Kandinsky Marc & Der Blaue Reiter Fondation Beyeler

Le Musée Privé Magazine d'Art Moderne et Contemporain

Kandinsky, Marc & Der Blaue Reiter
4 septembre 2016 – 22 janvier 2017

Fondation Beyeler,
Beyeler Museum AG,
Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen
www.fondationbeyeler.ch

Pour la première fois depuis 30 ans, la Suisse consacre une vaste exposition à l’un des chapitres les plus fascinants de l’art moderne, entré dans l’histoire sous l’appellation de Der Blaue Reiter, « Le Cavalier bleu ». L’exposition munichoise de 1911 et le mouvement d’artistes du même nom ont été à l’origine d’une expérience artistique d’une nouveauté révolutionnaire. À partir des oeuvres de Wassily Kandinsky appartenant à la Collection Beyeler, le public peut découvrir la création d’un groupe d’artistes d’avant-garde, marqué par des principes d’ouverture d’esprit et d’internationalité auxquels la Première Guerre mondiale est venue mettre un terme.


Der Blaue Reiter : tel est le titre du légendaire almanach édité par Wassily Kandinsky (1866–1944) et Franz Marc (1880–1916), qui fut publié à Munich en 1912. Kandinsky et Marc avaient rassemblé dans ce recueil des textes et des images issus de cultures diverses, réalisés par différents artistes. Cet almanach devait être l’expression de la nécessité d’une transformation radicale des arts en ce début du XXe siècle. Il témoigne d’une nouvelle appréhension de l’art et du monde, révolutionnaire pour l’époque, qui ne s’attachait plus à reproduire la réalité visible mais à illustrer des interrogations mentales. Ce souci s’exprime avant tout par une libération de la couleur inspirée par le paysage des Préalpes au sud de Munich.


Cette réflexion, qui a servi de toile de fond à l’évolution vers l’abstraction de Kandinsky et de Marc surtout, a conduit à un tournant de la conception artistique occidentale et a influencé plusieurs générations de peintres – jusqu’à nos jours.

Wassily Kandinsky und Franz Marc (Hrsg.) Almanach Der Blaue Reiter, Munich, 1914 29,5 x 23 x 2,5 cm ahlers collection © Thomas Ganzenmüller, Hannover

Wassily Kandinsky und Franz Marc (Hrsg.)
Almanach Der Blaue Reiter, Munich, 1914
29,5 x 23 x 2,5 cm
ahlers collection © Thomas Ganzenmüller, Hannover
 Franz Marc Les grands chevaux bleus, 1911 Huile sur toile, 105 x 181 cm Collection Walker Art Center, Minneapolis, don de la T.B. Walker Foundation, Gilbert M. Walker Fund, 1942
Franz Marc
Les grands chevaux bleus, 1911
Huile sur toile, 105 x 181 cm
Collection Walker Art Center, Minneapolis, don de la T.B.
Walker Foundation, Gilbert M. Walker Fund, 1942
Gabriele Münter Kandinsky bêche le jardin de la maison de Murnau, vers 1910/1911 Gabriele Münter- und Johannes Eichner-Stiftung, Munich © 2016, ProLitteris, Zurich
Gabriele Münter - Kandinsky bêche le jardin de la maison de Murnau, vers 1910/1911
Gabriele Münter- und Johannes Eichner-Stiftung, Munich
© 2016, ProLitteris, Zurich

Cette exposition où l’on pourra voir environ 70 oeuvres et un total de plus de 90 objets présente également l’almanach et illustre la révolution picturale qui s’est produite entre 1908 et 1914, en s’appuyant principalement sur des ensembles d’oeuvres marquantes de Kandinsky et Marc.
L’emblème du Cavalier Bleu qui aurait vu le jour par hasard, d’après Kandinsky, au cours d’une conversation avec Marc peut être considéré comme une forme de programme en abrégé : le bleu, couleur cosmique, associé à la sérénité naturelle de l’animal et à la dynamique du cavalier en saut, qui franchit toutes les barrières.


Une salle d’information multimédia spécialement conçue pour cette exposition s’attache à mettre en évidence, grâce à une « géographie du Blaue Reiter », le caractère international des artistes de ce groupe dans une Europe d’avant-garde sans frontières, à laquelle la Première Guerre mondiale a brutalement mis fin.


