Bernard Dufour Martine editions chez Higgins

ecrits sur l'art

 

MYSTICA PERDITA : BERNARD DUFOUR par Jean-Paul Gavard-Perret

Bernard Dufour, Martine,  Editions Chez Higgins, coll. Erotica, Paris.


Noir. Noir de l’absence originelle ou de l’abîme universel. Blanc. Blanc de la nuit sexuelle qui n’a su renoncer à son empire d’assourdissement, à son désir d’engloutissement. Pour le dire - ou plutôt pour le montrer Bernard Dufour ne cherche jamais l'émotion  pseudo évocatrice du souvenir mais la force de l'instant, de l'instantané. C'est lui dans ses mises en scène à qui il est demandé de recomposer l'histoire. Ou des histoires.

Noir de l’illusion comique, blanc de la vérité tragique, blanc d'un paradoxal retrait scénique, noir de l’isolement du "narrateur". Il semble s'exclure, feint de refuser toute autofiction. Mais ses contes sont plus vrais que nature, excluant tout superflu de récit. Rien à plâtrer, pas de stuc, juste la "menace" féminine" qui - étrangement - au milieu de ses cuisses tient l'esprit "entre ses mains".

Bernard Dufour capte les flux de lumière au cœur de l’obscur, puise nocturne aux clairs de lune les rayons de la vie sexuelle. Les flux de la création se livre à celui de l'érotisme dans des instants revécus sur le plan de la remise en scène. Les décors, les habits sont de l'artiste lui-même. Jamais de Roger Ardt. Et même plus de Journiac.

Surgit dans ces messes froides l'absolue concordance dans une profonde unité de temps. L’éclosion  dans la seconde même d'un clic laisse apparaître les gerbes lumineuses de cuisses et de seins qui semblent venus d'un "claque" mais qui ne perdent en rien leur valeur mystérieuse et mystique. Les femmes de Dufour font ainsi comme celle des livres de Bataille : surprenantes, inquiétantes à souhait car  toujours  capable d'excéder la frivolité de leur spectacle pour attenter au confort des sens.

Dufour met à mal de possibles "passes". Ses mises en scène  ouvrent à des  aspirations certes secrètes mais surtout contradictoires. En conséquence elles fragilisent le voyeur. Mais qu'importe toutefois : le risque encouru sera moins grand qu’en la maison déserte de son existence ! C'est pourquoi il se laisse aller, en condamné consentant, à l'errance. Vagabonder dans de telles photographies revient à meubler l’errance intérieure.

Au royaume intime des irréparables failles, la Martine de Dufour règne en reine thaumaturge et traumatique, avare forcément de ses talents puisqu'elle ne sera qu'image. Mais elle connaît nos espoirs de convalescence, nos obsessions d’éternels valétudinaires. Elle sait combien nous aimons ses transes froides et comme nous aimons croire son cœur vulnérant.

Avec elle nous avons le temps.. Chronos ne dévore plus ses enfants mais les abandonne solitaires, livrés en proie à leurs démons familiers, à leurs amours ratées. La présence de Martine à nos côtés souligne en une rétrospective non pas nos regrets mais nos remords. Et c'est là l'essentiel. Elle est  autant potion amère que nectar infernal. Ici et maintenant ne suffit pas. Jamais. Mais Dufour fait une fleur à nos plaisirs vicaires tout en poursuivant sa quête.

Lumière et ténèbres, pudeur et vanité, voici l’Icône, comme un désir forcené d’éternité à l’échelle humaine. Nous sommes moins le possible compagnon que  l’enfant naturel du symbole qu'est devenu Martine dans les mains de l'artiste. Il expose et transpose ce qui des histoires s’ensuit et s’enfuit.

Chaque cliché devient  fable qui résume la femme et la dépasse. Martine ne devient-elle pas  l' "en-blême" invariable d'un rêve qui s'efface ? En abîme chaque cliché nous tend la pierre de Rosette d’une vérité : de lointaine et privée elle devient proche et commune dans le contemplatif déchiffrement des signes même d'un érotisme avec lequel Dufour s'amuse. Ses portraits peuvent nous tendre infâme un tyrannique miroir. Et il n'en a pas fini : après sa Martine, sa Laure est annoncée…

Et pourtant Martine na pas fini de nous parler, de bous dire : "regardez-moi, je suis votre tourment, la part inavouée de votre humanité, je n’ai de sens que celui que vous me donnez".  Aux dupes (et même peut être aux maîtres)   Dufour  retire toute illusion naïve ou retorse. Il  resitue le jeu d’emblée dans un univers personnel tel qu’à rompre l’attraction infernale du sexe ils ne puissent trouver sue l'inépuisable richesse et suggestive opacité du vide.

Jean-Paul Gavard-Perret

 

LE MUSEE PRIVE

Tél: (33) 09 75 80 13 23
Port.: 06 08 06 46 45

 
Patrick Reynolds
 

 Patrick Reynolds
Directeur de publication

 

e mail musee prive

 

sur rendez-vous à la demande

Artwork for sale on Artprice

Découvrez notre espace sur artprice

Artwork for sale on Ebay

Découvrez notre espace sur ebay

Découvrez notre espace sur Artsper

我們向連接到我們站點的中國朋友致敬:中國有重要的文化傳統。

FACEBOOK LE MUSEE PRIVE

FACEBOOK PATRICK REYNOLDS

FACEBOOK PATRICK REYNOLDS FAN CLUB LE MUSEE PRIVE


CHERCHER SUR NOTRE SITE