascule, s’échappe, s’envole. Néanmoins chaque œuvre tient parfaitement en équilibre dans les suspens et les glissements de "niveaux".
L’artiste saisit par le revers ce qu’on oublie de contempler. Il y a une moisson de courbes et de couleurs tendres. Le ciel n’est plus au-dessus des scènes mais ici-même, ici-bas. Cela s’appelle Eden et enclos. L’artiste y noue des entrelacs, crée des enchâssements qui font capoter l’ombre. Chaque toile est une attente, une lente ascension. L’audace ailée des migrateurs n’est plus utile. La sérénité possède la voix claire de la fraîcheur des couleurs. |
Chaque toile reste un tissu si fin qu’on voit au travers. Mais il est loin de tomber en pièce. La peinture ne cesse de relever le monde par progression de la lumière si bien que celui là semble à le fois proche et loin. Il convient de s’abandonner à sa transparence comme si tout ce qui est mis soudain en équilibre précaire ne devait plus changer. Bref Gilda Richet nous exile en ses traversées, ses lisières. Il faut suivre ses sillages porteurs d’alliance et de grâce. Ils témoignent toujours de l’ascension et de la lumière. Il y à une valse lente. En ce bord des choses et du monde tout paraît sans limite. C’est un murmure de l’été.
Jean-Paul Gavard-Perret |