L’exposition prend pour point de départ chronologique l’année 1908. Cette année-là, Wassily Kandinsky et Gabriele Münter qui vivaient ensemble sans être mariés s’installèrent dans un logement commun à Munich et firent la connaissance à Murnau, en Haute-Bavière, d’un autre couple vivant en « union libre », Marianne von Werefkin et Alexej von Jawlensky. L’année suivante, Münter acheta dans la même localité une maison qui existe toujours et où Kandinsky et elle passèrent principalement leurs étés jusqu’en 1914.

Ce retour à la campagne marquait l’accomplissement du désir de mener une vie simple, anticonformiste, en harmonie avec la nature et le monde rural de Haute-Bavière. En ce sens, il faut également appréhender la démarche de Münter et Kandinsky sous l’angle d’une réforme fondamentale de l’existence, qui influença de larges fractions de la société juste avant la Première Guerre mondiale et produisit des résultats multiples : la critique de la civilisation était étroitement liée à la volonté de voir la société prendre un nouveau départ. L’intérêt de Kandinsky et de Münter pour l’art populaire, et plus particulièrement pour la peinture sur verre typique de la Haute-Bavière rejoint leur conviction de l’égale importance de tous les arts. Plus tard, cette idée sera mise en évidence dans l’Almanach, qui associe l’art occidental à des dessins d’enfants, des images votives et des oeuvres d’art d’Afrique et d’Asie.

Membres du « Blaue Reiter » sur le balcon du 36, Ainmillerstrasse, Munich (de gauche à droite: Maria et Franz Marc, Bernhard Koehler, Heinrich Campendonk, Thomas von Hartmann, assis devant Wassily Kandinsky), 1911/1912 Photo: Gabriele Münter Gabriele Münter- und Johannes Eichner-Stiftung, Munich © 2016, ProLitteris, Zurich
Membres du « Blaue Reiter » sur le balcon du 36, Ainmillerstrasse, Munich (de gauche à droite:
Maria et Franz Marc, Bernhard Koehler, Heinrich Campendonk, Thomas von Hartmann, assis devant Wassily Kandinsky), 1911/1912
Photo: Gabriele Münter
Gabriele Münter- und Johannes Eichner-Stiftung, Munich
© 2016, ProLitteris, Zurich

La collaboration de Münter, Werefkin, Jawlensky et Kandinsky et la représentation des paysages de lacs de Haute-Bavière baignés de lumière et dominés par la chaîne des Alpes inspirèrent à ces artistes un nouveau traitement chromatique, qui constitue un des temps forts de l’exposition : de couleurs pures et lumineuses étaient juxtaposées en vastes plans, la dynamique devant être communiquée par la structure visible de la touche. Ce processus a été décrit par Gabriele Münter comme le passage « … de la reproduction de la nature – plus ou moins impressionniste – à la sensation d’un contenu – à l’abstraction – à la restitution d’un extrait », un domaine dans lequel on n’a peut-être pas encore suffisamment reconnu le rôle d’Alexej von Jawlensky et de ses tableaux de paysages, aux formes chromatiques d’une « simplicité » marquée.
Le traitement des plans a conduit chez Kandinsky à un affranchissement de la ligne par rapport au contour et à la libération de la surface par rapport à la figuration, dont témoignent surtout ses toiles de l’année clé que fut 1910, dont cette exposition contient une superbe sélection.

Wassily Kandinsky Murnau – Kohlgruberstrasse, 1908 Huile sur carton, 71,5 x 97,5 cm Merzbacher Kunststiftung
Wassily Kandinsky
Murnau – Kohlgruberstrasse, 1908
Huile sur carton, 71,5 x 97,5 cm
Merzbacher Kunststiftung

Une des priorités des artistes rassemblés autour du Blaue Reiter , et surtout de Kandinsky, était de transmettre l’idée que l’art est synesthésique, qu’il franchit les frontières avec d’autres formes d’art.
Cette conception se reflète également dans le langage courant : quand on parle de « composition », on pense le plus souvent à une oeuvre musicale ; mais on peut également parler de composition picturale pour désigner la structure d’une oeuvre d’art. La couleur peut également être une couleur sonore, et un ton chromatique peut relever aussi bien de la peinture que de la musique. Il faut garder cette réalité à l’esprit quand on contemple les abstractions de grand format de Kandinsky, comme sa légendaire Composition VII de 1913, de la galerie Tretiakov. S’y ajoute un élément particulièrement important : le rythme, qui naît de l’activité du regard au contact du tableau. Les tableaux de Kandinsky ne sont pas l’expression de gestes picturaux. Mais dans l’idéal, l’interaction entre spectateur et oeuvre engendre un rythme optique, qui trouve une analogie en musique.


À partir de 1910, Franz Marc et Maria Franck vécurent ensemble à Sindelsdorf, à 15 kilomètres de Murnau. La rencontre entre Kandinsky et Marc au début de 1911 donna l’impulsion décisive à la publication de l’Almanach Der Blaue Reiter, que les deux hommes publièrent ensemble. Bien qu’unis par l’aspiration à un renouvellement culturel, ils se distinguaient nettement par leurs formes d’expression artistique. Cette différence apparaît clairement lorsqu’on observe les deux tableaux que Marc et Kandinsky échangèrent pour sceller leur amitié et qui, pour la toute première fois, seront
présentés ensemble dans notre exposition. Le tableau intitulé Traum [« Rêve »] que Marc offrit à Kandinsky et qui appartient aujourd’hui à la collection du musée Thyssen-Bornemisza révèle par son univers chromatique homogène, constitué d’une multiplicité de formes parmi lesquelles ses emblématiques chevaux bleus, l’intérêt de l’artiste pour la représentation d’une nature expressive. Le présent de Kandinsky à Marc, l’Improvisation 12 au sous-titre caractéristique Der Reiter [« Le Cavalier »] (Bayerische Staatsgemäldesammlung, Munich), témoigne de sa volonté de traduire en image la dynamique du geste par des couleurs éclatantes et par la dissolution de la figuration.

 Franz Marc Écuries, 1913 Huile sur toile, 73,6 x 157,5 cm Solomon R. Guggenheim Museum, New York, Solomon R. Guggenheim Founding Collection
Franz Marc
Écuries, 1913
Huile sur toile, 73,6 x 157,5 cm
Solomon R. Guggenheim Museum, New York, Solomon R. Guggenheim Founding Collection
Marc ne s’attachait pas à la reproduction d’un animal mais à la représentation de son essence, expression d’une nature archaïque et intacte. Il faut replacer la fête de l’âme animale que célèbrent ses toiles dans le contexte de la naissance, peu avant la Première Guerre mondiale, du mouvement pour la protection animale ; ce mouvement semble incarner un monde hostile au progrès technique et coïncider ainsi avec la tendance critique à l’égard du progrès, toujours présente notamment dans la société allemande. On pourra voir dans cette exposition une sélection des principaux tableaux d’animaux de Marc et surtout une toile très rarement montrée de nos jours, véritable sommet de son art, Die grossen blauen Pferde [« Les grands chevaux bleus »] (Walker Art Center, Minneapolis).
Franz Marc Renard bleu-noir, 1911 Huile sur toile, 50 x 63 cm Von der Heydt-Museum Wuppertal Photo: © Medienzentrum, Antje Zeis-Loi / Von der Heydt-Museum Wuppertal
Franz Marc
Renard bleu-noir, 1911
Huile sur toile, 50 x 63 cm
Von der Heydt-Museum Wuppertal
Photo: © Medienzentrum, Antje Zeis-Loi / Von der Heydt-Museum Wuppertal
 Plus encore que pour Marc, mort il y a un siècle, le 4 mars 1916, sur le champ de bataille de Verdun, on éprouve une impression d’inachevé en contemplant l’oeuvre d’August Macke, tombé dès le début de la Première Guerre mondiale. Ses tableaux cherchent à associer composition chromatique abstraite et figuration. À la différence des autres représentants du Blaue Reiter, il décrit des scènes de la vie moderne, présentées simultanément sous plusieurs angles de vue grâce à des structures chromatiques cubistes. Une salle de l’exposition est principalement consacrée à ses toiles, et notamment à des oeuvres qui n’ont pas été exposées depuis longtemps et montrent bien le potentiel de cet artiste. Celui-ci a également offert une des meilleures contributions à l’Almanach Der Blaue Reiter avec son texte intitulé « Masken » [« Masques »]. Des travaux de Robert Delaunay, Heinrich Campendonk, du compositeur et peintre Arnold Schönberg et de David Burljuk complètent le choix de peintres présentés.
August Macke Les jouets du petit Walter, 1912 Huile sur toile, 50 x 60 cm Städel Museum, Francfort/Main © Städel Museum - U. Edelmann - ARTOTHEK
August Macke
Les jouets du petit Walter, 1912
Huile sur toile, 50 x 60 cm
Städel Museum, Francfort/Main
© Städel Museum - U. Edelmann - ARTOTHEK
Une salle centrale sera consacrée à l’Almanach Der Blaue Reiter qui, soucieux de créer une nouvelle vision du monde, illustre à l’aide de nombreuses reproductions les synergies entre musique et arts visuels, constituant ainsi une forme d’oeuvre d’art totale. Une installation particulière présentera un choix de combinaisons d’images juxtaposant reproductions de l’Almanach et originaux. Le terme chronologique de cette exposition coïncide avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914, qui marqua la fin de la collaboration du groupe. La catastrophe à venir s’annonce particulièrement dans l’oeuvre de Franz Marc. Sa toile de relativement grand format Die Wölfe (Balkankrieg) [« Les loups (guerre des Balkans ») 1913, (Buffalo, Albright-Knox-Gallery), qui fait allusion à la situation politique des Balkans dont l’escalade a entraîné le déclenchement de la Première Guerre mondiale, montre des loups s’approchant, l’échine basse, d’animaux endormis tandis que les fleurs paraissent flétrir à leur passage : un paysage d’apocalypse.
Wassily Kandinsky Paysage sous la pluie, 1913 Huile sur toile, 70,2 x 78,1 cm Solomon R. Guggenheim Museum, New York, Solomon R. Guggenheim Founding Collection
Wassily Kandinsky
Paysage sous la pluie, 1913
Huile sur toile, 70,2 x 78,1 cm
Solomon R. Guggenheim Museum, New York, Solomon R. Guggenheim Founding Collection

Le visiteur a l’occasion de redécouvrir littéralement le Blaue Reiter, car de nombreuses oeuvres
exposées n’ont plus été présentées en public depuis longtemps :

• L’exposition présente ensemble pour la toute première fois les cadeaux échangés par les deux
artistes : Improvisation 12, 1910, de Kandinsky (que l’on n’a pas pu voir hors de Munich
depuis 1958), et Le Rêve, 1912, de Marc.
• L’oeuvre exceptionnelle de Marc, Les grands chevaux bleus, 1911, viennent en Europe pour la
première fois depuis 2000.
• Avec La Cascade, 1912 de Marc, on peut également voir une importante oeuvre
programmatique, exposée en public pour la dernière fois en 1949.
• L’oeuvre de Kandinsky Murnau – Place du marché avec montagnes, 1908, a été présentée pour
la dernière fois en 1972 dans une galerie commerciale de Paris ; Dünaberg, 1909, a été
montrée en public pour la dernière fois à Copenhague en 1957.
• Promenade en forêt 1913 de Marc peut être revue pour la première fois depuis 1973.
• Avec Composition VII, 1913 de la galerie Tretiakov, nous présentons ce qui est sans doute la
plus grande de toutes les compositions peintes par Kandinsky (200 x 300 cm).
• L’exposition présente par ailleurs dans une salle spécialement consacrée à l’almanach un choix
d’oeuvres associées dans l’almanach du Blaue Reiter.

Un catalogue publié à l’occasion de cette exposition aborde ce thème à travers plusieurs contributions
scientifiques. L’ensemble des oeuvres y est reproduit.

Gabriele Münter Paysage avec cabane au crépuscule, 1908 Huile sur papier sur carton, 33 x 40,8 cm Kunstsammlungen Chemnitz - Musée Gunzenhauser Propriété de la Fondation Gunzenhauser, Chemnitz Photo: PUNCTUM / Bertram Kober © 2016, ProLitteris, Zurich
Gabriele Münter
Paysage avec cabane au crépuscule, 1908
Huile sur papier sur carton, 33 x 40,8 cm
Kunstsammlungen Chemnitz - Musée Gunzenhauser
Propriété de la Fondation Gunzenhauser, Chemnitz
Photo: PUNCTUM / Bertram Kober
© 2016, ProLitteris, Zurich
 Der Blaue Reiter – Chronologie

1908

juin Après des années de voyage jalonnées de longs séjours à Rapallo, Paris et Berlin, Wassily
Kandinsky et Gabriele Münter regagnent Munich. En septembre, Kandinsky emménage dans un
appartement au 36, Ainmillerstrasse dans le quartier de Schwabing.

mi août – fin septembre Kandinsky et Münter, Alexej von Jawlensky et Marianne von Werefkin
travaillent pendant plusieurs semaines à Murnau am Staffelsee. La découverte du Piémont alpin et de
l’art populaire de Haute-Bavière conduit surtout Kandinsky, Jawlensky et Münter à s’orienter vers un
coloris plus puissant et vers une accentuation de la surface : « J’ai fait après une brève période de
tourment un grand bond en avant – de la reproduction – plus ou moins impressionniste – de la nature à
la sensation d’un contenu, à l’abstraction – au rendu d’un extrait. […] Nous avons fait de gros efforts
tous les quatre, et chacun de nous a évolué », écrivait Münter dans ses notes rétrospectives de journal
pour l’année 1908.

1909

22 janvier Fondation de la « Neue Künstlervereinigung München » (NKVM – Nouvelle association des
artistes munichois) par Kandinsky (président) et Jawlensky (vice-président), qui rassemble notamment
Münter, Werefkin, Alfred Kubin, Adolf Erbslöh, Alexander Kanoldt et le compositeur Thomas von
Hartmann.

juin Münter et Kandinsky prennent en location une petite villa Jugendstil sur une hauteur à l’ouest de
Murnau. Le 21 août, Münter achète la propriété que l’on appellera plus tard la « maison des Russes ».
Münter et Kandinsky y passent essentiellement leurs étés jusqu’en 1914. Le paysage de Murnau, la
maison elle-même, son jardin et les environs immédiats deviennent une importante source d’inspiration
pour Münter et Kandinsky. Ils peignent souvent la vue de leur fenêtre sur l’église, le château et la
chaîne montagneuse.

1er – 15 décembre Première exposition de la « NKVM » à la galerie Thannhauser de Munich. La visite
de cette exposition âprement contestée encourage Franz Marc à suivre ses propres idées créatrices et à
renoncer à son isolement artistique.

1910

6 janvier Après avoir vu la première exposition individuelle de Marc chez le marchand d’art Brakl,
August Macke, son cousin Helmuth Macke et Bernhard Koehler jun. rendent spontanément visite à
Marc dans son atelier. Le jour même, Marc décrit cette première rencontre à Maria, sa future épouse,
dans une lettre prophétisant : « Le lien avec le Monsieur berlinois [allusion à Koehler, fils du riche
entrepreneur et collectionneur Bernhard Koehler sen.] […] pourrait aussi être prometteur. »
Effectivement, au cours des années suivantes, Bernhard Koehler sen. ne soutiendra pas seulement la
publication de l’almanach mais encouragera principalement Macke, futur époux de sa nièce Elisabeth,
et Marc.

1er – 14 septembre Deuxième exposition de la « NKVM », toujours à la galerie Thannhauser. Cette
exposition essuie elle aussi des critiques impitoyables, polémiques pour certaines.


octobre Après la visite de l’exposition de la « NKVM », Marc rédige un des rares comptes rendus
positifs, qu’il envoie au galeriste. Cette critique est alors jointe au catalogue sous forme de tiré à part.
Par la suite, Marc fait la connaissance des membres de la « NKVM », à l’exception de Kandinsky, alors
en voyage.

novembre Macke est introduit par Marc dans le cercle des artistes de la « NKVM » chez Jawlensky et
Werefkin.

1911

1er janvier Kandinsky et Marc font connaissance lors de la fête de Nouvel An donnée chez Werefkin au
23 Giselastrasse. Gabriele Münter est elle aussi présente.

2 janvier En compagnie de Jawlensky et d’Helmuth Macke, Kandinsky et Marc assistent à un concert
d’Arnold Schönberg à Munich. Après ce concert, Kandinsky et Schönberg s’engagent dans une
correspondance animée.

10 janvier Après de longs conflits, Kandinsky démissionne de la présidence de la « NKVM ».

5 février Marc reçoit un télégramme de la « NKVM », qui l’élit « à l’unanimité comme membre et 2e
vice-président ». La joie que lui inspirent ces échanges artistiques stimulants apparaît bien dans une
lettre adressée le même jour à Maria : « Ça y est, c’est fait, et je m’en réjouis […] J’en ai assez de
l’individualisme à tout crin ; maintenant, nous marchons ensemble. »

19 juin Kandinsky expose à Marc son idée de publication d’un livre en forme d’almanach : « Voilà ! J’ai
un nouveau projet. Piper assurera l’édition, et nous serons tous les deux […] rédacteurs. Une sorte
d’almanach avec des reproductions, des articles et une chronique !! » Les deux artistes élaborent ce
projet pendant l’été.

septembre Kandinsky et Marc préparent l’almanach Der Blaue Reiter à Sindelsdorf et à Murnau.

24-25 octobre Le travail de rédaction s’intensifie, Macke lui-même est venu de Rhénanie. Elisabeth
Erdmann-Macke se souvient : « Ce furent des heures inoubliables, chacun des hommes travaillant,
peaufinant, modifiant son manuscrit […]. Tout était passé au crible, discuté, accepté ou refusé, non
sans différends ni frictions […] Malgré tout, ces journées furent incroyablement stimulantes […]. »

2 décembre À l’occasion de la troisième exposition de l’association, le jury de la « NKVM » refuse la
toile de Kandinsky Composition V pour des raisons formelles, en se retranchant derrière ses statuts.
Kandinsky et Marc démissionnent alors de l’association, suivis notamment par Münter, Kubin et von
Hartmann. Jawlensky et Werefkin se déclarent solidaires de Kandinsky, mais restent membres (pour le
moment).

3 décembre « La “rédaction du Blaue Reiter” devient désormais le point de départ de nouvelles
expositions. […] Nous allons chercher à devenir le centre du mouvement moderne », écrit Marc à son
frère Paul.

9 décembre Le traité de théorie artistique de Kandinsky Du spirituel dans l’art est publié par les
éditions Piper Verlag de Munich (il est daté de 1912).

18 décembre 1911 – 3 janvier 1912 En deux semaines seulement, Marc et Kandinsky organisent leur
propre exposition, présentée par la galerie Thannhauser parallèlement à celle de la « NKVM » :
Première exposition de la rédaction du Blaue Reiter. Le catalogue mentionne 43 peintures de 14
artistes, dont Henri Rousseau et Robert Delaunay (voir catalogue p. 160, ill. 4).

1912

janvier - octobre Après sa première présentation à Munich, la Première Exposition peut être vue à
Cologne, Berlin, Brême, Hagen, Francfort et Hambourg. Elle parcourt au total onze villes d’Europe
jusqu’en 1914.

12 février – 18 mars La Deuxième Exposition du Blaue Reiter. Noir et blanc, à la galerie Goltz de
Munich, fait la part belle aux dessins et aux gravures.

février La publication de l’almanach est annoncée par un prospectus de souscription de quatre pages
qui suscite un vif intérêt. Le tirage est augmenté et atteint 1200 exemplaires.

12 mars – 10 avril Herbert Walden reprend la Première Exposition comme exposition inaugurale de sa
galerie « Der Sturm » à Berlin : Der Blaue Reiter. Franz Flaum. Oskar Kokoschka. Expressionisten.

avril 2e édition de Du spirituel dans l’art de Kandinsky.

11 avril À l’instigation de Kandinsky, Klee rend visite à Robert Delaunay à Paris. Klee traduit le texte
programmatique de Delaunay La Lumière pour la revue de Walden, Der Sturm.

11 mai L’almanach Der Blaue Reiter est publié aux éditions Piper Verlag. Bernhard Koehler a soutenu
financièrement l’impression. Kandinsky avait réalisé 11 projets pour l’image de titre. À la demande de
l’éditeur Reinhard Piper, il a finalement retiré le mot « almanach » du cliché de la gravure sur bois
choisie, pour éviter toute obligation de publication annuelle (voir p. 159, ill. 2). La préparation d’un
second volume se poursuit en parallèle.

25 mai – 30 septembre Comme toutes les oeuvres des artistes gravitant autour du « Blaue Reiter » ne
sont pas présentées à l’exposition du Sonderbund à Cologne, Marc organise entre le 16 juin et la fin
juillet une contre-exposition à la Galerie Sturm de Berlin: Les refusés du Sonderbund.

automne Parution de la 3e édition de Du spirituel dans l’art de Kandinsky.

novembre Le livre Das neue Bild [Le nouveau tableau] d’Otto Fischer, historien de l’art et membre de la
« NKVM » suscite la controverse et entraîne finalement le départ de Werefkin et Jawlensky de cette
association.

1913

mai Cette année-là, la Première Exposition ne fait étape qu’à Budapest. De rares réactions de la presse
sont parvenues jusqu’à nous.

5 juin Kandinsky et Marc continuent à se concerter à propos d’un deuxième numéro de l’almanach.
Mais Kandinsky envisage une date de parution plus tardive : « Je crois que nous aurons du mal à
réussir à sortir le 2e volume dès la prochaine saison d’hiver. »

20 septembre – 1er décembre Walden expose à la galerie Sturm le Premier salon d’automne allemand,
où sont représentés tous les artistes du « Blaue Reiter ». Marc et Macke participent à l’accrochage.
Cette manifestation est considérée aujourd’hui comme la principale exposition montée par un galeriste
avant la Première Guerre mondiale.

1914

janvier - juillet La Première Exposition fait escale à Oslo, Helsinki, Trondheim et Göteborg.

mars Publication du 2e tirage de l’almanach Der Blaue Reiter.

avril Macke se rend à Tunis avec Klee et Louis Moilliet, un ami d’enfance de celui-ci. Ce voyage laisse
une impression artistique durable à tous les participants : « Nous nous dorons au soleil, nous mangeons
des asperges, etc. Il suffit de se retourner pour avoir des milliers de motifs. Aujourd’hui, j’ai déjà fait
sûrement 50 esquisses. Hier 25. Ça marche du tonnerre de Dieu et j’éprouve à travailler une joie que je
n’ai encore jamais connue », écrit Macke à sa femme Elisabeth le 10 avril.

1er août Déclenchement de la Première Guerre mondiale. Kandinsky, Jawlensky et Werefkin sont
obligés de quitter l’Allemagne en tant que ressortissants d’une puissance ennemie. Marc et Macke sont
appelés sous les drapeaux juste après la déclaration de guerre. Toutes les activités du « Blaue Reiter »
connaissent une fin abrupte.

3 août Kandinsky émigre d’abord en Suisse avec Münter.

26 septembre Macke tombe sur le front ouest à Perthes-lès-Hurlus, en France.

24 octobre Marc écrit à Kandinsky, « J’ai la triste impression que cette guerre se répand entre nous
comme un grand torrent qui nous sépare ; l’un ne voit presque plus l’autre sur la rive opposée. »

25 octobre Anéanti, Marc rédige une notice nécrologique pour Macke : « Tous ceux qui, au cours de
ces dernières années riches en événements se sont préoccupés du nouvel art allemand, tous ceux qui
ont eu la moindre idée de notre avenir artistique, connaissaient Macke. Et ceux qui [l’ont connu et] ont
travaillé avec lui, nous, ses amis, nous savions quel avenir secret cet homme génial portait en lui. Avec
sa mort, c’est l’un des plus beaux et des plus audacieux virages de notre évolution artistique allemande
qui prend fin; aucun de nous n’est en mesure de le poursuivre. Chacun suit sa propre voie ; et là où
nous nous nous rencontrerons, il manquera à jamais. »

25 novembre Kandinsky part pour la Russie, Il ne reviendra en Allemagne qu’en 1921.

1916

4 mars Marc est mortellement touché par un éclat de grenade au cours d’une sortie de reconnaissance
à cheval près de Verdun.

mars Après une dernière rencontre à Stockholm, les chemins de Kandinsky et Münter se séparent
définitivement.

Après la Première Guerre mondiale

Kandinsky ne retournera jamais à Munich ni à Murnau. Il devient l’une des personnalités majeures du
Bauhaus ; en 1933, il émigre en France où il meurt en 1944. Gabriele Münter regagne Murnau en
1931 et elle y passera l’essentiel de son temps jusqu’à sa mort en 1962 . En 1956, elle fait une
donation à la Städtische Galerie im Lenbachhaus de Munich de nombreuses pièces de sa collection
exceptionnelle comprenant des oeuvres personnelles mais aussi des oeuvres de Kandinsky et d’autres
membres du « Blaue Reiter ». Sa maison, restaurée dans l’état où elle était entre 1909 et 1914, a été
transformée en musée.

 

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Port.: 06 08 06 46 45

 
Patrick Reynolds
 

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